Les entreprises françaises persistent à sous-estimer un impératif pourtant décisif : la formation géopolitique, géoéconomique et en relations internationales de leurs cadres. Dans un environnement où les rivalités de puissance, la guerre économique et les recompositions stratégiques redessinent sans cesse les chaînes de valeur et les échiquiers concurrentiels et d’influence, ignorer ces dimensions revient à naviguer à vue. Or le développement commercial exige désormais une compréhension fine des rapports de force, des régulations concurrentes et des intérêts étatiques qui structurent les marchés. Sans cette lecture cardinale, les organisations peinent à anticiper les ruptures, à évaluer les risques pays et à élaborer des positionnements cohérents face aux mouvement tactiques, structurels et de long terme de leurs partenaires ou rivaux.
Cette carence pèse tout autant sur la maturité des démarches d’intelligence économique. Comment protéger efficacement ses informations sensibles, apprécier l’exposition de ses sites ou préserver sa réputation si l’on ignore les logiques qui animent les acteurs opérant dans sa proximité ? La sûreté, dans son acception la plus complète ne peut se réduire à un ensemble de procédures techniques. Elle repose sur une culture stratégique permettant de discerner les intentions adverses, de reconnaître les signaux faibles et d’intégrer les conflictualités contemporaines dans la gestion quotidienne et les réflexions de fond.
La cybersécurité illustre cette nécessité. Elle n’est pas seulement un enjeu technologique : elle est devenue un théâtre d’affrontements géopolitiques où États, groupes criminels et entreprises manipulent l’information, perturbent les opérations et testent la résilience des organisations. Mais le même raisonnement peut être conduit concernant la sûreté physique des collaborateurs et des sites. Former les cadres à ces réalités permet de leur donner les moyens d’interpréter les vulnérabilités adéquatement, dans un contexte global de malveillances croissantes.
Intégrer la géopolitique et la géoéconomie dans les parcours de formation crée les conditions d’une vision stratégique, véritable matrice des décisions éclairées. Les entreprises ont besoin de dirigeants capables d’articuler performance commerciale, anticipation des risques et maîtrise des enjeux de puissance. C’est à ce prix qu’elles pourront défendre durablement leurs intérêts, protéger leurs actifs immatériels et s’affirmer dans un monde où la compréhension du jeu international constitue une arme déterminante de la compétitivité et du succès pérenne.




