Mohammed Dewji, dirigeant de MeTL Group, ex-député : Bâtir la croissance à partir du terrain

Publié le 22 septembre 2025

À 50 ans, Mohammed Dewji incarne une certaine idée du développement économique africain, celle qui part du local, s’inscrit dans la durée et articule ambition industrielle et pragmatisme. Ce magnat tanzanien à la tête de MeTL Group, fondé par son père, a fait grandir l’entreprise familiale jusqu’à l’ériger en un groupe régional multisectoriel, actif dans huit pays, fort de plus de 40 000 collaborateurs, au chiffre d’affaires de plus de deux milliards de dollars. Textile, agroalimentaire, logistique : MeTL s’appuie sur des piliers solides, ancrés dans les besoins réels des économies locales. Une croissance durable, selon lui, repose autant sur les capacités de production que sur les conditions de circulation des biens, des données et des personnes.

« Mo » Dewji reçut à Georgetown une solide formation en finance et commerce international. Quand il revient en Tanzanie, c’est armé d’une conviction claire : l’Afrique a besoin d’industrialisation, d’interconnexions logistiques et de solutions financières adaptées à ses réalités. Il observe un continent jeune, riche en ressources, mais souvent entravé par un accès limité au capital. À ses yeux, la clé n’est pas seulement l’innovation, mais sa mise en œuvre au plus près du terrain.

C’est dans cet esprit qu’il s’intéresse de près aux fintechs, non comme un effet de mode, mais comme un levier d’inclusion. Il a conscience qu’en simplifiant l’accès au crédit, en sécurisant les paiements, ces technologies ouvrent la possibilité à des millions d’Africains de rejoindre l’économie formelle et de lancer des trajectoires entrepreneuriales. Pour Dewji, l’économie informelle, largement dominante sur le continent, mérite d’être mieux comprise et outillée, car elle constitue une force vive insuffisamment reconnue.

À ses yeux, l’intégration économique repose avant tout sur des moyens techniques de coopération entre territoires. L’enjeu n’est pas seulement de décréter une vision, mais de susciter les conditions de son émergence.

Philanthrope de l’efficace

Cette attention au concret se prolonge dans son engagement en faveur des infrastructures de connectivités – routes, ports, plates-formes logistiques. À ses yeux, l’intégration économique repose avant tout sur des moyens techniques de coopération entre territoires. L’enjeu n’est pas seulement de décréter une vision, mais de susciter les conditions de son émergence.

En parallèle de son rôle d’entrepreneur, Mohammed Dewji mène depuis 2014 une action philanthropique structurée à travers la Mo Dewji Foundation, présente dans les domaines de l’éducation, de la santé infantile, de l’accès à l’eau et de la formation professionnelle. La fondation privilégie une approche directe, concrète, au service des familles tanzaniennes. Signataire du Giving Pledge, Dewji affirme une conception exigeante de la philanthropie : utile, ciblée et à fort impact.

L’homme est discret. Il privilégie les projets aux discours. Et s’il évoque régulièrement les défis collectifs du continent, c’est toujours pour rappeler qu’ils appellent des réponses construites dans le temps long, portées par les acteurs locaux. Sa trajectoire illustre une conviction simple : c’est en investissant là où les besoins sont les plus tangibles que l’on bâtit des transformations durables.