Plus unilatéraliste qu’isolationniste, Trump pense que c’est en s’affranchissant des règles internationales qu’il pourra redonner à son pays sa puissance passée.
Depuis janvier 2025, le monde observe, incrédule, un bouleversement des règles internationales qui ont régi l’ordre mondial. Paradoxalement, ce changement est mis en œuvre par le pays qui avait instauré ces règles.
Vers la fin des « Trois Glorieuses »
Nous vivons sans nul doute la clôture de la période ouverte par les « Trois Glorieuses » de la fin du XXe siècle : la chute du mur de Berlin en 1989, la promesse d’un « nouvel ordre mondial » en 1990 et l’implosion de l’URSS en 1991. Ces événements avaient propulsé la planète dans une nouvelle ère dominée par l’hyperpuissance américaine et l’hypermondialisation.
Sous l’égide de Washington et d’institutions multilatérales comme l’ONU et l’OMC, la démocratie et le libre-échange progressaient de pair. C’est dans ce monde plus sûr et plus ouvert que les entreprises ont optimisé leur production via des chaînes de valeur globales.
Une brève période d’optimisme
Dès 2001, avec les attentats du 11-Septembre, l’hyperpuissance américaine a engagé une lutte contre le terrorisme dans laquelle elle s’est fourvoyée. Dans le même temps, la Chine, entrée à l’OMC, connaissait une croissance fulgurante jusqu’à devenir la deuxième puissance économique mondiale et un rival objectif des États-Unis.
In fine, la mondialisation, entamée par les pays occidentaux, a surtout profité aux émergents. En s’insérant dans les chaînes de valeur globales, ces États ont capté la majorité des gains de la mondialisation, de quoi engendrer un sentiment de déclassement au sein des classes moyennes des pays riches.
C’est dans ce contexte qu’il faut lire la politique de Donald Trump. Les décisions du nouveau président n’ont rien de désordonné : elles procèdent de ce que l’économiste Richard Baldwin a appelé la « Grievance Doctrine ».
Trump estime que « les États-Unis ont été pillés et violés par des nations proches et lointaines » (Discours du Liberation Day) dont il cherche à se venger. Plus unilatéraliste qu’isolationniste, il pense que c’est en s’affranchissant des règles internationales qu’il pourra redonner à son pays sa puissance passée.
Ce qui explique son mépris pour l’ONU, le blocage de l’OMC, l’abandon du G20, les menaces sur l’Alliance atlantique et la hausse générale des tarifs douaniers. Si cette représentation tient largement du fantasme, elle a provoqué une onde de choc internationale qui a plongé le monde dans une situation d’incertitude inédite.
Dans ces conditions, penser et repenser nos moyens d’action n’est plus une option mais une nécessité.




