Le nouvel ordre mondial dope l’intérêt pour l’assurance de risques politiques et crédit

Publié le 17 juin 2025

Entreprises et investisseurs font plus que jamais face à un monde en totale restructuration. Retour de la géopolitique comme force première, perturbations commerciales, chocs économiques et concurrence acharnée pour l’accès aux ressources… et des risques d’effet domino totalement imprévisibles.  Résultat, l’assurance des risques politiques et du crédit suscite un intérêt croissant, en hausse de 33 % comparé aux enquêtes précédentes.

C’est ce que révèle le dernier rapport annuel consacré à ce sujet, dirigé par Julian Alovisi et publié en mai 2025 par Howden, groupe international de courtage en assurance. À l’heure où l’embrasement du Moyen Orient fait craindre la fermeture du détroit d’Ormuz et une explosion des cours du pétrole et des hydrocarbures, la crainte d’une super crise systémique aux effets délétères pour les entreprises n’est pas surestimée. L’occasion de mettre en lumière un secteur encore méconnu, mais essentiel à la protection des opérations commerciales et, par extension, à la solidité financière des entreprises.

Bien qu’à peine entamée dans sa seconde moitié, l’année 2025 s’impose déjà comme une référence en matière de turbulences politiques et commerciales. Nous évoluons désormais dans un état de polycrise, concept forgé par Edgar Morin pour désigner l’interconnexion de crises multiples et interdépendantes, où l’incertitude semble être la seule constante. Un changement de paradigme s’opère : la géopolitique, et non plus l’économie mondiale, dicte désormais le tempo des décisions en matière de commerce et d’investissement. Ce basculement est largement influencé par des impératifs électoraux, comme l’a illustré la « super année électorale » de 2024 : dans chaque pays concerné, les partis au pouvoir ont vu leur part de vote reculer. Cette dynamique s’explique en partie par des pressions économiques persistantes (croissance atone, inflation, endettement) et des tensions sociétales profondes (mondialisation, polarisation, hausse du coût de la vie) qui redessinent les relations de sécurité, les politiques commerciales et les normes (géo)politiques au niveau international.

Le corollaire ? Un paysage mondial des risques devenu totalement imprévisible. Selon le Forum économique mondial, les conflits armés entre Etats sont désormais perçus comme le risque principal pour 2025, reléguant les événements climatiques extrêmes à la deuxième place. Un bond spectaculaire, alors que ce risque ne figurait pas dans le top 5 en 2024. Les escalades militaires entre l’Inde et le Pakistan il y a quelques semaines, et entre Israël et l’Iran actuellement, en sont une confirmation.

L’incertitude tarifaire, omniprésente en ce début d’année, a également provoqué un tournant dans le récit économique mondial. S’effrite l’idée d’un « exceptionnalisme américain » durable, thème macroéconomique dominant de la décennie. L’effet domino des nouvelles surtaxes à la pérennité incertaine couplées à l’annulation de nombreux programmes américains d’aide au développement, rebat les cartes pour de très nombreux pays, dont les plus fragiles. Tensions géopolitiques, volatilités des marchés financiers, réajustement ou fragilisation des chaînes d’approvisionnement… La page des « dividendes de la paix » de l’après-guerre-froide est définitivement tournée.

Dans ce contexte où la géopolitique façonne la macroéconomie et le commerce mondial, il devient essentiel de se prémunir contre les nouveaux risques qui redéfinissent l’environnement opérationnel, et ainsi mieux en maîtriser les effets directs ou indirects. La CPRI (« Credit and Political Risk Insurance ») s’impose comme un outil stratégique pour les entreprises, les prêteurs et les investisseurs désireux de sécuriser leurs opérations et de protéger leur capital. Pour les acteurs du commerce international, le transfert de risques de crédit, ou politiques, vers le marché assurantiel permet de tirer son épingle du jeu malgré le peu de visibilité, et de déployer des stratégies à hauts rendements. Ainsi, ce nouvel ordre mondial incertain, lorsqu’il est mieux maitrisé, peut devenir l’occasion d’un avantage concurrentiel. C’est précisément la raison d’être de l’assurance de risques crédits et politiques. Depuis plus d’un siècle, ce type de couverture permet de transformer les risques en leviers de croissance et de développement pour tous.

Parmi les couvertures les plus recherchées par les entreprises, nous trouvons la protection contre la défaillance (non-paiement, non livraison) de contreparties privées ou publiques pour des raisons d’insolvabilité, d’annulation de contrat, d’inconvertibilité ou de nouvelles sanctions. Pour les investisseurs, c’est la couverture contre des événements comme la confiscation, la nationalisation, l’expropriation qui fait le plus de sens. Attention cependant, l’acceptation de souscrire une couverture de la part des compagnies d’assurance n’est pas automatique, elle est le résultat de l’établissement d’une relation de confiance tripartite entre le client, le courtier et l’assureur. Pour ces derniers, l’appréciation du risque nécessite une analyse globale : compréhension du business model, de l’expérience du demandeur d’assurance, des sinistres et événements négatifs passés, de la qualité de crédit de la contrepartie… et surtout du contexte géopolitique ou économique local. La souscription de ces garanties, qui se négocient sur mesure, dépendent de la présentation du risque, de la contextualisation géopolitique, de l’analyse économique des dossiers et de la capacité à rassurer l’assureur en partageant les informations pertinentes. C’est ici que la valeur ajoutée du courtier, intermédiaire expert, est la plus nécessaire.

« Il est grand temps que nous prenions conscience de l’immense opportunité qu’offre l’assurance risques crédits et politiques », déclarait en mai David Howden, fondateur de la compagnie de courtage. « J’en ai fait l’expérience pendant mes 40 ans d’expérience dans ce secteur. Au cours de cette période, nous avons connu le 11 septembre, la crise financière mondiale, le COVID et la guerre en Ukraine. Pourtant, l’assurance-crédit et risques politiques est toujours là, elle continue d’apporter des résultats et devient de plus en plus pertinente d’année en année. »