Pionnière en matière d’énergie, l’Alsace continue d’innover dans le solaire. Le dirigeant de VOLTEC Solar et lauréat du Choiseul 100 Alsace 2025, Lucas Weiss, défend un modèle autonome, local et résolument européen. Il partage ici sa vision d’une transition énergétique maîtrisée, connectée à l’histoire du territoire et tournée vers l’avenir.
En tant que dirigeant d’une entreprise solaire, quel est votre regard sur la transition énergétique en Alsace ?
L’Alsace est un territoire d’exception, riche de son histoire et de ses ressources naturelles. Depuis des générations, les vallées vosgiennes ont su valoriser les énergies locales : le bois bien sûr, mais aussi la force motrice des rivières, qui alimentaient jadis moulins et scieries. La région a également marqué l’histoire industrielle en accueillant à Pechelbronn les prémices de l’industrie pétrolière française.
Pionnière dans l’électrification, l’Alsace a vu naître des infrastructures emblématiques comme la célèbre « Grande Machine » textile de Mulhouse encore visible au musée de l’Électricité ou le système énergétique du fort de Mutzig à usage militaire. L’après-guerre a vu l’essor de l’hydroélectricité, avec l’implantation de dix centrales le long du Rhin. Puis l’ère nucléaire a pris le relais, avec notamment la centrale de Fessenheim.
Sous l’impulsion de l’Energiewende allemande, l’Alsace s’est rapidement engagée dans la transition énergétique. Le photovoltaïque y a trouvé un terrain favorable, au point d’y implanter l’une des plus grandes usines de fabrication de panneaux solaires en Europe. À cela s’ajoutent les projets géothermiques du nord de la région, dont les bénéfices dépassent la seule production d’énergie : ces initiatives permettent également l’extraction de lithium à faible impact environnemental, ressource clé pour la fabrication des batteries.
Cet héritage nous engage. Fidèle à son esprit d’innovation, l’Alsace continue d’ouvrir la voie, en mettant en œuvre les énergies de son temps.
Votre activité s’inscrit dans un contexte global. Comment l’Alsace peut-elle jouer un rôle moteur en Europe ?
Le secteur photovoltaïque a connu une transformation profonde au cours des dernières décennies : innovations technologiques rapides, baisse spectaculaire des coûts… mais aussi un recul préoccupant de la production en Europe.
Nous regrettons l’absence d’une véritable stratégie industrielle à l’échelle européenne, qui a conduit, en moins de 15 ans, à la disparition de nombreux acteurs du secteur.
Pour autant, nous ne pouvons qu’être fiers du chemin parcouru. Depuis l’Alsace, notre usine continue d’innover, de créer de la valeur et de concevoir des produits à la pointe de la performance. Cette réussite repose sur une dynamique de coopération transfrontalière, ancrée au cœur même de l’écosystème européen.
Notre patrimoine architectural exige des panneaux solaires à la fois esthétiques et performants. Nous avons conçu le panneau coloré le plus puissant du marché.
Le dernier fabricant de verre solaire en Europe a cessé son activité début 2025 : nous proposerons, d’ici la fin de l’année, une alternative française, possiblement l’une des plus robustes au monde.
La concurrence chinoise propose des panneaux à bas coût : Nous développons les technologies qui permettront non seulement de rivaliser sur les prix, mais aussi de surpasser les performances, tout en relocalisant une partie essentielle de la filière industrielle sur le sol européen.
Si vous deviez lancer une campagne régionale de sensibilisation à l’énergie solaire, quel serait son message phare ?
Cultiver son potager, c’est mieux consommer, préserver l’environnement, faire des économies, mieux comprendre le vivant, s’adapter aux saisons et gagner en autonomie.
Il en va de même pour l’énergie solaire. Derrière un objet de haute technologie comme le panneau photovoltaïque se cache une réalité accessible à tous : produire soi-même une énergie propre, locale, maîtrisée.
Autrement dit, cultiver sa propre énergie.
Retrouvez l’intégralité du classement Choiseul Alsace 2025 sur le site de l’Institut Choiseul.