C’était une première : la France a participé en invité d’honneur à une réunion du Visegrad. Rassemblant la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie, ce groupe s’est soudé en 1991 par la signature d’accords douaniers. Bruno Le Maire y voit une opportunité industrielle stratégique.
Le lundi 21 juin, le Ministre de l’Economie français Bruno Le Maire s’est ainsi rendu à Cracovie. Bien que cette Europe de l’Est soit très marquée économiquement par l’influence allemande, la France s’efforce sous le quinquennat d’Emmanuel Macron de tisser des liens solides en participant chaque année au sommet des Tatras en Slovaquie (à l’exception du dernier puisque Bruno Le Maire était alors atteint du Covid-19).
Cet échange en Pologne fut animé par un sujet principal à savoir la création de nouvelles chaînes de valeur supranationales. L’ambition de ce projet est principalement de rendre l’Europe davantage indépendante vis-à-vis de la Chine sur le plan industriel. Parmi les secteurs évoqués nous retenons les médicaments, les semi-conducteurs mais aussi l’industrie énergétique.
La France partage le même constat que les pays du groupe de Visegrad 🇵🇱🇭🇺🇸🇰🇨🇿 : l’industrie a un rôle décisif dans la relance économique de l'🇪🇺.
À Cracovie, nous avons approfondi nos coopérations industrielles dans des secteurs stratégiques comme la santé et le nucléaire. pic.twitter.com/HpT5a9AvaB
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) June 21, 2021
Le ministre a salué « la singularité du V4 » qui « réside dans le caractère industriel de chacun de ses pays ». Parmi les pays du Visegrad, deux forces industrielles se distinguent : la Slovaquie qui s’est concentrée dans la création d’un atelier de sous-traitance automobile, principalement à destination de la filière allemande, et la Hongrie qui, quant à elle, possède des avantages pharmaceutiques majeurs.
Une coopération pour les médicaments et l’énergie
La réunion de la France avec les quatre pays du Visegrad a finalement abouti à la signature d’une déclaration commune encourageant la coopération pour le développement et la production de médicaments. Ensemble, ils s’entendent aussi pour multiplier les projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC). Cette dénomination initiée en 2014 désigne les projets qui unissent à minima quatre pays européen et permet d’accorder pour ces derniers des aides d’Etat importantes pour la recherche et le financement d’usines.
« Nous voulons adopter le PIIEC sur l’hydrogène avant la fin 2021 » a insisté Bruno Le Maire. Le nucléaire a aussi été un sujet majeur car les membres du V4 souhaitent que l’Union Européenne l’accepte le classement des activités « vertes » qui peuvent bénéficier de financements préférentiels. Jusque-là, la France manifestait sa volonté de l’intégrer dans cette taxonomie, contre l’avis de l’Autriche et l’Allemagne qui plébiscite davantage le gaz. La Pologne, qui devrait d’ailleurs fermer la centrale à charbon la plus polluante d’Europe d’ici 2036, va s’équiper de son premier réacteur nucléaire d’ici 2033. La Commission européenne a délaissé ces sujets sensibles au profit d’une liste d’activités « vertes » publiée en avril. La prochaine sera dévoilée à l’automne.