Il y aura de nouveau du paracétamol made in France à partir de 2023

Publié le 08 juillet 2021

La crise sanitaire a largement remis en question certaines des délocalisations de production pharmaceutiques passées. C’est dans ce climat qu’Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé, ainsi qu’Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des finances, ont annoncé le retour de la production du paracétamol en France dès 2023.

La molécule du paracétamol est aujourd’hui produite en grande partie dans les pays asiatiques. En 2008, la fermeture de la dernière usine productrice de ce médicament avait été fermée par Rhodia, soulevant un certain nombre d’interrogations d’ordre stratégique. Petit à petit, les différents groupes pharmaceutiques ont délocalisé leurs productions vers les pays d’Asie. Mais l’année passée a mis en exergue la nécessité d’une production nationale.

Ainsi cette relocalisation de la part de Sequens intervient alors même qu’Emmanuel Macron présentait sa stratégie de relocalisation des chaînes de production du paracétamol sur les trois prochaines années. Le paracétamol est d’autant plus important qu’il est consommé en grande quantité, 500 millions de doses annuellement et représente 22% du marché des médicaments.

Une usine flambant neuve

Seqens annonce que la nouvelle usine de fabrication des molécules sera installée sur son site de Roussillon dans l’Isère. Le leader de la synthèse pharmaceutique est un habitué du paysage français, sur les 24 usines qu’il exploite 14 réside en France. En novembre dernier, Seqens avait envisagé consacrer 65 millions d’euros à la relocalisation de la production de 5 molécules qui entrent dans la composition de médicaments ayant fait défaut pendant la crise. L’usine annoncée pour 2023, devrait être en capacité de produire 10 000 tonnes du médicament pour Sanofi et Upsa qui distribuent le paracétamol sous le nom des fameux Doliprane et Efferalgan.

La construction sera financée en partie par le plan de France Relance toutefois le montant n’a pas encore été divulgué. L’entreprise de la banlieue lyonnaise connaît bien le paracétamol car il l’exploite déjà dans deux usines chinoises. Toutefois les usines pharmaceutiques des pays asiatiques sont souvent critiquées pour leur pollution face à cela Seqens joue la carte de la protection de l’environnement en annonçant une usine iséroise 5 à 10 fois moins polluante.

La santé : enjeux de souveraineté

La problématique du manque de masques, de médicaments et de place dans les hôpitaux en plein cœur de la pandémie inquiète toujours du côté de l’exécutif, comme de nombreux Français. Lundi dernier, Emmanuel Macron était au forum Choose France pour rencontrer les futurs investisseurs d’ambitieux projets et présenter son bilan. Parmi ces patrons, un certain nombre provenaient du secteur pharmaceutique. Sur 22 projets présentés, 3 sont directement liés à la santé, à la production et à l’innovation du secteur. Novo Nordisk va augmenter la production d’insuline dans ses sites français afin de répondre à une demande toujours plus croissante d’une population sédentarisée et vieillissante.

Biogen prévoit la création de postes pour la recherche fondamentale tandis que le laboratoire allemand Merck va investir 175 millions sur ses sites de Molsheim et Martillac. D’autres projets font l’objet d’appels d’offres car c’est une enveloppe de 200 millions d’euros qui sera allouée à la relocalisation de la production pharmaceutique. Des projets comme celui de Seqens permettront non seulement la création d’emplois mais aussi une autonomie stratégique vis-à-vis des pays étrangers exportateurs de médicaments.