C’est une véritable révolution que traverse le paysage audiovisuel français avec l’union entre deux rivaux historiques : TF1 et M6. Les deux premiers groupes de télévision privés français ont annoncé avoir amorcé des négociations pour procéder à la fusion des deux groupes.
Le groupe dirigé par Martin Bouygues, propriétaire de la filiale TF1, envisage de débourser pas moins de 641 millions d’euros visant à acter la fusion avec le groupe M6 et racheter, ainsi, 30% des titres qu’il détient. Cette fusion fait suite à la mise en vente d’une partie du capital de l’allemand Bertelsmann qui conservera une partie de celui-ci à hauteur de 16%. C’est une véritable course contre la montre qui a démarré pour les deux géants de l’univers médiatique français.
En effet, cela fait déjà plusieurs semaines que l’opération est sur la table des négociations avec en perspective, la nécessité d’obtenir le renouvellement de leur autorisation d’émettre par le CSA en 2023. C’est Nicolas de Tavernost, l’actuel président du directoire du groupe M6 qui aura la lourde mission de diriger ce nouvel ensemble. A la tête de M6 depuis le début des années 2000, il est parvenu à plusieurs reprises à conclure des acquisitions avec notamment le rachat de RTL en 2016 et toujours en préservant une rentabilité certaine. Par cette opération, les deux chaînes historiques espèrent accroître leur puissance dans le secteur et dégager des économies d’échelle conséquentes pour rivaliser avec les géants américains du streaming que sont Netflix, YouTube et Disney.
Une opération complexe soulevant interrogations en matière de concurrence
Cette opération financière historique risque de bouleverser l’ensemble du secteur audiovisuel de l’Hexagone. En effet, ce n’est rien de moins qu’une fusion entre le leader de la télévision gratuite privée TF1 et son dauphin qu’est M6. La transaction ne sera pas effective dans l’immédiat. Ce sera à l’Autorité de la concurrence et au Conseil supérieur de l’audiovisuel d’accorder leurs avals. Pour ce faire, diverses interrogations concernant les changements pour l’écosystème publicitaire nécessitent d’être éclaircies. TF1 et M6 réalisent respectivement 1,41 milliards d’euros et 830 millions d’euros de recettes publicitaires. Si l’opération venait à être effective, les deux groupes disposent d’un contrôle sur plus de 70% du marché publicitaire télévisuel du pays. Le représentant des annonceurs, l’Union des marques a fait savoir que ce rapprochement comportait des risques impérieux en matière de concurrence sur ce marché.
Pour convaincre le gendarme de la concurrence, TF1 et M6 affirment qu’il est nécessaire de prendre en compte la concurrence sur le marché de la publicité par les GAFA et d’intégrer ces acteurs externes à son champ de contrôle. Afin de régulariser l’opération et la rendre effective, les deux groupes devront céder une partie des chaînes qu’ils émettent. Leur nombre aujourd’hui actuellement à 10 devrait ainsi passer à 7. Pour l’heure, l’opération semble viable et les pouvoirs publics ne s’y sont pas opposés publiquement. Cependant, des réserves demeurent du côté du secteur de la production pour qui il sera plus complexe de négocier des futurs marchés.
