Pour sécuriser notre souveraineté, anticiper est la clé !

Publié le 06 mai 2025

« L’intendance précèdera » (aurait dit le Général). Nos supply chains nous conduisent à intégrer potentiellement dans nos produits, services et systèmes des bombes physiques, numériques et informationnelles prêtes à être déclenchées par des acteurs hostiles qui les auraient dessinées ou redessinées comme telles.

Ou « L’intendance suivra » ?

On attribue à tort au général de Gaulle l’expression saugrenue selon laquelle « l’intendance suivra ». Le vrai chef se lancerait sans attendre, et se préoccuperait des détails plus tard. A lui l’impulsion stratégique, l’idée, l’audace, la décision ; aux médiocres, aux méticuleux, aux besogneux, aux lâches peut-être, il conviendrait de laisser les triviaux aspects pratiques, la logistique et les mesquins détails matériels… Tout ceci va bien dans un pays qui se rassure de ne pas avoir de pétrole en croyant avoir des idées. Eh bien cette expression est fausse ! Une « fake news » caractérisée même, si l’on veut sacrifier aux lubies chéries de l’air du temps. En réalité, le grand homme a démenti à plusieurs reprises la paternité de cette phrase.

Un époque de mondialisation fragmentée

C’est qu’en réalité l’intendance précède. Comme s’en est aperçu il y a peu un dirigeant de ce monde, elle résiste et ne se décrète pas avec un tableau coloré établi à la va-vite par quelques conseillers politiques astucieux et peu complexés. Elle est la structure vitale de nos systèmes économiques, politiques et sociaux dans cette époque de mondialisation fragmentée.

Pour s’en convaincre, rappelons-nous un évènement singulier qui s’est déroulé les 17 et 18 septembre 2024, quand des milliers de pagers utilisés par les membres du Hezbollah explosèrent simultanément au Liban et en Syrie, mettant hors de combat environ 1 500 personnes. Tout indique que le Mossad avait réussi quelques mois avant à acheter des pagers Gold Apollo AR-924, à fabriquer des explosifs miniaturisés et à les intégrer et vendre au Hezbollah via une société écran. L’intendance précède.

Une telle opération doit nous alerter sur la structuration et la sécurité des chaînes logistiques et d’approvisionnement, qu’il s’agisse de matières premières, d’énergie, d’électronique, de numérique, de cyber, d’information, de tweets ou de dollars… Nos supply chain nous conduisent à intégrer potentiellement dans nos produits, services, et systèmes des bombes physiques, numériques et informationnelles prêtes à être déclenchées par des acteurs hostiles qui les auraient dessinées ou redessinées comme telles.

Nous vivons insérés, dans nos activités quotidiennes, au sein de chaînes financières, d’algorithmes, de dispositifs juridiques et d’objets sans avoir trop analysé la dépendance, la fragilité et le système de domination qu’ils génèrent.

Sur quels maillons sont présents les « kill switch », les « back doors », les « framing effect » qui permettent, dans l’ordre, de stopper un dispositif, de l’espionner ou d’orienter les psychés humaines qui l’utilisent ?