La récente commande passée par la compagnie aérienne malaysienne AirAsia de 60 A321XLR pour un montant de 12,3 milliards de dollars à Airbus illustre la vitalité économique de l’Asie du Sud-Est et la pertinence d’une présence industrielle française affirmée dans la région.
Airbus et AirAsia : un « accord historique »
Le 4 juillet dernier, Emmanuel Macron déclarait en présence de son homologue malaysien Anwar Ibrahim, la signature d’un « accord historique ». En misant sur Airbus, la compagnie malaisienne choisit la performance technologique mais aussi un partenaire stratégique de long terme. Ce contrat conforte Airbus comme leader dans le segment des monocouloirs long-courrier.
De plus, il souligne le potentiel qu’offre la Malaisie pour les industriels français : « Je pense aux projets signés dans le secteur des minéraux clés, dans le secteur des terres rares avec l’entreprise Carester qui vient d’ouvrir une usine dans la région de Lacq […] et dans le secteur de la transition énergétique » a indiqué Emmanuel Macron.
Située au carrefour des routes maritimes et des investissements en Asie, la Malaisie est un hub logistique, énergétique et technologique. Sa politique de neutralité active, sa classe moyenne montante et sa stratégie de développement industriel en font un partenaire idéal pour une stratégie française de long terme, à la croisée des intérêts économiques et diplomatiques.
Renforcer la présence française en Asie du Sud-Est
Mais l’enjeu dépasse ce seul pays. Face à la rivalité sino-américaine, les États de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) cherchent à diversifier leurs alliances. Le Vietnam, avec son intégration croissante dans les chaînes de valeur industrielles, et la Thaïlande, deuxième économie régionale et nœud d’infrastructures, sont eux aussi des points d’appui important. La France y bénéficie de positions dans les secteurs de l’énergie, de la santé et de la défense.
Sur le plan stratégique, la France est l’un des rares pays européens à posséder des territoires en Indopacifique. Elle y maintient une présence militaire, des partenariats de défense, et promeut un ordre régional fondé sur le droit international, notamment face aux tensions croissantes en mer de Chine méridionale.
Renforcer la présence économique et stratégique française en Asie du Sud-Est, c’est assurer la défense de ses intérêts, mais aussi proposer une voie alternative aux pays de la région. À l’heure où la menace des tarifs douaniers américains pèse sur le monde, la France a les cartes en main pour s’inscrire comme un partenaire fiable en Asie du Sud Est. L’accord entre Airbus et AirAsia ne doit pas rester un simple fait d’actualité : il doit être compris comme un jalon structurant d’une stratégie française ambitieuse en Asie du Sud-Est.