Antonio Guterres devrait rester Secrétaire Général des Nations-Unies cinq ans de plus

Publié le 15 juin 2021
A. Guterres

Le Secrétaire Général des Nations-Unies joue les prolongations après avoir obtenu le feu vert du Conseil de sécurité ce mardi 8 juin. Le Portugais de 72 ans devrait prendre de nouveau la tête des Nations-Unies de 2022 à 2027, après avoir évincé les candidatures individuelles de sept candidats surprise. Les 193 pays de l’Assemblée Générale devront toutefois apporter leur confirmation le 18 juin prochain.

Qualifié « d’excellent secrétaire général » par l’ambassadeur estonien Sven Jurgenson, actuel président du Conseil de sécurité, Antonio Guterres s’est illustré au cours des quatre dernières années et demie en faisant notamment rempart au multilatérisme sous l’administration Trump. Un bâtisseur de ponts qui, malgré les entraves, a su gérer les relations conflictuelles entre les Etats-Unis, l’Empire du milieu et la Russie. Ses équipes ont également été saluées pour avoir maintenu l’Organisation à flot, malgré le manque de fonds versés par les pays membres.

Crise de la crédibilité sur fond de divergences intestines

Mais alors que les crises se poursuivent sur le front syrien, libyen, malien et yéménite, la crédibilité de l’ancien Premier ministre portugais a pu parfois vaciller. Ses détracteurs lui reprochent en effet l’incapacité à imposer des sorties de crise effectives, ainsi qu’un manque de fermeté quant aux condamnations des violations de Droits de l’Homme, notamment sur le dossier épineux des Ouïghours en Chine ou encore celui des violations russes en Syrie. Rappelons que le Secrétaire général avait annoncé un vaste projet de réformes en 2017 à son arrivée à la tête de l’institution. Même s’il s’est souvent dit limité face à un Conseil paralysé, Antonio Guterres s’est engagé contre le changement climatique et a su maintenir son rôle de chef de la diplomatie mondiale aux prémices de la pandémie de coronavirus, sommant le 22 mars 2020 un « cessez-le-feu global », qui n’a pourtant pas porté ses fruits.

Cette année, sept candidats ont proposé leur candidature, sans toutefois avoir obtenu les faveurs de l’ONU. L’ONU a pourtant reconnu suivre la décision du Conseil de sécurité, à savoir accepter uniquement des candidats soutenus par un Etat membre. Mais en théorie, aucun texte ne stipule cette condition. Une décision qui, pour certains, défit le principe d’élections libres et de démocratie. Malgré ces divergences, Antonio Guterres a su s’attirer les bonnes grâces des cinq membres permanents du Conseil, le « P5 », à qui revient implicitement le dernier mot. Le Secrétaire Général élu pour la seconde fois devra sans doute faire face à ces vieux démons pour rétablir la confiance en l’institution ces prochaines années.