Malgré un contexte budgétaire dégradé, l’urgence environnementale enjoint à accélérer les efforts en faveur de l’économie circulaire en France. Leader européen de l’impression alternative en Europe, Altkin fait partie de ces entreprises qui portent cette ambition notamment au travers de ses activités de remise à neuf des cartouches d’impression. Directrice Marketing et Communication de cette société basée à Nantes, Moïra Asses revient sur les enjeux liés à la remanufacture.
Qu’appelle-t-on remanufacture ? Comment un acteur du consommable d’impression comme Altkin investit-il le champ de l’économie circulaire ?
La remanufacture est définie par l’Ademe comme un processus rigoureux et standardisé permettant de remettre une pièce ou un produit usagé dans un état de performances et de fonctionnalités équivalent ou même supérieur à celui d’origine et pour un même usage. La remanufacture se distingue ainsi du reconditionnement ou de la simple opération de re-remplissage par le fait d’aboutir à la remise à neuf de composants ou produits usagés avec un grade de qualité et des performances uniformes.
L’Ademe ajoute que la remanufacture est le processus de rétention de valeur le plus complet, qui permet de prolonger la durée de vie et d’utilisation des produits d’un à plusieurs cycles de vie supplémentaires tout en retenant davantage de valeur (énergie, matière et connaissances) que le recyclage.
Il faut savoir que chaque seconde, dans le monde, on produit et on utilise 54 cartouches d’encre, soit 1,1 milliards de cartouches par an[1]. Et selon une étude, plus des deux tiers (70 %) sont simplement jetés, et pas dans un bac de recyclage pour cartouches d’encre[2]. C’est un véritable fléau écologique. C’est pourquoi, chez Altkin, notre ambition est de contribuer à la transformation de l’impression bureautique et professionnelle, source de contraintes et d’externalités négatives, en un levier d’engagement RSE via la réduction des déchets, sans compromis sur la qualité et à des prix compétitifs.
La loi Agec a-t-elle mis en place un cadre favorable au développement de l’économie circulaire en France ? Quels freins restent-ils à lever ?
Promulguée en 2020, la loi Agec entendait passer d’une économie linéaire à une économie circulaire en France, en mobilisant la commande publique comme levier d’action. Elle impose notamment aux collectivités et à l’État d’acquérir au minimum 20 % de biens issus du réemploi, de la réutilisation ou intégrant des matières recyclées.
Quatre ans après son entrée en vigueur, le bilan est nuancé. Selon l’Observatoire économique de la commande publique, seuls 25 % des acheteurs publics atteignent les objectifs fixés par la loi en ce qui concerne les produits informatiques. En cause : un manque de formation, des outils de suivi encore perfectibles et une offre circulaire parfois mal identifiée. À cela s’ajoute un contexte budgétaire préoccupant, puisque la dotation prévue pour le fonds économie circulaire de l’Ademe a chuté de 300 à 170 millions d’euros en 2025 – soit une baisse de 43 %. Le signal envoyé est à contretemps des ambitions affichées.
Malgré ces préoccupations, nous restons convaincus qu’un véritable changement d’échelle est possible. À condition de sanctuariser les financements dédiés, de mieux accompagner les acheteurs et d’élargir le périmètre de la commande publique, comme le préconise la mission parlementaire d’évaluation de la loi en mai 2024.
En quoi le recours à des cartouches d’impression remises à neuf peut-il aider les entreprises et les collectivités à atteindre leurs objectifs en matière de numérique responsable ?
Depuis janvier 2025, les collectivités de plus de 50 000 habitants sont dans l’obligation de se doter d’une stratégie numérique responsable avec un impératif : faire mieux avec moins. Cette exigence, issue de la loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France (REEN), incite les acteurs publics à interroger l’ensemble de leurs pratiques numériques. Dans ce contexte, les collectivités cherchent aujourd’hui des solutions sobres, durables et accessibles d’un point de vue budgétaire.
Trop souvent relégué au second plan, le secteur de l’impression ouvre pourtant un champ d’actions faciles et immédiates, qui permettent de réduire ses impacts environnementaux sans nécessiter de lourds investissements. Chaque année en France, plus de 14 000 tonnes de déchets d’impression sont produites, dont environ 550 tonnes d’encre résiduelle. Opter pour des cartouches remises à neuf, c’est réduire drastiquement le nombre de ces déchets et prolonger la durée de vie des produits que nous utilisons.
C’est aussi, très concrètement, une manière de concilier sobriété numérique et performance économique. Nos cartouches remises à neuf sont proposées à un prix en moyenne 30 % moins cher que les cartouches d’impression neuves des géants de l’impression, pour un niveau de qualité équivalent. À l’heure où chaque euro dépensé doit répondre à un double enjeu écologique et budgétaire, les consommables d’impression remis à neuf sont tout simplement une solution de bon sens.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Chez Altkin, nous nous inscrivons dans une trajectoire industrielle et écologique de long terme. Nos projets pour les années à venir s’articulent autour d’un objectif simple mais structurant : faire de l’impression alternative un pilier de l’économie circulaire en France et en Europe. Cela implique d’accompagner les collectivités dans leur transition, car la commande publique représente un levier majeur pour transformer les pratiques d’achat et faire émerger une nouvelle norme : celle de la remise à neuf, de la sobriété et de la durabilité.
L’atteinte de cet objectif passera non seulement par le développement de solutions toujours plus performantes et accessibles, mais aussi par un travail de sensibilisation et d’accompagnement auprès des acteurs publics et privés. Nous voulons démontrer qu’il est possible d’allier exigence environnementale et contrainte économique. En renforçant notre présence dans les territoires, en dialoguant avec les institutions et en investissant dans l’innovation circulaire, Altkin entend contribuer activement à une transformation profonde des usages.
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[1] Planetscope https://www.planetoscope.com/electronique/1286-consommation-mondiale-de-cartouches-d-encre-pour-imprimantes.html
[2] https://tri-facile.fr/pensez-vert-importance-du-recyclage-des-cartouches-dencre-et-de-toner/