Nouvelles difficultés pour Boeing sur des avions 777, après plusieurs incidents

Publié le 26 février 2021
BOEING 777

Samedi, alors que son réacteur prenait feu, le Boeing 777 qui venait de décoller de Denver en direction d’Honolulu (Hawaï) a dû faire demi-tour en urgence. Bien qu’il n’y ait eu aucun blessé, le bilan de cet incident est très lourd pour l’avionneur. Un incident du même type s’est reproduit quelques jours plus tard.

Ce vendredi 26 février au matin encore, un Boeing 777 de la compagnie russe Rossiya a dû faire un atterrissage d’urgence à Moscou après un problème de moteur, quelques jours seulement après un spectaculaire incident de réacteur sur le même type d’appareil aux États-Unis. En effet, samedi, le réacteur droit du Boeing 777 s’est enflammé juste après le décollage, alors que l’avion était encore au-dessus du Colorado. Les 231 passagers et les 10 membres du vol UA328 sont sains et saufs. L’engin est parvenu à se poser sans provoquer de dégât humain. Pourtant cet embrasement du réacteur a entraîné une pluie de débris impressionnante alors que l’appareil tentait de manoeuvrer pour retrouver la terre ferme. Certaines des pièces qui se sont détachées étaient de très grande taille. C’est ainsi qu’une des deux pales de la soufflante a été retrouvée sur un terrain de foot dans la zone résidentielle de Broomfield, dans la banlieue de Denver. Un passager a filmé les flammes qui ont consumé le réacteur droit de l’avion, une vidéo où l’on voit que le carénage du moteur a entièrement disparu.

Immédiatement, et suivant la recommandation de l’avionneur, les 128 Boeing 777 motorisés par Pratt & Whitney, présents dans le monde, ont été immobilisés. Si parmi ces derniers, 69 étaient toujours en service chez United Airlines, Japan Airlines, All Nippon Airways, Asiana et Korean Air, près de la moitié (59) étaient déjà à l’arrêt, en réserve. De fait, ces versions plus anciennes et plus gourmandes en carburant commençaient à être progressivement retirées des flottes par les opérateurs. L’enquête en cours, est menée par l’office américaine de la sécurité des transports (NTSB). Selon les résultats, l’autorité fédérale américaine de régulation de l’aviation (Federal Aviation Administration, FAA) jugera de la nécessité d’imposer des inspections supplémentaires plus fréquentes, pour les avions concernés. L’objectif de ces examens approfondis, par imagerie thermo-acoustique, est de détecter d’éventuelles fissures invisibles à l’œil nu, sur les pales en titane. Steve Dickson, à la tête de l’autorité fédérale, a exprimé mardi sa détermination à agir rapidement pour déceler les causes de l’incident et « prendre les mesures nécessaires afin d’éviter qu’un événement similaire se reproduise à l’avenir ».

Un incident lourd de conséquences pour Boeing

Ce n’est pas la première crise que connaît l’avionneur dont l’inaction a été décriée à plusieurs reprises. En 2018, après un premier incident avec un Boeing, l’autorité fédérale américaine de régulation de l’aviation (Federal Aviation Administration, FAA) exigeait déjà le renforcement des contrôles, en augmentant leur fréquence à tous les 6 500 vols. En 2019, un autre modèle, le 737 MAX, a été interdit de vol pendant 20 mois suite à 2 accidents qui ont causé 346 décès au total. Plus récemment, en décembre 2020, un vol de Japan Airlines avait causé du tort à Boeing suite à une avarie similaire. Si le régulateur « était en train d’évaluer la nécessité d’ajuster les inspections des lames », cette mesure n’était pas encore effective samedi. 

A cela s’ajoute la pandémie du Covid-19, qui est à l’origine de conséquences dramatiques pour le secteur aérien et notamment pour Boeing qui a subi l’annulation de plusieurs centaines commandes d’appareils. De fait, suite à l’incident de ce week-end, l’autorité fédérale américaine de régulation de l’aviation devrait publier de nouvelles consignes de navigation pour ces appareils une fois les données examinées. Une mauvaise nouvelle pour Boeing, après le fiasco du 737 Max il y a quelques mois, dans un contexte de fragilité du secteur aéronautique avec la crise sanitaire.