Le FMI alerte contre les risques pour l’économie mondiale d’un développement massif des cryptomonnaies

Publié le 20 octobre 2021

L’institution financière basée à Washington a appelé les gouvernements à durcir la règlementation des cryptomonnaies. Un marché de plus en plus en proie à l’instabilité financière, à la fraude et au financement du terrorisme.

Avec une valeur marchande multipliée par 10 depuis le début de l’année 2020, les actifs cryptographiques – monnaies numériques – continuent d’agiter les bourses, laissant quelques zones d’ombres au tableau de la réglementation. Pour limiter l’impact de cette croissance exponentielle, le FMI exhorte les gouvernements à mettre en place un contrôle plus actif et collaboratif.

Carton jaune pour les cryptomonnaies

C’est un nouveau pavé dans la marre que jette le FMI. Alors que le succès des cryptomonnaies se confirme, l’institution financière pointe du doigt le manque de pratiques solides pour les nouvelles monnaies virtuelles en matière de gouvernance et de risque. Une inquiétude que Dimitris Drakopoulos, Fabio Natalucci et Evan Papageorgiou, auteurs du chapitre sur la stabilité financière mondiale du prochain Rapport du FMI, ont partagé face à leur expansion de plus en plus pressée.

Alors que près de la moitié des banques centrales du monde prévoit de lancer leurs propres monnaies virtuelles, plus sûres selon elles que les cryptomonnaies pures, les auteurs du chapitre ont rappelé les troubles majeurs qu’ont connu les transactions de monnaies virtuelles lors des perturbations du marché. Le vol lié au piratage de fonds de clients est l’un des exemples saillants. Si ce type d’incidents n’a eu qu’un impact mineur sur la stabilité financière mondiale, il est sûr que l’accélération des échanges de monnaies virtuelles accroît considérablement les risques.

Premières mesures de restriction

« Créées uniquement à des fins de spéculation ou même de fraude pure et simple », certaines devises pourraient constituer un risque pour les consommateurs (divulgation ou encore surveillance inadéquate). Plus encore, la question de l’anonymat des actifs cryptographiques reste discutable, pouvant créer des brèches dans lesquelles pourraient se glisser le blanchissement d’argent et le financement du terrorisme. Autre point noir souligné par l’institution : la multiplication par quatre de l’offre de stablecoins, des cryptomonnaies dont le but est d’arrimer leur valeur (généralement par rapport au dollar américain), à 120 milliards de dollars en 2021. En raison de la composition de leurs réserves (en réalité soutenues par des dettes d’entreprise à court terme), les stablecoins font notamment l’objet de critiques.

Conscients des risques potentiels que ces nouvelles monnaies virtuelles font peser sur les économies mondiales, certains Etats ont d’ores et déjà limité leur utilisation. L’Argentine, le Mexique et la Thaïlande ont par exemple empêché les bourses de proposer des jetons présentant des caractéristiques particulières. La Chine est à ce jour la seule à avoir rendu illégaux les échanges en cryptomonnaies pour éviter le déraillement de son système financier.

Des premiers pas pour le FMI, qui estime que « les régulateurs et les superviseurs doivent être en mesure de surveiller les développements rapides dans l’écosystème cryptographiques et les risques qu’ils créent en s’attaquant rapidement aux lacunes en matière de données ». Encore faut-il que les gouvernements s’accordent sur une politique commune.