Comment Bercy veut soutenir les entreprises dans les prochains mois

Publié le 04 juin 2021
BLM

Le Ministère de l’Economie et des Finances a dévoilé la stratégie dédiée à la sortie de crise des entreprises françaises. De nombreux engagements sont pris, incarnés par une nouvelle figure, celui du “Conseiller national à la sortie de crise” affilié au ministère  de la Justice.

Mardi 1er juin, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a mené une conférence de presse pour présenter sa stratégie d’accompagnement pour les entreprises françaises. « C’est la phase la plus délicate, et il faut faire du sur-mesure » confirme t-il. Ce plan est pensé selon trois axes majeurs : la détection anticipée des entreprises en difficulté, l’orientation et enfin l’accompagnement de ces dernières vers les solutions viables. Le dispositif se veut volontairement graduel pour inviter les chefs d’entreprises à se détacher progressivement du “quoi qu’il en coûte” et de l’ensemble des aides publiques qui les soutiennent depuis plus d’un an. 

Alors que la reprise économique est amorcée et que le Ministre de l’Economie envisageait fin mars un nouvel impôt qui toucherait les ménages français pour rembourser la dette du Covid, ce plan était extrêmement attendu. Cette stratégie est à étudier avec prudence puisqu’elle ne concerne que 5 à 8%  des entreprises françaises selon la Banque de France. En effet, Bercy évoque vouloir accompagner les « entreprises fragilisées par la crise, mais qui restent viables économiquement » ainsi que « celles dont la dette a augmenté et dont la trésorerie a diminué au cours des derniers mois ». Sont principalement concernées les sociétés hôtelières, la restauration, quelques industriels et commerces.

Afin de détecter les entreprises en difficulté, Bercy souhaite user d’« algorithmes »  ou encore de « l’intelligence artificielle ». De fait, les données récoltées par la DGE, les URSSAF, la Banque de France et la DGFIP seront étudiées afin que les entreprises en situation critique puissent être contactées de façon confidentielle par les acteurs publics. Viennent ensuite les solutions financières. Les petites entreprises ont déjà accès au PGE et prêts exceptionnels directs qui sont maintenus jusqu’à la fin de l’année 2021. Et à cela s’ajoute un nouveau fonds de 3 milliards d’euros destiné aux grandes et moyennes entreprises afin  « d’assurer une transition dans la sortie de crise […] entre des difficultés conjoncturelles d’une entreprise et le retour à la normale ».

Un dispositif déployé au cas par cas

Un numéro (0 806 000 245) est mis à disposition pour permettre aux chefs d’entreprises de poser directement leurs questions. Cette ligne, qui a pour but d’« orienter le chef d’entreprise vers les solutions » disponibles pour lui en sortie de crise, sera tenue par une personne unique. Choisi à l’échelle locale pour assurer une certaine proximité, c’est le conseiller départemental de sortie de crise qui sera chargé de répondre à ces interrogations. 

Les demandes seront étudiées individuellement par un comité consultatif et les aides seront accordées sur des critères économiques uniquement aux « entreprises qui seront viables ». Ainsi le Ministre a considéré que « l’argent du contribuable ne doit aller qu’à des entreprises viables économiquement » et que l’annulation massive de dette n’est pas une solution raisonnable.

C’est le conseiller national à la sortie de crise, associé au ministère de la Justice qui émettra un avis sur chacun des dossiers. Cette responsabilité a été confiée à Gérard Pfauwadel qui a jugé qu’entre “les tribunaux de commerce, la médiation des entreprises, les experts-comptables, et d’innombrables intervenants encore : oui, c’est la jungle pour le chef d’entreprise qui rencontre des difficultés et ne sait à qui s’adresser » et affirmé que « le rôle du comité national à la sortie de crise consistera à planter des panneaux indicateurs dans cette jungle, afin de permettre aux responsables, dans les entreprises, de se diriger vers le bon service ». Bruno Le Maire, confiant, a confirmé que « nous retrouverons, au premier trimestre 2022, notre niveau d’activité d’avant crise ».