Rima Ayadi, à la force de ses poings

Publié le 16 avril 2024

La jeune femme aligne un parcours hors du commun. Elle s’est découvert une passion pour la boxe anglaise à 26 ans, intègre l’équipe de France un an plus tard, devient championne de France dans la foulée. La voilà fondatrice de l’association Premier Round qui popularise la pratique du sport auprès des femmes et des jeunes des quartiers. Et entrepreneuse.

C’est ce qu’on appelle un changement radical. À 26 ans, Rima Ayadi détestait le sport, se trimballait 22 kilos qu’elle jugeait superflus et menait une vie de cumularde de plusieurs jobs, dont chauffeur Uber et serveuse ! La rencontre de boxeurs, habitués du restaurant où elle travaille, va tout changer. « Dès les premiers coups que j’ai donnés au sac de frappe, toute la colère, la frustration que j’avais refoulée à l’intérieur sont ressortis, décrit Rima Ayadi. Ça a été le coup de cœur. » La boxe – plus particulièrement l’anglaise – l’ensorcelle. « Je me suis rapprochée de Saïd Bennajem, à Aubervilliers, qui avait été un précurseur de la boxe féminine, et je lui ai dit tout de suite que je voulais devenir championne. »

Contre l’avis de son entraîneur, elle mène son premier combat deux mois après, dans un challenge appelé Premier Round. Victoire au culot. « Je l’ai remporté avec mes tripes et non avec ma technique, mais ça m’a prouvé que je pouvais faire de la compétition », se souvient Rima Ayadi. Car elle doute. En partie à cause de son entourage.

Elle s’invente son modèle économique

S’ensuit un changement de vie pour se consacrer pleinement à sa nouvelle passion. « J’arrivais à atteindre chaque nouvel objectif que je me fixais, de quoi me donner une forte confiance en moi. » Contre les attentes de (presque) tous, elle se forge sa carrière à force de conviction. « Mon entraîneur me disait qu’il y a des athlètes plus fortes, plus expérimentées, mais qui n’ont pas mon mental, explique la championne. C’est grâce à ça que j’avance. » Elle intègre l’équipe de France à 27 ans, perd ses kilos, passe professionnelle en décembre 2019, avec son entraîneur Abadila Hallab, du club des Mureaux, dans les Yvelines. Trois succès de suite stoppés net par la covid. Qu’importe : Rima Ayadi persévère, invente un nouveau modèle économique pour les combats de boxe à base de sponsoring, sans promoteur, en organisant elle-même ses combats !

En décembre 2020, elle décroche le titre de championne de France des superplumes, puis enchaîne les victoires. En ligne de mire : un championnat d’Europe, un titre mondial, les JO… Puis une autre vie : Rima Ayadi, qui se décrit elle-même comme « une femme pressée », n’entend pas rester boxeuse toute sa vie.

Le sport, un parfait outil d’inclusion sociale

Elle va engager cette même détermination dans tous ses projets. Le premier : son association Premier Round – comme son premier combat. À l’aide d’un ring mobile, elle promeut la boxe auprès des femmes et des jeunes des quartiers. Une façon d’engager le dialogue et de briser des stéréotypes. « On peut aider les gens chez eux, le sport est un parfait outil d’inclusion sociale », démontre-t-elle. L’association se hissera à l’échelle nationale tout en nouant des partenariats avec les acteurs locaux. Dans la foulée, la puncheuse développe également sa première entreprise, dans le domaine du sport-business, autour du team building. « Tout est possible, sourit Madame Ayadi. Il suffit de s’écouter soi-même, peu importe l’idée. »