Une pépite clermontoise lève 100 millions d’euros pour développer le biorecyclage du plastique

Publié le 10 mai 2021
plastique

Carbios, une société clermontoise pionnière dans l’utilisation des enzymes pour la plasturgie, vient de lever 105 millions d’euros pour financer la construction d’une usine d’industrialisation de son procédé. 

Fondée en 2011 par le fonds Truffle Capital, la société de chimie verte a lancé le 3 mai une souscription en Bourse qui lui a permis de lever 105 millions d’euros. Elle  s’est donné pour mission d’industrialiser d’ici 2025 sa technologie enzymatique de recyclage à 100% des polymères plastique et textiles (PET). Cotée depuis 2015, la société clermontoise, qui emploie 40 personnes, n’a pas de raison de se limiter. Après une publication de son concept dans la revue scientifique Nature, son cours est passé de 9,77 à 44,52 euros, soit une hausse de 450%.  

Un marché considérable

Les nouvelles actions seront sans droit préférentiel de souscription et avec un délai de priorité de 4 jours pour les actionnaires existants  : les family offices, des fonds, des particuliers, pour entre 15 et 20%, et deux industriels, L’Oréal et Michelin Ventures qui représentent 10% du capital.

Sur les 105 millions d’euros espérés, les deux tiers devraient financer la construction d’une unité de référence exploitant sa technologie enzymatique de recyclage à 100% du PET à taille industrielle, dont on estime la capacité à 40 000 tonnes de déchets PET traités par an. Elle ciblera les déchets non recyclables comme les barquettes alimentaires ou les bouteilles chargées en additifs et colorants. Le marché est donc colossal, comme le précise Martin Stephan, directeur général délégué de Carbios :  « Le monde produit 70 millions de tonnes de PET par an, les deux tiers pour les fibres textiles en polyester – le polyester est du PET – et un tiers pour le secteur de l’emballage alimentaire, qui sera notre priorité car il est le plus mûr en termes de développement durable ». De plus, à partir de 2025, selon une loi européenne, il sera obligatoire d’incorporer de la matière recyclée dans les bouteilles en PET. La demande en PET recyclé va donc considérablement exploser.  

Quel procédé de recyclage choisir ?

Dans leurs deux monomères de bases, les enzymes décomposent les PET pour refaire de la matière vierge, les éléments restants tels que les colorants finissent en résidu. « Le PET est ainsi recyclable à l’infini, y compris les déchets non recyclables par les méthodes thermomécaniques classiques. Cela ouvre des perspectives à des filières entières sans solution aujourd’hui, comme les vieux vêtements ou les fibres PET des pneus, d’où la présence de Michelin à notre capital ». 

De plus, le PET classique est moins onéreux que le PET bio recyclé de Carbios, et selon les projections actuelles, il coûtera environ deux fois plus cher dans un premier temps à fabriquer que le PET vierge. Martin Stefan nous en explique les raisons : « Notre PET bio recyclé est de meilleure qualité que le PET recyclé thermo-mécaniquement. Et comme nous améliorons constamment notre process, pour une production de masse nous avons le potentiel d’être à terme à parité de coût avec le PET vierge, si le baril de pétrole est autour de 50 dollars ». Des perspectives industrielles intéressantes donc pour une entreprise française nourrie par des innovations et de la recherche de haut niveau, apportant des solutions concrètes pour la transition de notre économie.