Pacific Gas and Electric (PG&E), qui a plaidé coupable pour un incendie meurtrier de certaines de ses lignes en 2018, annonce l’ensevelissement de ses lignes électriques en Californie. Le projet d’enterrer 16 000 km de câbles devrait coûter plusieurs dizaines de millions de dollars au fournisseur d’électricité et lui permettre d’éviter des incendies meurtriers avec les étés de plus en plus chauds.
Basé à San Francisco, PG&E fournit 5 millions de clients dans le nord et le centre de la Californie. Mais depuis quelques années, les feux sont passés sous les ponts et le fournisseur californien a été accusé de faire passer les profits des actionnaires avant la sécurité de ses installations. Cette année encore, il est accusé d’avoir involontairement fait partir des feux toujours en train de ravager les forêts de la côte Ouest.
En 2018, se retrouvant devant les tribunaux, il avait reconnu son implication et avait plaidé coupable de 84 homicides involontaires, et avait dû payer des dizaines de milliers de dollars de dommages et intérêts. La région de Paradise avait alors été dévastée et 18 000 bâtiments avaient été réduits en cendres. Aujourd’hui le “Dixie Fire” a pu être causé par des lignes défectueuses. Face aux accusations, Patricia Pope, PDG de PG&E, a annoncé vouloir enterrer une bonne partie du réseau pour éviter de nouveaux incidents.
Pacific Gas and Electric officials on Wednesday announced a multi-year effort to bury power lines in areas of California where the wildfire risk is the highest. https://t.co/zNTQP7M9UJ
— KPIX 5 (@KPIXtv) July 21, 2021
Une mauvaise gestion des risques
Les terribles destructions par incendie causées par les lignes défectueuses sont d’ailleurs à l’origine des difficultés financières du groupe. L’entreprise a d’ailleurs souvent été épinglée pour la négligence de la sécurité du public, mais aussi pour avoir des installations désuètes et des manquements répétés à l’entretien de ses lignes à hautes tensions.
L’annonce aurait dû être donnée dans quelques mois mais le public se sentait de plus en plus concerné par la sécurité face aux incendies, elle a donc été avancée pour éviter un battage médiatique dans un contexte énergétique tendu. Toutefois, cette volonté d’améliorer le réseau d’un État fédéral s’inscrit également dans un plan plus large de la politique de Joe Biden. Le président des États-Unis a en effet débloqué 73 milliards d’euros pour rénover et amener le réseau existant vers son adaptation au dérèglement climatique.
Restaurer un réseau défaillant
La question du réseau électrique est centrale pour les États-Unis. Contrairement à la France, l’étendue du territoire de certains états centraux avec une densité d’habitant au km2 très faible pose la question de l’autonomie énergétique ou bien d’un réseau d’envergure pour quelques zones d’habitations, à l’inverse des zones très densément peuplée n’ont pas un réseau adapté à la demande. La vague de chaleur record du mois de juillet a obligé les autorités locales de demander d’augmenter la température des climatiseurs pour éviter de surcharger les réseaux électriques et d’utiliser le moins d’électricité possible.
Le réchauffement climatique entraîne en effet des dysfonctionnements dans le réseau électrique amenant parfois à des incendies. Face aux problématiques des coupures répétées, les ventes des groupes électrogènes ont augmenté de plus de 40%. Toutefois, l’achat de groupe électrogène n’est pas une solution à long terme car ils sont pour la plupart polluants et utilisables seulement pour une durée définie par leur capacité de production. Joe Biden s’attaque donc à un gros volet de la transition énergétique américaine en voulant engager un réseau d’énergie renouvelable et des infrastructures nouvelles.