Paul Rolland : « La médiation offre une justice plus pragmatique et plus rapide au service des entreprises »

Publié le 25 août 2025

Chargé d’animer Equanim International, Paul Rolland revient sur les raisons pour lesquelles les modes amiables de résolution des conflits s’imposent aujourd’hui comme des leviers stratégiques pour les entreprises. Entre efficacité et adaptation aux enjeux internationaux, la médiation, en particulier, redessine les contours d’une justice plus pragmatique et plus rapide au service du monde économique.

Pouvez-vous expliquer ce que fait Equanim ?

Je suis délégué général d’Equanim International, une société de médiation fondée par trois avocats (Patrick Klugman, Matthias Fekl et Ivan Terel), soutenue par des personnalités françaises et étrangères issues du monde de l’entreprise et des hautes sphères étatiques, et qui  propose une offre premium de médiation des affaires, en France et à l’international. Notre objectif : aider les entreprises à résoudre à l’amiable leurs différends grâce à des médiateurs expérimentés dont le profil est adapté à chaque situation. A ce titre, nous nous définissons comme un forum de médiation plutôt qu’un centre : nous co-construisons le processus avec les parties, identifions les meilleurs profils de médiateurs, que les entreprises peuvent choisir ou nous laisser désigner. Une fois le médiateur choisi, nous accompagnons les parties en support de la médiation et, en cas d’accord, pouvons le « monitorer ». Notre modèle est ouvert : tout médiateur respectant nos standards peut intervenir.

Quel est votre parcours ?

Juriste de formation et avocat, j’ai découvert les modes amiables pendant mes études et j’ai voulu approfondir le sujet en doctorat. En parallèle, j’ai travaillé chez Bouygues Travaux Publics où j’ai  développé des solutions alternatives aux contentieux. J’ai ensuite été chargé d’enseignements à Panthéon-Assas Université (ATER) avant de rejoindre Equanim en 2021. Ce poste réunit toutes mes expériences : droit des affaires, stratégie contentieuse pratique et réflexion académique. J’ai aussi contribué à des initiatives autour de la médiation, comme la rédaction d’un rapport sur les modes amiables en droit français pour ICC France, l’animation de conférence sur le sujet (les Global Pound Conferences) ou la publication du premier kit pratique de médiation pour le Cercle Montesquieu. Dernière initiative en date, nous avons lancé, au printemps, notre première formation dédiée à la médiation des affaires, en partenariat avec Sciences Po Executive Education.

Comment votre expertise contribue-t-elle aux évolutions économiques et commerciales ?

Ma spécialité est le règlement amiable des différends d’affaires. Aujourd’hui, face à une économie rapide et globalisée, les solutions classiques – justice étatique ou arbitrage – ne répondent plus toujours aux besoins des entreprises. La médiation offre une réponse plus souple, leur permettant de maîtriser l’issue de leurs différends. Le médiateur aide à faire émerger les besoins réels des parties, dans un cadre confidentiel. C’est essentiel pour une économie moderne qui exige réactivité et stabilité, tout en réduisant le risque contentieux, qui devient de plus en plus un véritable risque financier.

Quelle place les modes alternatifs doivent-ils occuper dans la stratégie des entreprises ?

Il est crucial d’avoir une stratégie contentieuse intégrée. Selon les cas, on peut avoir recours au juge, à l’arbitrage ou à la médiation. Il ne s’agit pas de les opposer, mais de bien les articuler dans le seul de but de répondre de la meilleure des manières aux impératifs de la vie des affaires. Pour illustrer cela, nous avons réalisé le premier baromètre du coût de la conflictualité entre entreprises, qui a été évalué à 30 milliards d’euros par an ! Nous démontrons qu’un recours accru à la médiation permettrait de mieux maîtriser un tel coût.

Qu’est-ce qui vous anime dans votre engagement ?

La médiation permet de recréer du dialogue et de la coopération, là où le conflit aurait pu tout figer. Cela génère en conséquence, de la valeur et de la stabilité, ce qui est favorable pour l’activité des entreprises et donc de l’économie. Quand les conditions sont réunies, la médiation est un processus extrêmement gratifiant, à la fois humain et efficace. Mon moteur, c’est de faire connaître ce mode au plus grand nombre d’acteurs du monde des affaires pour qu’ils puissent en tirer profit lorsque les conditions sont réunies. La médiation n’est pas une solution miracle, mais elle peut être un levier puissant de transformation dans un monde incertain.

Cet article s’inscrit dans le prolongement du palmarès Choiseul Futur du droit 2025, accessible dans son intégralité sur le site de Choiseul France.