L’économie indienne a été frappée de plein fouet par la Covid-19

Publié le 23 juin 2021
Delhi

Alors que les crises se multiplient, l’économie indienne plonge inéluctablement dans le rouge, entraînant dans sa chute 230 millions de personnes sous le seuil de pauvreté.

2021 devait être l’année de tous les records pour la plus grande démocratie au monde. Le gouvernement Modi, qui a revu à la hausse ses prévisions de croissance, a dû toutefois revoir sa copie, entravée par la résurgence de la pandémie qui avait pourtant déjà atteint des sommets en septembre dernier. Dans ce contexte de deuxième vague, les premières embellies ne sont pas attendues avant 2022, selon les dernières prévisions du National Statistical Office (équivalent local de l’Insee).

De la crise économique à la crise totale

Au premier trimestre 2021, le PIB avait pourtant amorcé sa convalescence, limitant la casse à une chute de 7,3 % sur l’exercice fiscal 2020-2021. Un résultat peu glorieux qui frôlait déjà les prévisions du gouvernement nationaliste, misant sur une récession à 8 %. Le pays enregistre ainsi son plus mauvais résultat depuis son indépendance en 1947, affichant de surcroît un déficit record représentant 9,3 % du PIB. State Bank of India, numéro un de la finance dans le sous-continent, a quant à lui revu à la baisse les prévisions de Delhi qui tablait sur une croissance de 10,5 % cette année. Le groupe public porte désormais cette estimation à « 7,9 % au mieux », troublée par les destructions massives d’emplois et les défauts de paiement.

Si les crises sanitaire et économique se confirment, celles-ci se doublent inévitablement d’une crise sociale sans précédent. Selon la société d’analyse SmartCoin Financials, les emprunts de la jeune génération ont bondi de 20 % d’argent supplémentaire à période comparable, sous le poids des dépenses de santé d’urgence des familles qui ne disposent pas, ou très peu, d’une assurance-maladie. Une situation terrible qui, selon l’ancien Ministre des Finances du Parti du Congrès, Palaniappan Chidambaram, dresse les prémices d’un tableau encore plus dramatique : « le pire est à venir ».

Avec la décélération de l’économie, la plus grande démocratie au monde aura accusé en seulement trois ans un manque à gagner de production de richesse de 200 000 milliards de roupies (225 milliards d’euros). Une décadence sans précédent qui se traduira par « des pertes d’emplois, des pertes de revenus, des pertes d’épargne, des pertes de logement, des pertes d’investissement, des pertes d’éducation, des pertes de soin de santé… », alarme M. Chidambaram. En effet, entre avril et juin, le taux de chômage aurait bondi de 8 % à 14,5 % de la population active, d’après les données du Centre for Monitoring Indian Economy.

Rappelons que le pays fait officiellement état de 374 305 morts, dont près de la moitié sur les seuls mois d’avril et mai 2021. Des chiffres qui seraient pourtant en deçà de ceux établis par la majorité des scientifiques qui tirent un bilan plus alarmant (environ 1 million de morts), faisant de l’Inde le pays le plus meurtri par la Covid-19.