Davantage de brevets ont été déposés en France en 2020 qu’en 2019 malgré la crise sanitaire

Publié le 19 mars 2021
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Les chiffres de l’Office Européen des Brevets (OEB) ont été dévoilés mardi : malgré la pandémie et la crise économique, la France enregistre davantage de brevets déposés en 2020 qu’en 2019. Le signe d’un rebond de notre industrie et des capacités d’innovation de notre pays ?

Le baromètre révèle que les demandes de brevets en France ont augmenté de 3,1% par rapport à l’an passé, c’est la première croissance depuis 2017. La France se classe ainsi deuxième à l’échelle européenne, avec 10 554 demandes de brevets, derrière l’Allemagne qui enregistre 25 954 demandes (-3% depuis 2019). Sans surprise, deux tiers des demandes françaises se concentrent en Ile de France, qui est d’ailleurs la deuxième région la plus dynamique d’Europe après la Bavière. A l’échelle mondiale, les dépôts de brevets connaissent une légère baisse (-0,7%) cette année. Les Etats-Unis (44 000 demandes, -4,1%) demeurent loin devant la Chine (13.400 dépôts, +9,9%) et la Corée du Sud (9.100 brevets, +9,2 %). En Europe, seuls les chiffres de la Finlande, de l’Italie et de la France sont en progression en 2020. “Cela s’explique par deux facteurs : la hausse des brevets dans le domaine de la santé et un maintien, que l’on ne retrouve pas ailleurs, sur l’innovation dans les transports, que ce soit sur l’automobile ou dans l’aviation, et ce malgré la crise”, expose Yann Manière chef-économiste de l’OEB.

Les domaines les plus porteurs cette année sont les produits pharmaceutiques (+21,8 %), les technologies médicales (+17,5 %) et les transports (+4,6%). Dans cette dernière catégorie, qui est en baisse partout ailleurs, on peut prendre l’exemple français des constructeurs engagés Renault et PSA qui ont choisi l’électrification de leurs gammes. “Au niveau européen, la France occupe d’ailleurs à chaque fois le top 3 des pays les plus innovants, que ce soit pour les technologies médicales (3e), les produits pharmaceutiques (2e) ou encore les biotechnologies (3e)”. 

Résilience face à la crise

L’Office Européen des Brevets (OEB) nuance les bons résultats par des éléments d’analyse supplémentaires. En effet, en 2020, la majorité des dossiers déposés sont des demandes d’extensions internationales de brevets déjà déposés à l’échelle nationale en 2019. De plus, l’innovation semble être principalement portée par des grands groupes dont les stratégies de recherche et d’innovation sont moins dépendantes des crises. 

« En Allemagne, il y a beaucoup de déposants ‘moyens’, des entreprises du Mittelstand qui sont très actives dans l’innovation. En France, il y a moins de PME et d’ETI, et l’économie est bien plus orientée vers les services que vers l’industrie, qui est typiquement pourvoyeuse de brevets », pointe Yann Ménière. « Le système est assez peu sensible aux crises parce qu’il est orienté vers le long terme : les demandes de brevets sont tirées par des considérations stratégiques à cinq ou dix ans, pas en fonction de l’état actuel du marché. Mais si la crise s’aggrave et affecte le budget des entreprises, cela pourrait nuire à leur capacité à investir dans l’avenir.” conclut Yann Ménière.