Ludovic de Gromard (Chance) : « Etre aligné avec son emploi est un levier essentiel »

Publié le 06 mai 2025

Un mouton à cinq pattes ? Diplômé de l’ESSEC en entrepreneuriat social, du MBA de l’IAE Buenos Aires sur les économies en développement et du NLP Institute of California en psychologie appliquée et programmation neurolinguistique, Ludovic de Gromard prend conscience en 2012, au cours d’entretiens de recrutement, de l’ampleur des doutes des candidats face à leurs choix professionnels. Il co-fonde Chance en 2015, pensé comme le système d’orientation professionnelle « le plus avancé au monde ».

Qu’est-ce qui vous a inspiré à lancer l’initiative « 3 minutes pour les autres » au sein de la communauté Chance ?

Des millions de personnes en France se sentent bloquées professionnellement, faute de réseau ou d’opportunités. Ce sentiment d’injustice peut engendrer du ressentiment… et un certain type de vote. Pourtant, 35 % des Français seraient prêts à aider si un moyen simple existait. Beaucoup n’ont pas le temps de s’engager dans une association, mais pourraient être utiles autrement. « 3 minutes pour les autres » est né de cette idée : rapprocher efficacement celles et ceux qui ont besoin d’un coup de pouce professionnel de celles et ceux qui peuvent le leur donner, sans contrainte ni engagement.

Pouvez-vous expliquer comment fonctionne cette initiative et quel impact vous espérez qu’elle aura ?

Chaque jeudi, les 13 000 membres de la communauté reçoivent un email avec une liste personnalisée de demandes d’aide : besoin d’un conseil sur un métier, d’une mise en relation, d’un retour d’expérience. En trois minutes, il est possible d’y répondre par un message, un appel ou un transfert de contact. C’est ce que nous appelons le micro-altruisme, en référence au micro-crédit de Muhammad Yunus, président de la communauté Chance. En quelques mois, 25 000 coups de pouce professionnels ont été donnés, preuve que cette forme de solidarité fonctionne. L’initiative a d’ailleurs été récompensée par le Prix du Produit d’Impact 2024 en décembre.

Comment cette initiative s’inscrit-elle dans la mission globale de Chance ?

Chance vise à permettre à chacun de trouver sa place dans le monde du travail. Être aligné avec son emploi est un levier essentiel pour la mobilité sociale. Or, plusieurs barrières freinent cet alignement : ne pas savoir vers quel métier se tourner, ne pas accéder aux entretiens faute de parcours linéaire, manquer de compétences adaptées aux transitions actuelles, ou ne pas pouvoir financer les solutions qui existent. « 3 minutes pour les autres » contribue à lever deux de ces obstacles : l’orientation et l’accès aux entretiens, en facilitant la mise en relation et l’échange d’informations.

Quels résultats avez-vous observés et quelles sont vos ambitions pour la suite ?

Les 25 000 coups de pouce déjà donnés montrent que la micro-solidarité a un vrai potentiel. Si nous avons atteint ce chiffre en quelques mois, pourquoi ne pas viser le million dans les années à venir ? Dans un monde où le rapport de force devient omniprésent et où la différence est trop souvent perçue comme une tare, nous avons plus que jamais besoin de ce type d’initiatives.