L’Autorité de Sûreté Nucléaire prolonge la durée de vie de 40 à 50 ans des plus vieux réacteurs nucléaires en France

Publié le 01 mars 2021
Tricastin

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a annoncé jeudi la prolongation de la durée de vie des plus vieux réacteurs nucléaires français. Ces derniers devraient donc encore fonctionner pendant 40 à 50 ans, selon la date de leur mise en service.

La décision de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) était très attendue puisqu’elle détermine l’avenir de 32 réacteurs de 900 MW, en l’occurrence les plus anciens du pays. C’est officiel depuis jeudi : le gendarme du nucléaire a acté le rallongement de leur durée de vie de 40 à 50 ans suivant certaines conditions. Parmi les centrales concernées, on retient celles de Bugey (Ain), Blayais (Gironde), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Saint-Laurent (Loir-et-Cher) et du Tricastin (Drôme). Si elles étaient conçues à l’origine avec une limite d’utilisation dans le temps, EDF avait tout de même envisagé une durée de vie équivalente à 40 ans, un âge déjà atteint par la plupart des centrales concernées. Plusieurs conditions de suivi sont donc inhérentes à cette prolongation décidée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). De fait, EDF est missionné pour réaliser des tests et des travaux afin d’améliorer la sûreté des centrales concernées, ainsi qu’un compte-rendu public annuel pour permettre à chacun de suivre l’évolution de ces engagements.

La mise en œuvre de ces améliorations va durer plusieurs années, afin de permettre à ces organes de fonctionner après leur quatrième “réexamen périodique”, qui a lieu tous les 10 ans. Ces conditions d’application de la mesure, ont plusieurs ambitions. Le “premier objectif est de réduire les conséquences des accidents et notamment des accidents graves, avec une fusion du cœur du réacteur”, a expliqué Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN. Il s’agit ensuite de solidifier les installations pour prévenir de potentielles agressions externes (séisme, inondation, chaleur extrême) et internes (incendie). Enfin, Julien Collet évoque aussi l’importance d’un renfort “au niveau de la piscine d’entreposage des combustibles usés”. Les enjeux de ces améliorations sont importants puisque la France détient un quasi-record mondial, avec près 70% de son électricité issue du nucléaire. Bien que l’objectif fixé soit d’abaisser cette donnée à 50 % en 2035, de nouvelles constructions de réacteurs demeurent envisagées.

Face à l’ASN, les opposants réclament une fermeture accélérée des plus anciens réacteurs

Cette décision n’a pas manqué de faire réagir les opposants au nucléaire, qui réclament depuis longtemps la fermeture de ces vieilles centrales, à l’image de celle décidée l’an passé pour Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne des centrales françaises. Greenpeace, qui reproche une prise de décision précipitée, un mois seulement après la consultation publique, déclare aussi que « les centrales nucléaires françaises en activité ont été conçues pour fonctionner entre 30 et 40 ans. Au-delà, les réacteurs nucléaires entrent dans une phase de vieillissement inconnue » affirme l’association.

Dans un entretien pour Ouest France, le président de l’ASN, Bernard Doroszczuk, avait d’ailleurs admis « des points de faiblesse sur l’état des matériels importants pour la sûreté ». De fait, en soutien des examens génériques préparés, des préconisations individuelles pour chaque centrale devraient bientôt être détaillées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour la bonne application de cette mesure. Une décision qui ne manquera en tout cas pas de faire débat à l’approche des échéances présidentielles en 2022, et alors que le débat sur les modes d’énergie les plus pertinents pour assurer la relance de l’économie et la protection de l’environnement reprennent de plus belle.