En 2024, le rapport Draghi, du nom de l’ancien président de la BCE, a mis en lumière les capacités rapidement déclinantes de la technologie européenne : l’Europe est en retard dans des secteurs cruciaux tels que l’intelligence artificielle, le cloud computing, les logiciels et les plateformes numériques. Le constat vaut aussi pour les biotechnologies (bio-impression, nanotechnologies, biomatériaux, ingénierie tissutaire, chirurgie en IA, etc.) tout comme les nouveaux modes de production (fabrication addictive ou 3D) la robotique et l’espace.
Une conquête d’innovation technologique inégale
Sur vingt ans tous les pays de l’OCDE ont connu un fléchissement. Mais les Etats-Unis écrasent la concurrence alors que la France subit la chute la plus forte jusqu’à 2017[1].
Aux Etats-Unis le financement public de la R&D concerne la défense et dans une moindre mesure, l’énergie (plus de 50% du total[2]). Le reste relève d’un privé boosté par les groupes technologiques. A ses côtés, la Chine poursuit l’effort le plus constant depuis 20 ans[3], passant de 6% à 20%des dépenses mondiales. En Europe l’essentiel du financement est public et en baisse constante non compensée par le privé.
On savait que le Roi européen était nu. Mais la rupture stratégique engagée par l’administration Trump exacerbe le différentiel. Les remontées en puissance au plan technologique prennent du temps et ne sont possibles que quand les moyens financiers et normatifs sont présents dans la durée. Les Etats-Unis ont fait depuis toujours de la suprématie technologique la base de leur puissance. La Chine fait de même avec en plus l’efficacité d’un état autoritaire. L’innovation européenne telle qu’elle apparait dans ses formidables start-ups ne peut challenger des modèles aussi performants.
Quel modèle de défense technologique ?
Les propositions du rapport Draghi proposent une politique globale de remontée en puissance sur les principaux secteurs fondant l’économie de demain. Au prisme de la crise engagée par les Etats-Unis, c’est plus qu’une urgence désormais. Le modèle hyper performant israélien devrait être une source d’inspiration. Mais les Etats européens, comme dans le domaine de la défense, sont-ils prêts à mettre le turbo avec le coût que cela comporte et accepter de libérer au lieu de corseter ?
[1]Simon Cardoen, Ayman Mhammedi, Les dépenses de recherche et développement en France et dans les pays de l’OCDE, Partageons l’Eco, Graph-22-02-2021-depenses-R-et-D.pdf
[2] Joaquin Nassar, Les dépenses de R&D des Etats-Unis à leur plus haut niveau historique – France Science, 02 02 2023.
[3] Marie Bartnik, le Figaro du 13 11 2014, La Chine, au premier rang des dépenses de R&D en 2019