Jérémie Benmoussa (Axtom) : « L’entrepreneuriat local est le maillon fort de la dynamisation des territoires »

Publié le 03 février 2025
AXTOM

Diplômé de l’ESSEC, Jérémie Benmoussa fonde en 2015 la société Fundimmo, une plateforme de crowdfunding immobilier, cédée au Groupe Atland en 2021. En 2022, il devient Directeur Général associé du groupe Axtom, un collectif d’entrepreneurs au service du développement des territoires et des entreprises.

Sur le sujet du développement économique des territoires, Axtom a la position du 3e homme, celui qui fait le lien entre les élus et les entreprises. En quoi cette position de « facilitateur » est-elle nécessaire ?

Le groupe Axtom est un aménageur du territoire, capable de mener une opération complète de développement économique, de la mise en valeur d’une collectivité à la recherche du foncier, en passant par la conception et la construction des bâtiments.

Nous sommes un collectif d’entrepreneurs. Notre philosophie est d’aider des chefs d’entreprise à se développer localement, tout en étant adossés à une structure nationale pour financer leurs opérations et se doter des outils nécessaires. Nous déployons cette stratégie pour chacune de nos filiales. Cette philosophie va jusqu’à la création d’une Fondation d’entreprise, hébergée par la Fondation de France, pour détecter et soutenir des entrepreneurs prometteurs, afin qu’ils créent de l’activité et de l’emploi local.

Alors oui, on peut dire que notre modèle d’entreprise nous permet d’être des facilitateurs. Nos entrepreneurs, présents partout, connaissent les besoins locaux et lient ambitions politiques et contraintes économiques. Par exemple, dans le sud de la France, nous envisageons d’accompagner l’installation d’une clinique de santé mentale, afin d’augmenter les lits d’accueil pour répondre à un enjeu de santé publique local, mais également à la grande cause nationale 2025. À Blanquefort en Gironde, nous redéveloppons une friche industrielle de 50 hectares, la dépolluons, la reverdissons (2 500 arbres plantés) et allons créer sur la zone 2 500 emplois à horizon 2030.

Par ailleurs, notre filiale de conseil, Ancoris, accompagne les collectivités et les entreprises dans leurs projets d’aménagement économique, touristique ou industriel. En collaboration avec les acteurs locaux, elle identifie les besoins du marché et conseille les entreprises sur leurs projets immobiliers.

De votre expérience, quels sont les principaux freins que les territoires rencontrent pour faire aboutir leurs projets de développement ? Et, selon vous, qui sont les acteurs pertinents pour porter le dynamisme de l’économie locale ?

Chaque année, Ancoris réalise un baromètre de l’attractivité des territoires, basé sur 9 000 entretiens avec des dirigeants et 174 avec des collectivités. Les résultats, attendus mi-février, révèlent déjà des freins majeurs. Tout d’abord, la complexité administrative ralentit considérablement les projets en raison de la multiplication des procédures et de l’ajout d’obligations imprévues par rapport aux plans initiaux (mobilités douces, compensations de zones humides, etc.). Le millefeuille administratif aggrave cette situation en superposant les compétences entre l’État, les régions, les départements et les intercommunalités, rendant la prise de décision plus complexe. Et à cela s’ajoute la problématique des budgets contraints des collectivités qui limitent leur capacité d’investissement et de financements.

D’autres freins existent comme les difficultés de recrutement de personnel qualifié dans les zones d’implantation, la raréfaction des terrains qui accentue la concurrence entre les espaces dédiés au logement, à l’agriculture et à l’activité économique ou encore la nécessité de concilier les intérêts des différents acteurs impliqués (élus, entreprises et habitants des territoires concernés).

Ce dernier point nous amène à la question de l’identification des acteurs pertinents pour porter nos projets de revitalisation.

Or, c’est la nature des projets qui détermine l’échelon d’intervention. Pour les projets structurants, tels que les infrastructures ou les grandes zones économiques, l’échelon régional est privilégié, avec un soutien financier et stratégique des régions, comme c’est le cas pour le réaménagement de la friche Ford à Blanquefort. Les actions de proximité, qui nécessitent des solutions adaptées aux spécificités locales, sont quant à elles portées au niveau intercommunal. C’est ainsi que se concrétise notre projet de réhabilitation de la friche Renault à Choisy-le-Roi, soutenu par la coordination des intercommunalités.

Enfin, les partenariats publics-privés se révèlent indispensables pour mobiliser à la fois des ressources et des expertises. Un exemple concret de cette approche est le projet de la SEM de Tours, qui prévoit le développement de 30 hectares à Parçay-Meslay, avec la création de 900 emplois.

Ce qu’il faut retenir, c’est que chaque échelon a son rôle à jouer : la stratégie nationale doit se poursuivre pour les gros projets, comme les « clés en main France 2030 », les projets d’infrastructures ou de réseaux, et par le maintien de programmes ponctuels de développement local sur lesquels le programme Rebond industriel, par exemple, a eu un impact très vertueux. Les projets locaux « sur mesure » sont, bien entendu, à encourager et de plus en plus, ils devront privilégier la connectivité et impliquer les habitants. 

Pour conclure : quelles évolutions envisagez-vous dans le domaine des politiques de développement territorial, et quels en seraient, selon vous, les principaux leviers ou défis ?

Sur le long terme, on peut prévoir que les politiques de développement territorial devront relever plusieurs défis majeurs.

En premier lieu et évidemment, la transition écologique qui occupe une place prépondérante dans l’avenir du développement territorial. L’intégration de critères de durabilité, tels que les mobilités douces, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, est essentielle pour se conformer aux normes imposées par l’État.

Ensuite, l’intégration du numérique, à travers des infrastructures fiables et performantes, constitue un enjeu clé pour assurer la compétitivité et le bon développement de nos régions.

Parallèlement, les projets qui réussiront devront s’inscrire dans une dynamique de croissance locale. En cela, chez Axtom, nous estimons qu’il est de notre responsabilité de soutenir les circuits courts, de valoriser les artisans et les entrepreneurs pour renforcer l’économie locale. Enfin, l’un de nos objectifs pour stabiliser l’emploi local est d’améliorer l’attractivité résidentielle. Pour ce faire, nous souhaitons offrir aux habitants un cadre de vie de qualité, avec des logements et des services adaptés, afin d’attirer et de fidéliser une main-d’œuvre qualifiée dans nos territoires.