Avec une volonté commune de valoriser les décideurs qui ont placé l’engagement au cœur de leur activité, l’Institut Choiseul et la Communauté Les Entreprises s’engagent ont lancé l’Initiative Leadership Engagé en 2023. Cette plateforme animée par la publication d’un palmarès annuel veut apporter un éclairage sur les nouvelles frontières de l’engagement, les bonnes pratiques à reproduire et comment ces dernières peuvent être porteuses d’innovation. Dans la lignée de sa série d’articles « Parole de leader engagé », Choiseul Magazine donne la parole à Thomas Huriez, Président de 1083 et lauréat du palmarès Les 40 leaders qui s’engagent en 2024.
L’engagement est devenu un terme courant pour les entreprises et leurs dirigeants. Revenons en aux fondamentaux : qu’est-ce qu’un dirigeant engagé, selon votre expérience ?
Un dirigeant engagé, c’est un dirigeant qui essaye de s’inscrire dans « l’avance de phase » et qui veut faire avancer le monde dans le bon sens : celui de la biodiversité, des solutions contre l’impact carbone, en faveur du partage des richesses. Je parle de légère « avance de phase » car il faut trouver le bon équilibre entre le présent et son futur : si l’on est trop en avance, on prend le risque de perdre ses clients. Alors tout l’enjeu est de trouver le bon compromis, celui qui nous permet d’être le plus en avance possible, sans perdre ses wagons.
De quelle action concrète, emblématique, êtes-vous particulièrement fier ? Avez-vous déployé une innovation en termes d’engagement de votre entreprise, que vous aimeriez voir dupliquée ailleurs ?
Chez nous, à 1083, par exemple, on n’a pas de projet d’export de nos jeans. Et si un jour l’idée nous vient d’exporter, on n’exportera pas le produit, mais plutôt la production, pour pouvoir vendre directement sur place. L’enjeu pour nous, c’est de toujours maintenir la proximité, pour stimuler les personnes et les responsabiliser. On ne pourrait plus s’appeler 1083 si on se lance dans l’exportation.
Comment enfin « passer la seconde » de l’engagement et aligner toute entreprise et activité économique avec des objectifs économiques et sociaux concrets ? Si vous pouviez agir d’un coup sur tout l’écosystème, quelle mesure prioriseriez vous pour massifier l’engagement, transformer les modèles de l’économie, d’ici à 2030 ?
Beaucoup considèrent que l’humanité est irresponsable, notamment devant les effets délétères produits par notre société de consommation. Mais c’est faux, et lorsqu’on met les gens en contact direct avec les conséquences de leurs choix, ils se sentent presque systématiquement responsables.
La stratégie mise en place chez nous pour renforcer la responsabilisation, c’est la proximité. C’est notre ADN. Il faut passer par des circuits courts car plus il y a d’intermédiaire, plus il y a de filtres, et plus ça nous désengage. Il faut aussi une proximité temporelle : si les actions entraînent des conséquences longues, il y aussi un désengagement. Enfin, il faut plus de simplicité car un monde trop complexe fait décrocher les gens, on perd en concret.
Si je devais résumer, mon message principal, c’est que nous ne sommes pas dans un monde irresponsable mais dans un monde actuellement désengagé.
Pour retrouver le palmarès Les 40 leaders qui s’engagent en 2024, réalisé par l’Institut Choiseul et Communauté Les Entreprises s’engagent, rendez-vous sur le site de Choiseul France.