L’opérateur européen de satellites géostationnaires Eutelsat va investir 550 millions de dollars pour acquérir 24 % du capital de la société anglo-indienne OneWeb.
Le troisième opérateur mondial de satellites de télécoms, Eutelsat, annonce un accord majeur pour l’avenir de l’industrie spatiale européenne. Il rejoint le gouvernement britannique et l’entrepreneur indien Bharti dans le capital de OneWeb à hauteur de 24 %. D’ici 2022, cette société sera la première à déployer une constellation de satellites pour offrir un accès internet depuis n’importe quel point du globe.
Final touch on the @OneWeb agreement with socially distanced discussion between UK Business Secretary, Rt Hon @KwasiKwarteng MP and @Eutelsat_SA CEO, @BelmerRodolphe @beisgovuk #satellite pic.twitter.com/WALwtxsCiP
— Eutelsat (@Eutelsat_SA) April 30, 2021
Prendre une place de premier rang face aux géants américains
Créé en 2012 par l’Américain Greg Wyler, et à court d’argent pour poursuivre le déploiement de ses satellites, OneWeb est placé en mars 2020 sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Issu d’un partenariat entre une start-up américaine et le groupe Airbus qui fabrique les satellites, OneWeb suscitait pourtant déjà l’année dernière l’intérêt d’Eutelsat qui avait étudié la possibilité de reprendre l’entreprise. C’est avec une offre de reprise du gouvernement britannique associé au groupe indien de télécommunications Barthi que l’entreprise a pu finalement être sauvée de la faillite.
Face aux projets de constellations des géants américains de SpaceX et d’Amazon, et la puissance de leurs patrons milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos, et avec l’investissement de 500 millions de dollars d’Eutelsat, OneWeb devient le seul projet non américain. Il permet à l’Europe de se remettre dans le jeu de la constellation de l’internet par satellite, souligne Rodolphe Belmer, le directeur général d’Eutelsat : « Cet accord majeur nous permet de prendre une place de premier plan dans le domaine des constellations satellitaires à orbite basse et de remettre l’industrie spatiale européenne, au sens géographique du terme, dans ce jeu. »
Le lundi 26 avril, le lanceur russe Soyouz a mis en orbite 36 satellites, portant à 182 le nombre de satellites mis en orbite. « Avec nos 500 millions de dollars, le financement de la phase 1 est bouclé et OneWeb pourra entrer en service commercial, avec une couverture partielle dès la fin de l’année et une couverture mondiale complète fin 2022 » déclare Rodolphe Belmer. Mais Eutelsat n’apporte pas que de l’argent, il a une expertise solide du marché mondial des télécoms, une connaissance des technologies spatiales et des principaux acteurs industriels.
Un pari risqué ?
L’entreprise française avait décidé de ne pas engager d’investissements auparavant dans les constellations à orbite basse car le coût initial lui semblait trop important. « Le placement de OneWeb sous chapitre 11 [la loi des faillites américaines, NDLR] a permis d’effacer les 3,5 milliards de dollars d’investissements déjà consentis, nous offrant ainsi un point d’entrée intéressant » confie le patron d’Eutelsat. Les satellites en orbite basse ayant une durée de vie moins importante que les satellites géostationnaires, ils sont remplacés fréquemment, ce qui rend le pari risqué techniquement et financièrement. De plus, les technologies évoluent si vite que la phase 2 est déjà en préparation chez OneWeb.