Cuba met fin au système unique des deux monnaies

Publié le 30 décembre 2020

Alors que la crise sanitaire et l’embargo américain affectent durement l’économie du pays, le gouvernement cubain a annoncé le 10 décembre 2020,  mener une réforme mettant fin au système unique des deux monnaies : le peso cubain et le peso cubain convertible. Une mesure aux effets et conséquences économiques notables.

Le système unique des deux monnaies – peso cubain (CUP) et peso cubain convertible (CUC) – s’achèvera à Cuba le 1er janvier 2021. C’est ce qu’a annoncé Miguel Diaz-Canel, le Président de la République cubaine,  le 10 décembre 2020. Ancré dans le quotidien des habitants de l’île depuis plus de 25 ans, ce système devrait être remplacé par une seule monnaie unique : le CUP. 

Annoncée et reportée depuis 2013, cette décision se justifie principalement par un contexte économique et financier complexe pour Cuba. En effet, alors que l’administration Trump renforce l’embargo,  la baisse significative du nombre de touristes en 2020 due à la Covid-19 devrait mener Cuba à une récession économique importante de près de 8%, selon la commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine. Les objectifs de cette réforme sont donc pluriels : séduire les investisseurs étrangers, relancer les exportations et, in fine, sauver l’économie cubaine. 

Une réforme monétaire aux conséquences importantes

Mise en place en 1994, sous Fidel Castro, l’introduction de ce système et du CUC entendaient permettre à Cuba de neutraliser le déploiement du dollar sur le territoire. Toutefois, l’instauration de ce dispositif, unique au monde, a créé de nombreuses inégalités entre les habitants eux-mêmes. Alors que le CUP équivaut 24 fois moins que le CUC, la majorité des fonctionnaires cubains sont payés avec la première monnaie tandis que l’ensemble des valeurs des produits importés est fixé en CUC. Un système qui ne permet pas à une grande partie de la population de bénéficier des produits importés et qui engendre des inégalités de salaires importantes. 

Toutefois, la mise en place de ce nouveau système, qui devrait s’étaler sur plusieurs mois, devrait avoir des conséquences notables sur le pouvoir d’achat des Cubains. En effet, à l’image de l’eau ou encore du pain, les valeurs de certains produits et services, régulés par l’Etat cubain, vont fortement augmenter. Une inflation pouvant affecter le portefeuille des Cubains alors que ces derniers touchent en moyenne, selon le Bureau national des statistiques, 37 dollars par mois soit environ 30 euros. 

Face à ce constat, l’exécutif cubain a d’ores et déjà décidé d’élever les salaires minimums et les pensions de retraites. Des mesures jugées insuffisantes par certains spécialistes de l’Amérique latine, à l’instar de Janette Habel, maître de conférence qui indique au micro de France Culture qu’il s’agit “[d’]une mesure inégalitaire et donc il y a un vrai mécontentement parce que cela aggrave les différences sociales dans cette société qui n’y a pas été habituée jusqu’à une époque récente.”