La COP27 ou le climat au défi du clivage Nord/Sud

Publié le 25 janvier 2023
Jean-Paul Maréchal, Choiseul Magazine

La COP27 qui s’est tenue à Charm el-Cheikh du 6 au 18 novembre 2022 s’est conclue – dans une tension dramaturgique désormais habituelle lors de ce type de rencontres – par l’adoption d’un texte de 62 articles intitulé le « Sharm el-Sheikh Implementation Plan ». Trois décisions méritent une attention particulière. Tout d’abord, la réitération du maintien de l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C d’augmentation des températures terrestres par rapport à leur niveau préindustriel. Ensuite, l’accord sur la mise en place d’un fonds destiné à compenser les « pertes et dommages » subis par les pays pauvres en raison du changement climatique. Enfin, la reprise du dialogue sino-américain sur la lutte contre le changement climatique.

L’objet de cette note est d’analyser ces résultats dans une double perspective. Dans celle d’un clivage Nord/Sud institutionnellement acté dès la fondation du régime climatique international en 1992 avec la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), clivage incontestablement pertinent s’agissant de nombreux pays mais instrumentalisé par certains grands émergents. Mais également dans celle de la question du leadership au sein d’un régime international non contraignant dont l’avancée pourra peut-être résulter, dans une certaine mesure, d’un mélange entre rivalité et coopération. Certains blocages seront également abordés.

1. De Glasgow à Charm el-Cheikh

Lors de son discours d’ouverture de la COP27 le 7 novembre, Antonio Guterres (secrétaire général des Nations unies) pose clairement les enjeux : « L’humanité a un choix : coopérer ou périr. C’est soit un pacte de solidarité climatique, soit un pacte de suicide collectif » (1). Il est vrai que l’année 2022 n’a pas vu les grands émergents aller au-delà des annonces faites lors de la COP26 de Glasgow.

Comme le soulignait un diplomate occidental en janvier 2022, soit deux mois à peine après la COP26 : « Le G7, notamment l’UE, le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Japon, a déjà significativement rehaussé son ambition l’an dernier. On n’a pas vu le même type d’efforts de la part des autres pays du G20, comme le Brésil, la Russie ou l’Indonésie, à l’exception de l’Afrique du Sud. On attend qu’ils aillent plus loin et que la Chine accélère »(2).

La grande nouveauté de l’année 2022 est venue des États-Unis avec l’adoption, en août, de l’« Inflation Reduction Act » (IRA). Il s’agit d’une version très édulcorée d’un plan initial baptisé « Build Back Better » (BBB) qui prévoyait de mobiliser 3,5 trillion de dollars dans les domaines du climat, de l’énergie, de la santé et des programmes sociaux. Bloqué par les Républicains et deux sénateurs démocrates, ce plan a resurgi fin juillet dans une version très allégée qui ne concernait (pratiquement) plus que la santé et le climat. S’agissant de la santé, l’IRA permet à Medicare (l’assurance maladie publique pour les Américains de plus de 65 ans) de pouvoir négocier pour la première fois de son histoire le prix des médicaments (en fait seulement dix médicaments, pour commencer, à partir de 2026). Quant au climat, l’IRA prévoit d’octroyer 369 milliards de dollars de subventions, de crédits d’impôts, d’accords et de garanties de prêts… sur dix ans aux ménages et aux entreprises afin d’inciter à l’achat de voitures électriques et à effectuer des investissements dans les technologies « vertes » telles que l’hydrogène, la captation et le stockage du carbone… Selon certaines estimations, l’IRA devrait permettre aux États-Unis de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 33 à 44% d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2005 contre 35% dans un scénario « business as usual ». Pourcentage très significatif mais encore en dessous de la promesse du président Biden d’une réduction de 50%. L’IRA devrait accroître les dépenses dans le domaine des renouvelables de 300 milliards de dollars à l’échéance de 2035 par rapport au niveau actuel pour atteindre 1,2 trillion. Certes, ce plan n’instaure pas un marché du carbone ou un plafonnement des émissions, pas plus qu’il n’a un rapport étroit avec la lutte contre l’inflation! Mais il a l’immense avantage d’exister – c’est le plan le plus ambitieux sur le climat de l’histoire américaine – et il donne dix ans de visibilité fiscale dans un domaine qui jusqu’à présent a été caractérisé par une forte instabilité (3).

La Chine, de son côté, se garde bien de rehausser ses ambitions climatiques. Dans son discours annuel devant le Congrès national du peuple prononcé le 5 mars, le Premier ministre, Li Keqiang n’a rien annoncé concernant l’amélioration de l’intensité énergétique de l’économie chinoise. Le pouvoir souhaite sans doute éviter que ne se renouvellent les pénuries d’électricité qui se sont produites en 2021. Cependant, il n’est pas inutile de rappeler que lors de l’adoption de l’accord de Paris, Pékin s’était engagé sur une diminution de l’intensité carbone de son économie et sur un plafonnement à terme de ses émissions de CO2. Mais de nouvelles centrales à charbon sont sorties de terre. La Chine ne renonce pas au développement des énergies bas carbone mais refuse de démanteler les sites polluants avant que de nouveaux, plus propres, soient devenus opérationnels. Cette stratégie est résumée par la formule : « établir le nouveau avant d’abolir l’ancien »(4). Cette approche de l’engagement chinois dans la lutte contre le changement climatique a été reprise et confirmée par Xi Jinping, le 16 octobre, lors de son discours de clôture du 20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) (5) dans le point X : « Poursuivre le développement vert et promouvoir l’harmonie entre l’humanité et la nature ». Ce point comporte quatre paragraphes respectivement intitulés : « Accélérer la transition vers un modèle de développement vert », « Intensifier la prévention et le contrôle de la pollution », « Renforcer la diversité, la stabilité et la soutenabilité dans nos écosystèmes » et « Œuvrer activement et prudemment en vue d’atteindre le pic d’émissions de carbone et la neutralité carbone ». Dans ce dernier paragraphe, le président de la République populaire de Chine et Secrétaire général du PCC déclare : « Nous allons promouvoir une utilisation de l’énergie propre, bas carbone et hautement efficace et encourager la transition propre et bas carbone dans l’industrie, la construction, le transport et d’autres secteurs. Nous allons complètement avancer la révolution énergétique. Le charbon sera utilisé d’une façon plus propre et efficace et des efforts plus importants seront réalisés dans l’exploration et le développement du pétrole et du gaz naturel et pour découvrir plus de réserves inexploitées et pour augmenter la production ». Rien d’étonnant, à la lecture de ces lignes, que Pékin n’ait pas relevé ses objectifs lors de la COP27.

Quant aux Européens, ils ont adopté le 29 juin un ensemble de textes destinés à permettre à l’UE de parvenir à réduire ses émissions de GES de 55% d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990 (6). Ces textes font suite aux propositions de la Commission européenne du 14 juillet 2021 destinées à réaliser les objectifs du « pacte vert » européen qui regroupe un ensemble de mesures nommé « Fit for 55 » (7) . Ils portent sur les économies d’énergie que les différents secteurs doivent effectuer dans chaque pays, la fin du moteur thermique dans l’automobile, la réforme du marché du carbone…

Les décisions et prises de position que nous venons de rappeler ne peuvent être pleinement analysées et comprises sans prendre en considération l’instabilité internationale engendrée par l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février. En raison de la dépendance européenne aux combustibles russes, cette guerre pose un dilemme particulier aux gouvernements du Vieux Continent : garantir à court terme l’approvisionnement énergétique de leurs économies et poursuivre, voire accroître, leurs efforts pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. Ces deux objectifs convergent certes à long terme mais divergent en courte période. En effet, les contraintes immédiates pourraient se traduire par de nouveaux investissements dans les énergies fossiles (le conflit rendant rentable l’exploitation de nouveaux gisements) ou dans des infrastructures destinées à faciliter les approvisionnements en gaz naturel liquéfié. Or, compte tenu de leurs montants, de tels investissements ont vocation à être utilisés sur des périodes d’une durée incompatible avec les objectifs de neutralité carbone en 2050. Leur rentabilisation pouvant s’avérer impossible, la puissance publique pourrait devoir être sollicitée afin de compenser financièrement leur déclassement une fois la situation de tension passée (8).

C’est ce que semble ignorer Jennifer Morgan (9), la secrétaire d’État allemande chargée du climat qui explique que la réactivation de centrales à charbon en Allemagne, la construction de terminaux flottants d’importation de GNL ne sont que des décisions de court et de moyen terme. Maniant à la perfection la langue de bois, elle explique que « le fait que nous ayons davantage recours au charbon dans les prochains mois nous rend, en réalité, encore plus volontaristes pour la suite ». Elle ajoute que les événements récents ne changent rien à la position de l’Allemagne sur le nucléaire. « En Allemagne, assène-t-elle, nous considérons que le nucléaire appartient au passé. » On a envie d’ajouter qu’à Berlin on considérait il n’y a pas si longtemps que la puissance économique allemande pouvait assez largement se fonder sur le gaz russe et les exportations en Chine (pays auquel le chancelier Scholz a d’ailleurs cédé, contre l’avis de ses services de renseignement (10), 25% d’un terminal du port de Hambourg). Le 29 novembre, on apprenait que le Qatar avait signé un accord permettant d’approvisionner l’Allemagne en GNL pendant 15 ans à partir de 2026 (11) . Une question s’impose donc : quand commence « la suite » pour Jennifer Morgan?

C’est dans ce contexte, pour le moins chaotique, que s’est déroulée la COP27. Les tractations auxquelles elle a donné lieu illustrent les modalités souvent conflictuelles du recours au principe des « responsabilités communes mais différenciées » qui constitue l’un des fondements du régime climatique international depuis son origine.

En effet, dès la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (1992) dont l’objectif était de « stabiliser […] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » (art. 2), les Parties adoptèrent le principe d’action dit « des responsabilités communes mais différenciées ». L’article 3 alinéa 1 précise en effet qu’« il incombe aux Parties de préserver le système climatique dans l’intérêt des générations présentes et futures, sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives. Il appartient, en conséquence, aux pays développés parties d’être à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques et leurs effets néfastes ». C’est en fait l’Inde qui réussit à faire adopter l’ajout de l’expression « mais différenciés » dans le texte de l’article 3, introduisant par là même l’idée que certains pays avaient une responsabilité élevée dans la lutte contre le changement climatique et les autres une responsabilité faible (12) . Ce principe s’est incarné dans une annexe, l’Annexe 1, qui regroupe une quarantaine de pays anciennement industrialisés (13). Ce principe et cette liste furent repris dans le protocole de Kyoto qui appelait les pays de l’Annexe 1 à réduire d’au moins 5 % leurs émissions de GES entre 1990 et 2012.

Dès le début, le contenu de l’Annexe 1 fut l’objet d’une vive contestation de la part des États-Unis. Washington refusa en effet de ratifier le protocole de Kyoto au motif que les États-Unis étaient classés dans l’Annexe 1 alors que la Chine n’y était pas. Cela signifiait concrètement que si les États-Unis avaient ratifié le protocole de Kyoto ils auraient été tenus de réduire leurs émissions de GES de 7% entre leur niveau de 1990 et 2012 tandis que la Chine était, en raison de son statut de pays non-Annexe 1, non seulement dispensée de tout effort en matière de réduction de GES mais encore bénéficiaire du MDP (mécanisme de développement propre) (14). De fait, entre 2004 et 2019, sur les 7 805 projets d’activités enregistrés dans le cadre du MDP, 50% sont réalisés en Chine, l’Inde n’en totalisant qu’un peu plus de 20% (15). Et c’est ainsi que de 2005 à 2015 (c’est-à-dire entre l’entrée en vigueur du protocole Kyoto et l’adoption de l’accord de Paris) l’évolution du régime climatique fut entravée par les deux premiers émetteurs de GES de la planète : les États-Unis n’ayant pas ratifié le protocole de Kyoto car se trouvant dans l’Annexe 1 et la Chine l’ayant ratifié précisément parce qu’elle était non-Annexe 1 (16)!

Ce blocage – chacune des deux capitales donnant de bons arguments à l’autre pour refuser toute avancée – fut (apparemment et en partie) surmonté lors de la préparation de l’accord de Paris avec l’instauration du système des CDN (contributions déterminées au niveau national) c’est-à-dire de documents par lesquels chaque pays annonçait le type d’engagement qu’il était prêt à prendre dans la lutte contre le changement climatique (17).

Cependant, l’idée selon laquelle certains pays devraient faire plus d’efforts que d’autres est revenue sur le devant de la scène lors de la COP27 de Charm el-Cheikh.

2. Sauver « le 1,5°C »

Ce fut le cas s’agissant de la réitération de l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C d’élévation des températures par rapport à leur niveau préindustriel. L’une des avancées de l’accord de Paris (2015) avait été d’appeler à la mise en œuvre d’actions destinées à maintenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et à « poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels » (article 2, alinéa 1).

Certes, le chiffre de 2°C n’était pas nouveau. Il apparaît pour la première fois en 1972 dans un ouvrage de Barbara Ward et Jules Dubos intitulé Nous n’avons qu’une terre, rédigé en vue de la Conférence de Stockholm et qui va contribuer à populariser la notion de « sensibilité climatique » c’est-à-dire la réaction du système climatique à une émission de dioxyde de carbone d’origine humaine. On va ensuite retrouver ce chiffre notamment dans le deuxième rapport du GIEC (1995), dans une décision du Conseil de l’Union européenne (juin 1996) et dans l’accord de Copenhague (COP15 en décembre 2009). L’article 1er de ce dernier indique en effet : « nous entendons, compte tenu de l’opinion scientifique selon laquelle la hausse de la température mondiale devrait être limitée à 2°C, renforcer notre action concertée à long terme visant à combattre les changements climatiques » (18). Mais c’est avec l’accord de Paris que ce chiffre est, pour la première fois, intégré dans un texte juridique d’une telle portée.

L’accord de Paris va même plus loin puisqu’il ajoute, en plus de l’objectif des 2°C à ne pas dépasser, un objectif plus ambitieux : celui de rester en dessous de 1,5°C. Or, la COP 27 a été le théâtre d’un débat entre des pays souhaitant que l’objectif de 1,5°C soit explicitement rappelé tandis que d’autres militaient pour son abandon et étaient favorables à une sorte de « repli » sur le chiffre de 2°C. Parmi ces derniers se trouvaient notamment la Chine, l’Inde et l’Arabie saoudite.

La Chine – qui n’a pas relevé ses ambitions à l’occasion de la COP27 – est en fait confrontée à deux objectifs contradictoires. D’une part, respecter ses engagements climatiques (diminution de son intensité carbone de plus de 65% entre 2005 et 2030, plafonner ses émissions de CO2 avant 2030…) et d’autre part assurer sa sécurité énergétique. C’est ce qui explique que la Chine est le premier pays au monde pour l’utilisation de panneaux photovoltaïques, d’éoliennes et de voitures électriques… et le champion du monde de la construction de centrales à charbon! Afin d’éviter que ne se reproduisent les coupures d’électricité de l’été 2021, Pékin n’a d’autres solution que d’accroître son recours au charbon. C’est ainsi que le 24 août 2022, l’administration nationale de l’énergie chinoise a reconnu que sa « principale mission » était d’« assurer la fourniture de charbon » en autorisant l’ouverture de nouvelles mines et en garantissant la stabilité des importations. Les chiffres se passent de commentaires : sur les sept premiers mois de 2022, la production chinoise de charbon dépasse de 11,5% celle réalisée sur la même période un an plus tôt. Quant aux importations, elles ont augmenté de 24% entre juin et juillet. Lors du premier trimestre 2022, la construction de centrales au charbon capables de produire 8 634 mégawatts a été autorisée contre 8 648 pour toute l’année 2021. On comprend la prudence de Xi Jinping qui a déclaré en mars 2022 : « Il faut poursuivre activement mais prudemment le travail concernant l’atteinte du pic d’émission de carbone […] tout en tenant compte du fait que la Chine est riche en charbon, pauvre en pétrole et dénuée de gaz naturel » (19). Une position reprise sans changement dans son discours de clôture du 20e Congrès comme nous l’avons vu plus haut. Une position qui explique la signature le 21 novembre 2022 entre Pékin et Doha d’un contrat d’approvisionnement de GNL de 4 millions de tonnes de GNL par an sur 27 ans (20). Et qui éclaire aussi la visite de Xi Jinping à Riyad début décembre 2022.

La position et la situation de l’Inde sont différentes. New Delhi a relevé ses ambitions, a présenté son plan pour parvenir à la neutralité carbone en 2070. Pour autant, les autorités indiennes sont sans doute conscientes que le retard de l’Inde en matière industrielle ne pourra pas être comblé sans recourir à plus de charbon. De fait, le secteur secondaire représentait, en 2019, 29% du PIB indien contre 39% du PIB chinois. Il faut ajouter que les évolutions des deux pays sont, sur ce sujet, fortement contrastées. En 2008, cette part était déjà de 29% en Inde et de 49% en Chine, ce qui signifie que la Chine a dépassé son pic d’industrialisation, ce qui n’est pas, à l’évidence, le cas de l’Inde (21). On se souvient que l’an dernier, la délégation indienne avait, le dernier samedi de la COP26, mit son veto à une formulation qui aurait fait état d’une sortie du charbon, préférant que soit utilisé le terme de réduction. C’est la raison pour laquelle l’article 20 du pacte de Glasgow appelle à une réduction progressive (phasedown) et non à une élimination progressive (phaseout) du charbon. A cette occasion, Bhupebder Yadav, le ministre de l’Environnement indien, avait déclaré : « Les pays en développement ont droit à une utilisation responsable des combustibles fossiles ».

Naturellement, les États insulaires se sont opposés à l’abandon de l’objectif de 1,5°C. Ils ont été, sans surprise, soutenus par l’Union européenne, la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher avertissant : « L’UE et la France n’accepteront pas d’avoir un recul sur les accords de Paris et de Glasgow » (22). Mission accomplie : l’article 4 du « Sharm el-Sheikh Implementation Plan » « réitère que les impacts du changement climatique seront bien moindres avec une augmentation de la température de 1,5°C qu’avec une de 2°C et décide de poursuivre les effets pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C ».

En fait, l’idée d’abandonner l’objectif de 1,5°C est soutenue par des acteurs aux intentions parfois radicalement opposées. A une extrémité se trouvent, comme nous venons de le voir, des pays fortement consommateurs de charbon et exportateurs d’énergies fossiles tandis qu’à l’autre campent des scientifiques qui estiment qu’un tel objectif étant devenu inatteignable il est devenu impératif de dire la vérité au grand public. C’est notamment la position d’un groupe de mille scientifiques d’une cinquantaine de pays appartenant à un groupe de désobéissance civile nommé « Scientist rebelion » qui ont publié le 27 octobre une lettre ouverte intitulée « Continuer d’affirmer publiquement qu’il est toujours possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C n’est plus acceptable ». Entre les deux, The Economist, estime que « beaucoup d’activistes sont réticents à admettre que l’objectif de 1,5°C est une cause perdue. Mais en ne le reconnaissant pas on prolonge l’erreur faite à Paris où les gouvernements du monde entier ont adopté un objectif herculéen sans aucun plan plausible pour l’atteindre. Les délégués réunis en Égypte doivent être châtiés par l’échec et pas endormis par de faux espoirs » (23).

La planète est aujourd’hui sur une trajectoire d’augmentation des températures de 2,5°C d’ici la fin du siècle. Quel serait l’effet de l’abandon de l’objectif le plus contraignant de l’accord de Paris ? Un sursaut ou une résignation ? Un regain de volonté ou un glissement vers l’activisme climatique ? Il est impossible de répondre ici à ces questions. La réponse adoptée à Charm el-Cheikh est, comme le résume Laurence Tubiana, que « si on lâche là, on va faire moins. C’est un signal politique » (24). C’est ce que pense également François Gemennes : « C’est un objectif d’ambition politique, comparable à des politiques visant 0 mort sur les routes ». Par ailleurs, selon Jean Jouzel, même si l’on est convaincu que ce chiffre sera dépassé d’ici la fin du siècle, il faut néanmoins le garder comme objectif afin, ensuite, de tenter de repasser en dessous le plus vite possible (25).

Ce débat sur le niveau maximum d’élévation des températures à retenir a mis en évidence la difficulté à dépasser le clivage acté en 1992 entre pays Annexe 1 et pays non-Annexe 1. La Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (1992) et le protocole de Kyoto (1997) n’ont prévu aucun mécanisme pour faire passer un pays non-Annexe 1 dans l’Annexe 1. Il est vrai qu’un tel dispositif aurait peut-être dissuadé certains pays de signer. Mais il s’agit néanmoins d’un véritable point de blocage tant certains pays non-Annexe 1 – en particulier la Chine – s’accrochent à une typologie veille de trois décennies. Il faut en effet rappeler qu’entre 1992 et 2021 le PIB chinois est passé de 1 280 milliards à 15 800 milliards (soit une multiplication par 12), son PIB par habitant de 1 100,6 à 11 188,3 (soit une multiplication par 10) et son IDH de 0,644 à 0,768 (26); ce dernier chiffre plaçant la Chine dans la catégorie des pays à « développement humain élevé » (IDH compris entre 0,700 et 0,799).

On ne peut que saluer le franc parler de Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne chargé du Pacte vert qui, dans un entretien accordé au Monde le 26 novembre 2022, met les points sur les i. « Tout ce qu’on a fait jusqu’à présent, déclare-t-il, était basé sur le monde de 1992. Il y a une série d’États qui, à l’époque, étaient en développement. Aujourd’hui ils ne le sont plus, mais ils continuent de se cacher derrière la situation de l’époque pour dire : “ On doit recevoir de l’argent, on n’a pas de responsabilité, elle doit être endossée par les États qui ne sont pas dans notre catégorie.” » Une telle prise de position vise bien évidemment la Chine. Et là, Frans Timmermans enfonce le clou : « La Chine fait partie des États qui ont une très grande responsabilité en matière d’émissions, comme nous. Mais nous, on est à 8%, et eux à 30%. Donc, même si l’UE atteint la neutralité carbone en 2050, si Pékin ne réduit pas drastiquement ses émissions, le combat pour le climat est perdu. Et même en tenant compte des émissions historiques, la Chine est le deuxième plus gros émetteur derrière les États-Unis » (27). En effet, entre 1850 et 2021, les États-Unis ont émis 509,1 milliards de tonnes de CO2, la Chine 284,4 et, à titre de comparaison, la Russie 172,5, l’Allemagne 88,5, le Royaume-Uni 74,9 et la France 35,5 (28). C’est ce que disait il y a déjà dix ans Monique Barbut, ancienne présidente du Fonds pour l’environnement mondial, dans un entretien au journal Le Monde où, recommandant « une taxe climatique aux frontières, un protectionnisme environnemental », elle expliquait que la négociation climatique ne pourra « reprendre que si les Européens décident d’adopter des positions volontaristes. Mais pas volontaristes vis-à-vis de l’Europe, parce que les Européens ont assez donné – ils sont les seuls à avoir pris de vrais engagements et à s’y tenir – mais vis-à-vis des autres. (29)» Entretemps il y a eu le « Fit for 55 » et le rehaussement de l’objectif de réduction européen de 55 à 57%.

Le même type de problème se retrouve avec la deuxième avancée de la COP27 : la création d’un fonds pour pertes et dommages.

3. Créer un fonds de compensation pour les pertes et dommages

L’idée de créer un fonds destiné à compenser les « pertes et dommages » engendrés par le changement climatique dans les pays pauvres remonte à une trentaine d’années. C’est en effet en 1991 que le Vanuatu demanda la mise en place d’un mécanisme de type assurantiel destiné à compenser les conséquences de l’élévation du niveau de la mer (30).

Une telle demande repose sur le constat que les nations pauvres sont les principales victimes des modifications du climat en même temps que celles qui ont le moins contribué aux émissions de GES depuis la révolution industrielle. De 1800 à 2019, l’Afrique a émis 41 milliards de tonnes de CO2 contre 470 pour l’Amérique du Nord, 507 pour l’Asie et 525 pour l’Europe (31). Selon Oxfam, chaque année 189 millions de personnes sont touchées par des événements météorologiques extrêmes dans les pays en développement (32). Quant aux petits États insulaires, c’est leur survie même qui est en jeu (33).

Les pays industrialisés s’étaient refusés à accéder à une telle demande depuis l’origine. Mais, coup de théâtre le jeudi 17 novembre : l’UE accepte le principe d’un tel fonds et est rejointe assez rapidement par les États-Unis. Le document intitulé « Funding arrangements for responding to loss and damage associated with the adverse effect of climate change, including a focus on adressing loss and damage » reconnait dans son premier article l’existence d’un besoin urgent de ressources financières « pour assister les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux conséquences négatives du changement climatique ». Il est donc décidé (article 2) de mettre en place un fonds pour apporter une réponse aux pertes et dommages. Un « Comité de transition » est chargé de parvenir à rendre opérationnel ce fonds pour la COP28 qui doit se tenir à la fin de 2023 à Dubaï. L’annexe du document actant la création de ce fond précise que ce comité devra comporter vingt-quatre membres : dix venant de pays développés et quatorze de pays en développement (avec une clé de répartitions entre zones géographiques : Afrique, Asie-Pacifique…). A l’heure où ces lignes sont écrites un certain nombre de questions sont loin d’avoir été réglées.

La première est bien sûr de savoir comment définir la « vulnérabilité » d’un pays. Comment établir la liste des pays « particulièrement vulnérables »? Aurore Mathieu, responsable politiques internationales au sein du Réseau Action Climat, estime que, « partant d’un principe d’équité, tous les pays qui ne sont pas responsables du réchauffement climatique auraient droit à ces fonds » (34). Une autre idée serait de réserver l’aide aux petites îles en développement et aux pays les moins avancés (PMA). La liste des PMA est établie par l’ONU. Elle repose sur trois types de critères : le revenu par habitant (moins de 1 018 dollars), le capital humain (santé, éducation) et la « vulnérabilité économique et environnementale » (chocs naturels, chocs commerciaux, petite dimension économique, éloignement économique…). En 2021, la liste des PMA comportait 46 pays (33 en Afrique, 9 en Asie, 1 dans les Caraïbes et 3 dans le Pacifique) (35).

La deuxième question porte, non plus sur la liste des pays récipiendaires, mais sur celle des pays contributeurs. Si les pays de l’Annexe 1 sont naturellement concernés, il convient de se demander si l’ensemble des pays non inclus de cette liste sont, par principe, exclus de tout effort financier en direction des pays les plus vulnérables. En fait, la décision qui instaure le fonds de compensation pour les pertes et dommages reste muet sur cette question. Ou plutôt précise (article 2) que « des ressources nouvelles et additionnelles » devront être mobilisées. Un peu plus loin (article 6 (d)), il est question de besoin d’une « grande variété de sources » de financement. Ces formulations visent à pouvoir solliciter les grands émergents qui refusent, pour le moment, de participer à ce mécanisme. C’est notamment le cas de la Chine qui veut continuer à « aider » les pays en développement (notamment le long des Nouvelles routes de la soie) selon ses propres critères. Pour Pékin, ce n’est pas le moment de « réécrire » (36) la CCNUCC. Contrairement à une idée véhiculée par la diplomatie chinoise, l’aide publique au développement octroyée par Pékin est extrêmement faible. Elle ne représente que 0,04% du revenu national brut du pays (entre 2015 et 2019) (37), chiffre à comparer à ceux de pays comme le Japon (0,31%), l’Allemagne (0,71%), les États-Unis (0,17%) ou la France (0,53%). En d’autres termes, l’effort consenti par la Chine en direction des pays pauvres est proportionnellement douze fois moindre que celui de la France. Les pays qui pourraient être sollicités craignent un recul sur le principe des « responsabilités communes mais différenciées » et surtout un élargissement de l’Annexe 1 qui ne pourrait que leur être défavorable. Certaines pistes de « financements innovants » ont été proposées. L’UE a évoqué une taxe sur les énergies fossiles, sur les secteurs aérien et maritime ou sur les transactions financières (38).

La troisième question concerne les montants à mobiliser et la clé de leur répartition. Pour l’heure, rien n’est (vraiment) précisé. A l’issue de la COP27 une quarantaine de pays se sont engagés à mobiliser 350 millions de dollars. Un montant bien faible si on le compare à l’ampleur des besoins qui se chiffrent en centaines de milliards (entre 290 et 580 par an jusqu’à 2030 selon Oxfam et jusqu’à 1 700 milliards en 2050) (39). L’article 30 du « Sharm el-Sheikh Implementation Plan » évalue à 4 000 milliards de dollars les sommes à investir dans les énergies renouvelables pour parvenir à zéro émission nette en 2050. A titre de comparaison, on rappellera, qu’exprimés en dollars constants de 2008, le sauvetage des banques en 2008 a coûté aux contribuables américains 700 milliards (comme la guerre du Vietnam) et les guerres d’Irak et d’Afghanistan la somme de 2 400 milliards (40).

Quant au mode de répartition pays par pays, il est encore dans les limbes. Il sera en outre nécessaire de prévoir un mode de contrôle de ces flux financiers afin d’empêcher qu’ils ne soient détournés, alimentent ainsi la corruption et aggravent par là même le sous-développement. Le FMI et la Banque mondiale pourraient être sollicités pour mener à bien ce type de mission. De manière générale, ces deux institutions pourraient être mises à contribution afin de diriger les flux financiers dans un sens plus favorable à la lutte contre le changement climatique. C’est le sens de l’« Initiative de Bridgetown » portée par Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, qui appelle à une réforme des statuts du FMI et de la Banque mondiale. En juillet 2022, un rapport commandé par le G20 recommandait de changer les règles de gouvernance des banques multilatérales de développement (41). Il demandait notamment à celles-ci de moins tenir compte de l’avis des agences de notation dans les procédures d’octroi de crédits. Selon Avinash Persaud, conseiller de Mia Mottley, 1 000 milliards de dollars supplémentaires pourraient ainsi être prêtés. En octobre, Janet Yellen, secrétaire au Trésor et ancienne présidente de la Réserve fédérale, disait que la Banque mondiale devrait essayer d’« étirer » (to stretch) son bilan (42). C’est également la position de Larry Summers (ancien secrétaire au Trésor des États-Unis) qui réclame une refonte de la Banque mondiale estimant que celle-ci pourrait jouer un rôle déterminant dans le soutien aux « énormes investissements nécessaires à un développement mondial durable et sain » (43). Une autre proposition a également été formulée : la création d’un « Global Climate Mitigation Trust » auprès du FMI. Mia Mottley a suggéré d’émettre 500 milliards de droits de tirage spéciaux afin de financer, à un taux inférieur à celui du marché, des projets de réduction d’émissions de GES dans les pays pauvres (44). Emmanuel Macron soutient cette proposition ainsi que l’idée de suspendre le remboursement de la dette de ces derniers en cas de catastrophe climatique. Un sommet sur ces questions devrait être organisé à Paris en juin 2023.

4. Relancer le dialogue sino-américain

Troisième temps fort de cette COP27 : la reprise du dialogue sino-américain interrompu par Pékin en août 2022 en raison de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan. Le voyage de la présidente de la Chambre des représentants à Taipeh avait en effet provoqué une très vive réaction des autorités de Pékin, le ministre chinois des Affaires étrangères annonçant la suspension de toute coopération avec Washington dans des domaines tels que la lutte contre l’immigration illégale, le trafic de drogue, les enquêtes internationales et le changement climatique.

Or, aucun accord international sur le climat n’a la moindre chance de se révéler efficace si les deux premiers émetteurs de CO2 au monde, qui représentent à eux seuls la moitié des émissions mondiales, ne s’impliquent pas dans sa mise en œuvre.

Les positions chinoise et américaine ont évolué au cours des deux premières décennies de ce siècle. Pour Pékin on peut citer 2006 lorsque Hu Jintao appelle à l’édification d’une « société d’harmonie », à savoir un mode de développement qui prendrait en compte la question des inégalités sociales et des atteintes à l’environnement. Cette priorité, affichée avant le 17ème Congrès du PCC – qui se tiendra en 2007 et confirmera Hu Jintao pour un second mandat à la tête du pays –, sera finalement inscrite dans la constitution du Parti sous l’appellation de « développement scientifique ». Cette évolution sera renforcée en 2012 lorsque Xi Jinping accédera au pouvoir à l’issue du 18ème Congrès (45). S’agissant des États-Unis, c’est l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama en 2009 qui marquera un regain d’intérêt de la présidence pour les questions environnementales. Dans la foulée de son élection, il obtient du Congrès que 100 des 787 milliards de dollars de son plan de relance soient consacrés à des projets environnementaux (46). En janvier 2011, lors de son discours sur l’état de l’Union, il revint sur la course à l’espace qui avait débuté, un demi-siècle plus tôt, par le traumatisme de la mise sur orbite d’un satellite par les Soviétiques et s’était néanmoins achevée en 1969 par la victoire américaine dans la course à la Lune. Il déclare : « C’est le moment Spoutnik pour notre génération ». « Il y a deux ans, poursuit-il, j’ai dit que nous avions besoin d’atteindre un niveau de recherche et de développement que nous n’avions pas vu depuis les grandes heures de la course à l’espace. […] Nous allons investir dans la recherche biomédicale, la technologie de l’information, et tout spécialement dans la technologie de l’énergie propre, un investissement qui renforcera notre sécurité, protégera notre planète et créera d’innombrables emplois. » Ce sera, « le programme Apollo de notre époque ».

La volonté des deux capitales de s’engager conjointement sur la question climatique fut actée en novembre 2014 à Pékin, en marge du Sommet de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation), avec une déclaration conjointe de Xi Jinping et de Barack Obama. Le président chinois y indiquait notamment que la Chine avait l’intention de parvenir à son pic d’émissions de CO2 autour de 2030 et de faire tous les efforts possibles pour l’atteindre avant. Quant au président américain, il s’engageait à ce que les États-Unis aient, en 2025, réduit leurs émissions de 25 à 28 % par rapport à leur niveau de 2005 et fassent le maximum pour parvenir à 28 %. Ces engagements furent réitérés dans les CDN des deux pays, un an plus tard, lors de la COP21 de Paris (47).

Et puis il y eut Donald Trump et la sortie des États-Unis de l’accord de Paris le 1er juillet 2017, décision qui permit à la Chine de se présenter comme une grande puissance responsable sur le plan climatique.

L’élection de Joe Biden rebattit les cartes. Le premier jour de son mandat, le 20 janvier 2021, le nouveau président signa un décret annonçant le retour des États-Unis dans l’accord de Paris. A la mi-mars, John Kerry, l’envoyé spécial de la Maison Blanche pour le climat déclara que les États-Unis devaient être leaders dans la lutte contre le changement climatique et pour cela intensifier leurs efforts afin de donner l’exemple. S’agissant des relations avec la Chine il expliquait qu’il était indispensable de séparer le dossier climatique des autres sujets de tension, position que Pékin ne partageait pas (totalement). Cette différence d’appréciation n’empêcha pas les deux capitales de publier le 10 novembre 2021, lors de la COP26, une annonce conjointe intitulée « U.S.-China Joint Glasgow Declaration on Enhancing Climate Action in the 2020s ». Les deux pays s’y engageaient par exemple à coopérer dans les domaines des cadres réglementaires, des standards environnementaux, des technologies de captation du carbone… (48)

Depuis la COP26 les sujets de tension entre Pékin et Washington se sont multipliés, la visite de Nancy Pelosi citée plus haut aboutissant à une rupture de la coopération entre les deux pays, en particulier dans le domaine climatique. Pour autant, un accord sur une reprise du dialogue sur ce sujet fut acté entre Joe Biden et Xi Jinping le 14 novembre 2022 lors du G20 de Bali (15 et 16 novembre). Trop tard pour avoir le temps de rédiger une déclaration commune lors de la COP27. Un porte-parole du Département d’État a indiqué que des discussions étaient en cours afin d’organiser des rencontres bilatérales au cours des prochains mois. Il n’est pas certain néanmoins que tout le monde se soit bien compris. Le compte-rendu américain sur la rencontre entre Xi Jinping et Joe Biden affirme que les deux chefs d’État se sont mis d’accord pour « autoriser des hauts fonctionnaires » à coopérer sur le changement climatique. Du côté chinois, on dit qu’ils se sont mis d’accord pour « travailler conjointement » au succès de la COP27… (49)

Joe Biden pourrait en fait se retrouver pris entre deux feux. Sur le front intérieur, il pourrait lui être demandé d’obtenir des concessions de la part de la Chine dans la mesure où Washington s’est engagé à participer au financement du fonds pour les pertes et dommages. Symétriquement, sur le front extérieur, la Chine pourrait lui demander des concessions dans certains domaines comme la vente de technologies sensibles dont le pays a besoins dans de nombreuses technologies dites « vertes ».

Selon certains experts, une coopération accrue serait possible dans certains domaines comme la capture du méthane. C’est ce qui expliquerait que, trois jours après l’« accord » passé entre Joe Biden et Xi Jinping au G20 de Bali, John Kerry ait invité, lors de la COP27, son homologue Xie Zhenhua à une rencontre entre les États-Unis et l’UE consacré à la limitation des émissions de ce gaz.

Mais il existe également des éléments de rivalité qui pourraient se révéler favorables au climat. En effet tandis que la Chine recentre une partie des financements des Nouvelles routes de la soie sur des projets moins agressifs pour l’environnement, les États-Unis et le G7 ont lancé, en juin 2022, le « Partnership for Global Infrastructure and Investment » qui prévoit d’investir dans les pays pauvres 600 milliards de dollars dans des infrastructures « eco-friendly ». C’est dans ce cadre que le 15 novembre 2022, en marge du G20 de Bali, a été dévoilé un programme de 20 milliards de dollars pour aider l’Indonésie à se passer du charbon ou, plus précisément, pour permettre à son secteur électrique de parvenir à la neutralité carbone dix ans plus tôt que prévu, c’est-à-dire en 2050 au lieu de 2060 (50). L’Afrique du Sud a été, en 2021, le premier pays à bénéficier d’un programme de ce genre. C’est en effet lors de la COP26 que la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’UE ont annoncé mobiliser 8,5 milliards de dollars pour financer la transition énergétique sud-africaine. Le plan d’investissement, adopté le 20 octobre 2022, porte sur les infrastructures permettant la montée en puissance du secteur des énergies renouvelables, le développement de l’hydrogène vert, des véhicules électriques… (51) Des projets de ce types sont en discussion avec le Vietnam, le Sénégal, l’Inde.

Trois semaines après la clôture de la COP27, la Maison Blanche organisait, du 13 au 15 décembre, le sommet États-Unis – Afrique. Joe Biden y a affirmé que son pays allait soutenir « chaque aspect de la croissance inclusive de l’Afrique » en soulignant notamment le rôle des institutions et de la fourniture « d’une énergie fiable et abordable ». D’où un plan de 55 milliards de dollars sur trois ans (52).

5. Des blocages et des débats en perspective

Cette note serait incomplète si l’on ne mentionnait pas pour finir certains points d’achoppement de la COP27.

Malgré ses efforts, l’UE n’a pas réussi à faire inscrire dans la décision finale un pic des émissions mondiales de GES au plus tard en 2025. Il s’agit d’un regret partagé par Antonio Guterres qui a déclaré à l’issue de la conférence : « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu » (53).

Certes, la courbe des émissions mondiales de CO2 s’aplatit depuis une dizaine d’années mais elle est loin de décroître. Ainsi, alors qu’entre 2000 et 2010 sa croissance annuelle était de 3%, elle n’est plus, depuis cette date, que de 0,5%. Évolution encourageante mais toutefois incompatible avec l’objectif d’une neutralité carbone entre 2040 (pour 1,5°C de réchauffement) et 2080 (pour 2°C). Selon un rapport de l’ONU paru en octobre 2022, si les pays respectent leurs engagements, les émissions mondiales de GES augmenteront de 10,6% d’ici 2030. Il ne s’agit pas d’un recul car les évaluations de l’an dernier indiquaient une augmentation de 13,7%. Mais c’est une évolution loin d’être suffisante (54). La situation est d’autant plus préoccupante que de nombreux pays n’ont pas relevé leurs ambitions. Parmi les exceptions on citera le Mexique (35% et non plus 22% de réduction d’émissions d’ici 2030), l’Australie (-43% au lieu de -26% avec une neutralité carbone en 2050), la Turquie (-41% au lieu de -21% d’ici 2030) ou l’UE qui s’est déclarée prête à passer de -55% entre 1990 et 2030 à au moins -57% (55).

La même problématique se retrouve avec la sortie des énergies fossiles. L’article 17 de la déclaration finale se contente, de reprendre les termes de l’article 20 du Pacte de Glasgow, c’est-à-dire de « réduction progressive » (phasedown) de l’utilisation du charbon et une « élimination progressive » des subventions « inefficaces » aux énergies fossiles. Pas un mot sur le pétrole et sur le gaz.

Il est vrai que le sujet est complexe, notamment en ce qui concerne les pays pauvres. Si dans les pays riches l’objectif est de décarboner la production d’énergie, en Afrique sub-saharienne par exemple il est d’en produire beaucoup plus tant il s’agit d’une condition au développement. Certains chiffres se passent de commentaires. La consommation moyenne par personne en Afrique sub-saharienne (hors Afrique du Sud) est de 185kWh par an contre 6 500 en Europe et 12 700 aux États-Unis. Comme le souligne The Economist, un réfrigérateur américain consomme plus d’énergie en un an qu’un Africain moyen. En 2020, 48,4% de la population résidant en Afrique sub-saharienne n’a pas accès à l’électricité (soit environ 600 millions de personnes). L’Afrique abrite 18% de la population mondiale et ne reçoit que 5% des investissements dans le secteur énergétique, essentiellement dans l’exploitation du pétrole et du gaz en vue de leur exportation. Selon l’Agence internationale de l’énergie, si l’on veut généraliser l’accès à l’électricité en Afrique d’ici 2030 il faudra pratiquement doubler la capacité locale de production, autrement dit passer de 260GW à 510GW. Sur le papier, 80% de cet accroissement pourrait provenir d’énergies renouvelables. Mais pour cela il faudrait multiplier par six, entre 2026 et 2030, le montant des investissements effectués dans ces technologies entre 2016 et 2020. Sinon, les pays africains utiliseront les ressources fossiles présentes dans leurs sous-sols (56). C’est tout le sens de la remarque d’Ibrahim Mayaki, ancien Premier ministre du Niger de 1997 à 2000 : « La priorité du développement ne peut être contournée pour nos pays, et si les pays industrialisés ne veulent pas que nous exploitions nos énergies fossiles au nom de la protection du climat, il faut trouver une façon de compenser ce manque »(57).

On est loin du compte. Le refus de certains pays occidentaux de financer de nouveaux investissements dans les énergies fossiles à partir de la fin de 2022 joint à la taxe carbone que l’UE a adopté en décembre 2022 sur l’importation d’acier, de ciment, d’engrais, d’aluminium, d’hydrogène et d’électricité (58) constituent des décisions qui pourraient être perçues, si elles ne sont pas compensées, comme des mauvais coups portés aux perspectives de développement – d’industrialisation – en Afrique. Autre clivage avec les pays pauvres : la prise en compte des émissions du secteur agricole. Lors de la COP27, les pays industrialisés ont insisté dans le cadre d’un « dialogue » sur l’agriculture pour que les émissions du secteur agricole soient intégrées dans le processus de négociation. Refus des pays concernés. En effet, si la part de l’agriculture dans les émissions mondiales de GES est de 14% et celle du changement d’affectation des terres et de la foresterie de 17%, soit 31% en tout, ce pourcentage augmente de façon inversement proportionnelle à la richesse du pays. Ainsi, ces deux postes représentent respectivement 8% et 0% dans les pays à revenu élevé, 14% et 23% dans les pays à revenu intermédiaire et 20% et 50% dans les pays à faible revenu (dont la part des émissions dans le total mondial est résiduelle) (59).

***

Lors de cette COP27, l’UE a, comme d’habitude, assuré un leadership directionnel qui a permis de « sauver » l’objectif de 1,5°C et de créer le fonds pour pertes et dommages (60). La reprise du dialogue entre Pékin et Washington met en évidence que le dossier climatique peut être – dans une mesure qui reste à préciser… – déconnecté des sujets de tension qui opposent les deux capitales. La lutte contre le changement climatique apparaît au total comme un « jeu à motifs mixtes » au sens de Thomas Schelling. On y trouve des éléments de coopération : création d’un fonds pour compenser les pays pauvres, reprise du dialogue sino-américain. Mais également de rivalité : les deux premières puissances économiques mondiales voulant, chacune, dominer le secteur des technologies bas carbone à la fois pour éviter un emballement des températures terrestres mais également pour accroître leur influence au sein du Tiers monde. On devrait se souvenir de la déclaration du président Obama le 24 février 2009 devant les deux chambres du Congrès : « Nous savons que le pays qui parviendra à exploiter la puissance de l’énergie propre et renouvelable conduira le XXIe siècle. Et, pour le moment, c’est la Chine qui a lancé le plus grand effort de l’histoire afin de rendre son économie efficiente sur le plan énergétique. […] Je n’accepte pas un futur où les emplois et les industries de demain prendront racine hors de nos frontières. […] Il est temps pour l’Amérique de reprendre son leadership. […] Mais, afin de transformer véritablement notre économie, de protéger notre sécurité et de sauver notre planète des ravages causés par le changement climatique, nous avons besoin de faire de l’énergie propre et renouvelable le type d’énergie économiquement rentable ».

L’UE ne doit donc pas être un leader naïf. Elle doit prendre garde que la transition énergétique ne se fasse pas à ses dépens. En effet, si les Vingt-Sept parviennent à s’unir dans le cadre des COP il n’en va pas de même face aux protectionnisme américain et chinois. Le 13 décembre dernier, l’UE (la Commission, le Parlement et les États membres) s’est accordée sur la mise en œuvre d’une taxe carbone aux frontières baptisée Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Ce dispositif entrera en vigueur à partir de 2023. Il consistera à taxer les importations d’acier, de ciment, d’engrais, d’aluminium, d’hydrogène et d’électricité en provenance de pays tiers, moins regardants que le Vieux Continent en termes de politique climatique. L’idée de la taxe carbone est excellente (sans être particulièrement neuve). Il s’agit, dans le cas d’espèce, de dissuader les industriels européens de délocaliser leur production hors d’Europe (puis d’en « réimporter » une partie) et d’inciter les pays non européens à taxer le carbone au même niveau que l’Europe afin qu’à terme leurs produits ne soient plus soumis au MACF. En d’autres termes, il s’agit d’éviter aux industriels européens d’être concurrencés par des entreprises non européennes qui n’ont pas à acheter des crédits carbone. Mais il y a un problème de taille. La taxe ne porte que sur des produits bruts si bien qu’un constructeur automobile européen important de l’acier des États-Unis le paiera plus cher que son homologue américain qui, lui, pourra exporter ses voitures en Europe sans être assujetti au MACF puisque celui-ci ne porte pas sur les produits transformés. En revanche, la voiture électrique européenne ne bénéficiera d’aucune aide à l’achat aux États-Unis, car non fabriquée sur place, et sera taxée à 25% sur le marché chinois alors que les voitures chinoises ne sont taxées qu’à 10% en arrivant en Europe… (61) C’est la raison pour laquelle un économiste comme William Nordhaus insiste sur le fait que dans le cadre d’un tel mécanisme – qu’il appelle « club climat » – l’ensemble des importations en provenance des pays non membres soit taxé (62).

Comme si cela ne suffisait pas, le Parlement européen souhaite qu’avec la montée en puissance du MACF les quotas gratuits distribués aux industriels européens soient progressivement supprimés. « Il s’agit d’un point crucial : en traitant à égalité importations et production locale, Bruxelles estime rester dans les clous des règles de l’Organisation mondiale du commerce »(63). On voudrait que les industriels européens – qui payent l’énergie cinq fois plus cher que leurs homologues américain (64) – délocalisent aux États-Unis – qui vendent aux Européens du gaz quatre fois plus cher que ne le payent leurs industriels (65) – que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Une question s’impose : dans quelle autre partie du monde se préoccupe-t-on à ce point des intérêts de ses concurrents (66)?

Le climat terrestre ne sera pas « sauvé » par le suicide industriel d’une Europe qui ne représente qu’un dixième des émissions mondiales de dioxyde de carbone (67).


Notes

(1) Cité dans Laure Stephan, « L’enjeu de la justice climatique au cœur de la COP27 », Le Monde, 9 novembre 2022, p. 8.

(2) Cité dans Audrey Garric, « Les négociations climatiques peinent à redémarrer après la COP26 », Le Monde, 30-31 janvier 2022, p. 6.

(3) Voir « And now for my next act », The Economist, 13 août 2022, p. 31-32.

(4) « Shaking the money tree », The Economist, 12 mars 2022, p. 44-45.

(5) URL (version officielle en anglais).

(6) Voir Virginie Malingre, « Les Vingt-Sept s’accordent sur le plan climat », Le Monde, 30 juin 2022, p. 8.

(7) Voir Jean-Paul Maréchal, « Le “Pacte de Glasgow” : un exemple de coopération post hégémonique ? », Choiseul magazine, 16 mars 2022.

(8) Sur la relation entre transition écologique et destruction de capital, on lira Patrick Artus, « Comment la transition écologique va bouleverser l’économie », Les Échos, 4 novembre 2021.

(9) Jennifer Morgan (entretien), « Face au réchauffement, chaque État doit sortir de sa zone de confort », Le Monde, 22 octobre 2022, p. 10.

(10) Voir « Ties that blind », The Economist, 5 novembre 2022, p. 67.

(11) Voir https://www.lemonde.fr/energies/article/2022/11/29/le-qatar-va-approvisionner-l-allemagne-en-gaz-naturel-liquefie-pendant-quinze-ans_6152155_1653054.html

(12) Yann Fontana, « La Chine et l’Inde dans les négociations internationales sur le climat : une analyse comparée à partir de facteurs environnementaux, énergétiques et économiques », Thèse en sciences économiques, Université Grenoble Alpes, 2019, p. 29.

(13) Les pays de l’Annexe 1 sont les pays membres de l’OCDE en 1992 et les pays dits en transition (essentiellement les anciens pays du bloc soviétique).

(14) Par son article 12, le protocole de Kyoto instaure ce mécanisme par lequel un pays du Nord qui met en œuvre un projet de réduction ou d’évitement d’émissions de GES dans un pays du Sud est récompensé par l’octroi de crédits d’émissions qu’il peut utiliser pour atteindre ses propres objectifs d’émission. La Chine a massivement profité de ce mécanisme. Sur ce dernier point, voir Zhuangzhuang Wang, « Le paradoxe chinois : émergence du leadership du premier émetteur mondial de gaz à effet de serre au sein du régime des Nations Unies sur le changement climatique », thèse IEP de Paris, 2020, p. 82-86.

(15) Chiffres CCNUCC cités dans Zhuangzhuang Wang, « Le paradoxe chinois : émergence du leadership du premier émetteur mondial de gaz à effet de serre au sein du régime des Nations Unies sur le changement climatique », op. cit., p. 81-92.

(16) Voir Jean-Paul Maréchal, « La Chine et le climat. Mur de l’environnement et bras de fer sino-américain », in Pierre Alary et Elsa Lafaye de Micheaux (éd.), Capitalismes asiatiques et puissance chinoise, Paris, Presses de Sciences Po, 2015, p. 93-123.

(17) Voir Jean-Paul Maréchal, « Après Paris et Marrakech, quelles perspectives pour le régime climatique mondial ? », note n° 02/17, 18 janvier 2017, Fondation pour la Recherche Stratégique, 14 p.

(18) Voir Jean-Paul Maréchal, « L’accord de Paris : un tournant décisif dans la lutte contre le changement climatique ? », Géoéconomie, n°78, 2016, p. 116-119.

(19) Voir Frédéric Lemaître, « La Chine fait tourner ses centrales au maximum », Le Monde, 1er septembre 2022, p. 14.

(20) Voir Armelle Bohineust, « Gaz : contrat record entre Qatar et Chine », Le Figaro, 21 novembre , 2022. Lire aussi : « GNL : la Chine et le Qatar signent un contrat d’approvisionnement historique de 27 ans », La Tribune, 21 novembre 2022

(21) Sources: The Economist, Pocket World in Figures. 2011 Edition, Londres, Profile Books, 2010 et The Economist, Pocket World in Figures. 2022 Edition, Londres, Profile Books, 2021.

(22) Cité dans Aurore Coulaud, « COP27. Le sceau dans le vide », Libération, 21 novembre 2022, p. 2.

(23) « Goodbye 1.5°C », The Economist, 5 novembre 2022, p. 13.

(24) Aurore Coulaud, « COP27. Le sceau dans le vide », op.cit, p. 3.

(25) Voir Eric Aeschimann, « +1,5 degré ou l’illusion perdue », L’Obs, 15 décembre 2022, p. 53.

(26) Sources : Banque mondiale et PNUD. Les dollars sont des dollars constants de 2015.

(27) Frans Timmermans (entretien), « Climat : “L’objectif des 1,5°C est moribond” », Le Monde, 26 novembre 2022, p. 7.

(28) Source : Carbon Brief. Cité dans Mathilde Gardin et Guerric Poncet, « faits et solutions », Le Point, 21 octobre 2021, p. 44.

(29) Monique Barbut (entretien), « Il faut une taxe climat aux frontières de l’Europe », Le Monde, 23 août 2012, p. 6.

(30) Voir « Hot tempers », The Economist, 26 novembre 2022, p. 53.

(31) Source : Global Carbon Project. Cité dans Mathilde Gardin et Guerric Poncet, « faits et solutions », op. cit., p. 44

(32) Voir Aurore Coulaud, « COP27. Le sceau dans le vide », op. cit., p. 4.

(33) Le 9 décembre, à la demande du Vanuatu et de dix-sept autres pays, un projet de résolution a été déposé devant l’Assemblée générale des Nations unie qui demande à la Cour internationale de justice quelles sont les obligations des États dans la protection du climat. Voir Isabelle Dellerba et Audrey Garric, « Le Vanuatu porte le climat devant la justice internationale », Le Monde, 22 décembre 2022, p. 7.

(34) Aurore Mathieu, « La sortie des énergies fossiles “reste désespérément taboue” », Le Monde, 22 novembre 2022, p. 8.

(35) Voir https://unctad.org/fr/press-material/qui-sont-les-pays-les-moins-avances-2

(36) Cité par Audrey Garric, « La COP achoppe sur les pertes et dommages », Le Monde, 19 novembre 2022, p. 8.

(37) Voir Naohiro Kitano and Yumiko Miyabayashi, « Estimating China’s Foreign Aid: 2019-2020 Preliminary Figures », JICA Ogata Sadako Research Institute for Peace and Development, Tokyo, 14 décembre 2020, p. 12.

(38) Voir Audrey Garric, « COP27 : les contours flous du fonds “pertes et dommages” », Le Monde, 24 novembre 2022, p. 9.

(39) Voir Aurore Coulaud, « COP27. Le sceau dans le vide », op. cit., p. 4.

(40) Voir Mariana Mazzucato, Mission economy. A Moonshoot Guide to Changing Capitalism, Londres, Allen Lane, 2021, p. 92.

(41) Boosting MDBs’ investing capacity. (2022). An Independent Review of Multilateral Development Banks’ Capital Adequacy Frameworks.

(42) Voir « Hot tempers », The Economist, op.cit., p. 54.

(43) Larry Summers, « A New Chance for the World Bank », 10 octobre 2022, Project Syndicate.

(44) Voir « Hot tempers », The Economist, op.cit., p. 54.

(45) Voir Jean-Paul Maréchal, « La realpolitik climatique chinoise », Green, n°1, septembre 2021, p. 23-30.

(46) Voir Sophie Méritet, « Aujourd’hui, que peut-on attendre des États-Unis dans les discussions énergie-environnement ? », Économies et sociétés, Série « Économies de l’énergie », EN, n° 11, 10/2009, p. 1617.

(47) Voir Jean-Paul Maréchal, « What role for China in the international climate regime? », Asia Focus, n° 59, janvier 2018, Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), p. 10-12.

(48) Voir Jean-Paul Maréchal, « Le “Pacte de Glasgow” : un exemple de coopération post-hégémonique ? », Choiseul Magazine, 16 mars 2022 (18 p.).

(49) Voir « The road to co-operation », The Economist, 26 novembre 2022, p. 49-50.

(50) Voir « The road to co-operation », The Economist, op. cit et Audrey Garric, « 20 milliards pour la decarbonation de l’Indonésie », Le Monde, 17 novembre 2022, p. 7.

(51) Voir Mathilde Boussion, « L’Afrique du Sud, terrain d’expérimentation d’une “transition énergétique juste” », Le Monde, Supplément « COP27 », 5 novembre 2022, p. 13.

(52) Piotr Smolar, « Joe Biden promet des investissements en Afrique », Le Monde, 16 décembre 2022, p. 5.

(53) Cité dans Audrey Garric, « COP : un accord minimal, loin de l’urgence », Le Monde, 22 novembre 2022, p. 6.

(54) Voir FCCC/PA/CMA/2022/4, « Nationally determined contributions under the Paris Agreement Synthesis report by the secretariat », 26 octobre 2022, paragraphe 13 et United Nations, « Les plans climatiques restent insuffisants : Nécessité de plus d’ambition », 26 octobre 2022.

(55) Voir Aurore Coulaud, « COP27. Le sceau dans le vide », op. cit., p. 4.

(56) Voir « Powering Africa », The Economist, 5 novembre 2022, p. 33-35.

(57) Cité dans Laurence Caramel, « L’Afrique s’estime lésée par la conférence organisée sur son sol », Le Monde, 24 novembre 2022, p. 9.

(58) Audrey Garric, « La taxe carbone aux frontières de l’UE adoptée », Le Monde, 14 décembre 2022, p. 8.

(59) Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2010. Développement et changement climatique, Londres, Pearson, 2010.

(60) On ignore également trop souvent le rôle décisif qu’a joué l’UE dans l’élaboration de certains éléments de la transition écologique chinoise. Voir Olivia Gippner, Creating China’s Climate Change Policy, Cheltenham, Edward Elgar, 2020.

(61) URL

(62) Voir Jean-Paul Maréchal, « Après Paris et Marrakech, quelles perspectives pour le régime climatique mondial ? », op.cit, p. 10-14.

(63) Audrey Garric, « La taxe carbone aux frontières de l’UE adoptée », op. cit.

(64) Marie Charrel, « Industrie : Chine et Etats-Unis mènent le bal », Le Monde, 13 décembre 2022, p. 18.

(65) Virginie Malingre, « Energie : le dilemme des Européens reste entier », Le Monde, 13 décembre 2022, p. 20.

(66) On ne peut manquer d’évoquer la décision prise en 2019 par la Commission européenne de bloquer le projet de fusion Alstom-Siemens. Voir Lionel Steinmann, « La Commission européenne justifie son rejet de la fusion Alstom-Siemens », Les Échos, 7 février 2019.

(67) URL