Face au défi de la transition énergétique et écologique, les sociétés de transport maritime se tournent vers des solutions non polluantes. Parmi les innovations plébiscitées on trouve… la voile ! Un choix à la fois sensé et surprenant.
Réutiliser sous un angle différent les mêmes moyens, faire et défaire, tirer des enseignements du passé pour forger l’avenir… Toutes ces leçons de sagesse semblent particulièrement adaptées lorsqu’il est question de réutiliser une ancienne technologie vieille de milliers d’années comme la voile, et délaissée depuis 200 ans dans le secteur du transport maritime, au profit des puissants et fiables bateaux à moteur. Face aux impératifs écologiques, la propulsion vélique fait office de solution miracle, même si son utilisation sur des bâtiments de plusieurs centaines de milliers de tonnes présente un défi à la hauteur des plus grandes constructions navales de l’histoire.
Entre transition énergétique et défi technologique
Le transport maritime représente 3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Un chiffre qui pourrait être multiplié par 6 d’ici 2050 si rien n’est fait. Or, 2050 est également la date charnière à laquelle ont été fixés la réussite des objectifs de neutralité carbone dans de nombreux pays, dont la France. Une incompatibilité qui force la marine marchande et les grands armateurs à innover et proposer de nouvelles technologies permettant l’utilisation d’énergies propres, sous peine de se voir sévèrement sanctionné par les Etats qui jouent le jeu de l’écologie et qui représentent un marché économique non négligeable. Mais comment trouver grâce aux yeux des nations européennes tout en gardant les mêmes objectifs de productivité et de performance ?
Pour cela, les ingénieurs rivalisent d’inventivité, mettant à profit l’expérience de centaines d’années à faire évoluer navires et routes maritimes pour les rendre toujours plus rapides et efficaces. En s’alliant avec la start-up Syroco, CMA CGM a ainsi pu modéliser sont futur navire cargo, s’appuyant sur différents systèmes de propulsion, dont la voile, qui viendra se greffer à d’autres technologies, permettant d’optimiser l’énergie dépensée. Alex Caizergues, CEO et cofondateur de Syroco, explique ainsi que « l’objectif du projet mené avec CMA CGM est d’obtenir jusqu’à 20 % d’économies de carburant, et donc d’émissions de gaz à effet de serre en moins.” Plusieurs méthodes et modèles de voiles sont actuellement à l’étude, chez diverses compagnies, dont Michelin et Maersk, géants du secteur. Mais au jeu de la course à l’innovation les petites entreprises peuvent aussi participer.
Une pépite française lancée dans la course
Parmi les solutions proposées, celle d’Airseas, start-up toulousaine financée par Airbus, très impliquée dans l’effort de réduction des émissions de Co2, se démarque fortement. En s’appuyant sur une voile géante, à mi-chemin entre le parapente et le kite surf, l’entreprise a développé une technologie appelée SeaWing, pouvant tracter des cargos longs de plus de 300 mètres, et qui permettraient de réduire leur consommation de Co2 de 20 à 45%. Après un essai très probant en Méditerranée, le cofondateur et PDG de l’entreprise, Vincent Bernatets, révèle qu’ “un navire sera équipé pour une première traversée transatlantique”, et ce, dès la fin de l’année.
Mettant un point d’honneur à produire sa technologie comme son matériel sur le sol français, en travaillant notamment en partenariat avec le fabricant de voiles pyrénéen Nervures, Airseas s’avance comme un acteur essentiel du transport maritime de demain, et un moteur de croissance verte identifié par des cabinets de conseil tels que Mawenzi Partners, expert dans ce domaine.
#3InitiativespourDemain 💡
1⃣ Avec ses voiles, @Airseas_Tech fait le pari d'un #transport maritime plus vert 🚢
2⃣ La #CleanTech concilie #technologie et #environnement @eLichensEN @energiency @ZEEnergy_off @Hysilabs
3⃣ #Demain : des initiatives pour penser le monde d'après 💪 pic.twitter.com/042wpCZHh5— Mawenzi Partners (@MawenziPartners) June 16, 2021
La start-up devra en tout cas faire face à une forte concurrence, car la course à l’innovation est lancée, et chacun voudra redoubler d’efficacité pour s’emparer au plus vite d’un marché de la voile apparaissant comme un enjeu clé du développement du transport maritime, après avoir été longtemps délaissé.