La tension monte entre les deux géants de la Silicon Valley Facebook et Apple. Le premier accuse notamment le second de pratiques déloyales en raison de la volonté du producteur de smartphone de limiter la publicité ciblée.
Le ciblage publicitaire, denrée précieuse de l’univers numérique est-il menacé ? Cette technique de marketing comportemental consiste à offrir aux usagers des réseaux sociaux, selon les comportement adoptés sur les plateformes, un accompagnement personnalisé des contenus afin que ceux-ci soient en accord avec leurs centres d’intérêts. Dans la dernière mise à jour de son logiciel d’exploitation prévue pour le premier semestre de 2021, Apple veut contraindre les applications présentes sur l’App Store à demander aux utilisateurs s’ils autorisent que leurs données personnelles soient collectées. Cette obligation de transparence inquiète Facebook qui y voit une volonté d’Apple d’asseoir sa position hégémonique en empêchant des entreprises de bénéficier de la vitrine publicitaire offerte par Facebook.
Le problème est que les développeurs d’application sont dans l’obligation de passer par l’App Store et que de nombreux usagers refuseront d’adhérer au ciblage publicitaire induit par le modèle économique de Facebook. Cette perte représente un manque à gagner considérable pour Facebook et les développeurs y faisant leurs publicités. L’entreprise de Mark Zuckerberg argue qu’Apple cherche à imposer des règles que lui-même n’applique pas.
Une bataille entre deux modèles économiques du digital ?
Afin de se défendre dans cette lutte entre GAFAM, Facebook préparerait un dossier visant à poursuivre juridiquement l’entreprise à la pomme. Cette bataille entre les deux colosses illustre la dichotomie existante entre leurs modèles économiques. Facebook tire ses revenus de services gratuits appuyés d’un ciblage publicitaire très élaboré, tandis qu’Apple bénéficie des recettes perçues par la vente de son matériel électronique et des services en ligne que l’entreprise propose.
Apple n’a été que peu inquiété au cours de son développement, mais les sociétés réfractaires sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses. Différents développeurs d’application reprochaient en effet déjà à Apple de percevoir des commissions trop importantes sur les ventes réalisées dans ses services. Certains procès sont en cours à ce sujet, notamment avec l’éditeur du jeu vidéo Fortnite, qui avait tenté de contourner le système et qui s’en est trouvé banni par la suite. Ici encore, Apple justifie sa politique par une volonté de sécuriser les données de ses utilisateurs.
Ce sera donc à la justice américaine de trancher sur ces différents combats juridiques engagés entre géants du web. L’enjeu est de taille et le sujet brûlant du fait de la défiance et la vigilance croissante des citoyens à l’égard de l’usage de leurs données personnelles et de leur existence numérique.