Bruno Le Maire envisage la mobilisation d’une partie des recettes de l’impôt sur les sociétés pour rembourser la dette Covid

Publié le 29 mars 2021
FILE PHOTO: French Economy and Finance Minister Bruno Le Maire speaks during a presentation of the details for the end of the country's lockdown imposed to curb the spread of the coronavirus disease (COVID-19), at the Hotel Matignon in Paris, France May 7, 2020. Christophe Archambault/File Photo

Alors que la dette Covid s’accumule, le ministre de l’Economie s’est refusé à la création d’un nouvel impôt qui toucherait les ménages français. Pour la rembourser, il propose de mobiliser une partie des futures recettes de l’impôt sur les sociétés. Un pari sur l’avenir qui n’aura d’effet que lorsque les entreprises retrouveront leur santé et que la croissance aura rebondi. 

Sous perfusion depuis un an déjà, l’économie française a bénéficé de 134 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat, selon les données publiées par France Stratégie. Une aide qui a permis à près de 700 000 entreprises tricolores de préserver leur trésorerie. 

Une stratégie du “donnant-donnant”

Pour soutenir le redémarrage de l’économie hexagonale, le gouvernement s’active pour trouver une issue de secours. A l’occasion d’une séance à l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire a ainsi émis l’hypothèse d’un remboursement de ladite dette par le prélèvement d’une partie des recettes générées par la croissance supplémentaires des entreprises

Une bouteille à la mer lancée par le ministre de l’Economie qui n’a pas manqué de rappeler le rôle salvateur de l’Etat dans cette épreuve commune : “Nous avons permis aux entreprises de résister à cette crise”. Il est désormais temps de faire les comptes. Après avoir bénéficié des aides gouvernementales, à l’instar du fonds de solidarité, des prêts garantis par l’Etat ou encore du chômage partiel, l’Etat espère des entreprises un renvoi d’ascenseur. “Les entreprises vont rendre ce qu’elles ont réussi à obtenir grâce à la protection de l’Etat”, explique-t-il, jouant la carte du “donnant-donnant”. 

215 milliards d’euros d’endettement public supplémentaire

En portant la dette publique à près de 120 % du PIB en 2020, la crise a engendré un endettement public supplémentaire de 215 milliards d’euros. Sur la base du système existant pour l’apurement de la dette sociale pré-Covid, les 75 milliards d’euros issus de celle-ci, portant sur les organismes sociaux, devraient être cantonnés par la Caisse d’amortissement de la dette sociale et remboursés par le prolongement de la CRDS (le prélèvement sur les salaires). 

Malgré la flambée de la dette, l’hypothèse d’un nouvel impôt a été écartée, et la question de la soutenabilité de la dette mise à son tour sur la table. Des économistes ont à cet effet proposé son annulation partielle, entrant en parfait désaccord avec le ministre de l’Economie, qui estime cette conjecture “dangereuse” et inutile”. Quoi qu’il en soit, M. Le Maire mise sur la reprise de la croissance et sur les “réformes structurelles” pour la rembourser. Mais la difficile progression de la campagne vaccinale à laquelle s’ajoute l’instauration des mesures de freinage dans de nombreuses communes françaises pourrait encore peser lourd sur l’économie et faire à nouveau gonfler la facture.