Certains états américains connaissent actuellement des périodes de tensions énergétiques fortes liées aux vagues de chaleur caniculaire. Dans les années à venir, la France pourrait connaître elle aussi le même sort, et les professionnels du réseau électrique français se penchent donc sur la question de la résistance des infrastructures au changement climatique .
Alors même que le Haut Conseil pour le climat dresse un bilan mitigé des efforts fournis par la France, certaines régions du monde sont en proie à des difficultés sur leurs réseaux électriques. La cause de ces problèmes est simple : le réchauffement climatique. Le mercure grimpe jusqu’à 47° C dans l’Ouest américain avec toutes les conséquences qu’il entraîne et les coupures de courant sont donc plus soudaines et plus nombreuses.
L’usage massif des climatiseurs entraîne également une surtension qui peut dégrade les lignes électriques. Lors des pics de température, ils représentent ainsi jusqu’à 70% de la consommation du réseau. Dans une tentative d’éviter la surchauffe des câbles d’acheminement de l’énergie, Caiso, le gestionnaire du réseau californien, a donc demandé aux particuliers de ne pas climatiser en dessous de 25°C . Ce cas concret du réchauffement climatique inquiète les distributeurs d’énergie français et les amène à chercher les causes, les conséquences et les solutions à ce problème dans l’hexagone.
How extreme heat is affecting California’s electrical grid https://t.co/8RoBUIXtVN
— The Independent (@Independent) June 18, 2021
Une production d’électricité dégradée
Les vagues de chaleur ont d’abord des conséquences sur les moyens de production. Ces épisodes de sécheresse ont tendance à diminuer la disponibilité de l’eau, et les centrales nucléaires ne peuvent pas tourner à plein rendement à cause de la législation sur la température de l’eau rejetée. De même, les barrages hydroélectriques doivent tourner au ralenti car ils ont moins de matière hydrique. Même les méthodes de production privilégiées par la transition écologique sont dégradées.
Les panneaux photovoltaïques eux aussi perdent en rentabilité et en performance à cause de la chaleur. Enfin, le vent à tendance à s’estomper dans ces périodes et le secteur de l’éolien avec lui. Les épisodes caniculaires de 2003 et 2019 ont fait la preuve qu’une surtension était possible sur nos réseaux nationaux, notamment avec l’arrêt ou la réduction de la production électrique d’un cinquième des centrales nucléaires. Toutefois la consommation estivale de 54, 9 GW est moindre comparés aux périodes hivernales à 83,2 GW en France. Ainsi, les coupures de courant à cause de la surtension sont très rares et ne sont pas préoccupantes à ce stade.
La modernisation du réseau comme riposte ?
La culture française n’est pas au climatiseur pour le moment puisqu’elle ne représente qu’1% de la consommation annuelle française tandis qu’elle atteint 16 % aux Etats-Unis. Même pendant les vagues de chaleur, l’écart entre les deux pays reste très grand. Les résidences américaines au plus fort de la canicule enregistrent 70 % de leur consommation pour les climatiseurs contre 25 à 30 % dans la consommation résidentielle française. Le Réseau de transport d’électricité (RTE) et EDF ont malgré tout déjà commencé des travaux d’envergure pour moderniser les lignes à haute tension.
En effet, depuis 2010, 16 000 km de câbles ont été renouvelés. Mais du chemin reste à parcourir, car ce ne sont pas moins de 30 000 km du réseau qui sont toujours classés comme accidentogènes. Le directeur technique d’Enedis, Antoine Jourdain, se veut rassurant car “80 % d’entre eux auront été changés d’ici à 2035”. Nous pourrons dormir sur nos deux oreilles cet été car même si Météo France s’attend à un climat chaud et sec, RTE ne s’alarme pas car les températures ne seront pas aussi élevées qu’en Californie.