Vers une interdiction de vente des véhicules essence et diesel dans l’UE en 2035 ?

Publié le 26 mars 2021

En juin prochain, la Commission européenne dévoilera son projet visant à réduire les émissions de CO2 des automobiles. Elle proposerait notamment d’interdire la vente des voitures thermiques d’ici 2035. 

Après le renforcement en décembre 2020 de ses objectifs de réductions des émissions à effet de serre d’ici à 2030, l’Union européenne s’apprête à dévoiler une nouvelle réglementation qui envisage d’interdire la vente des voitures à moteur thermique sur le continent dès 2035. Ce projet a notamment pour but d’accélérer le passage au tout électrique et à l’hydrogène et de motiver les industriels comme les consommateurs à anticiper la transition énergétique le plus rapidement possible.

Le “Green deal”

Ce projet s’inscrit dans la mise en oeuvre du “Green deal”, le Pacte vert pour l’Europe souhaité par la Présidente Ursula von der Leyen, qui constitue un ensemble d’initiatives politiques proposées par la Commission européenne avec pour principal objectif de rendre l’Europe climatiquement neutre en 2050.  Il vise notamment à supprimer les moteurs essence et diesels en faveur des moteurs électriques et à l’hydrogène. La question n’est pas de savoir si ce projet verra le jour, mais plutôt quand ces mesures seront prises. Selon des proches du dossier, la Commission pencherait ainsi sur 2035. 

Cette date constituerait un point d’équilibre entre les différentes positions des Etats membres. Certains Etats comme le Danemark, les Pays-Bas et l’Irlande souhaitent interdire les moteurs thermiques pour les voitures neuves dès 2030, pendant que d’autres, notamment la France, font allusion à 2040. La décision va surtout reposer, comme souvent en matière d’automobile, sur les positions de l’Allemagne, les efforts déployés par les constructeurs allemands étant perçus de façon assez positive par Bruxelles. 

Développer les infrastructures 

Le 10 mars dernier, neuf États membres ont adressé un courrier à la Commission en l’invitant à fixer une date à partir de laquelle les ventes de moteurs thermiques seront interdites. L’objectif de cette demande est naturellement d’envoyer un signal aux constructeurs ainsi qu’aux consommateurs afin de leur donner de la visibilité pour le futur. De nombreux constructeurs ont récemment annoncé tourner le dos peu à peu aux moteurs thermiques, quant aux autres, ils vont sûrement devoir revoir leur stratégie et concentrer leurs efforts sur les véhicules 100 % électriques. Toutefois, cette décision ne sera pas sans conséquences concrètes dans l’organisation des industries automobiles européennes et suppose une anticipation de la réglementation dans les pays-membres.

Selon les explications de Pascal Canfin, Président (Renew Europe / Centre) de la commission du développement durable et de l’environnement au Parlement Européen, seuls les véhicules électriques seront en mesure de respecter les normes fixées pour les prochaines années : “le standard de CO2 sera tellement strict qu’en l’état actuel des technologies et des anticipations sur les technologies thermiques essence et Diesel, les motorisations ne pourront pas être « compliantes » avec le nouveau standard”. 

Autre éléments important : le développement de nouveaux modèles de bornes sur l’intégralité du territoire européen et la conception de davantage de batteries sont essentiels à la réussite de la révolution à venir. L’Europe, sous l’élan de Paris et Berlin, entend par la même occasion développer un vaste programme industriel de production de batteries électriques. Stratégique, il peut également permettre de soutenir l’économie européenne dans sa relance post-Covid. Concernant les infrastructures, une récente étude réalisée par l’Union Française de l’électricité a révélé qu’en France, le nombre de bornes de recharge n’a pas augmenté dans les mêmes proportions que celles des ventes de voitures électrifiées, ce problème est valable également pour l’ensemble de l’Europe. Un défi essentiel pour les industriels dans les prochains mois, dont de nombreux dirigeants ont compris le caractère stratégique pour notre pays et pour l’Europe.