Défendre la cause du Vivant, pour la reconnaissance des droits de la Nature

Publié le 20 août 2025
défendre le vivant pour la nature

Face aux bouleversements climatiques et à l’érosion de la biodiversité, notre droit de l’environnement montre aujourd’hui ses limites. Construit sur une vision utilitariste et occidentale de la nature, il peine à saisir la complexité du vivant et l’urgence des interdépendances qui nous relient à lui. Pourtant, des alternatives émergent à travers le monde, ouvrant la voie à une nouvelle reconnaissance des droits de la Nature.

Aussi technique soit-t’il, notre droit de l’environnement est bien pauvre et malhabile pour appréhender la complexité de notre monde, rendre honneur à la majesté des glaciers, à la foisonnance matricielle de l’Océan et à la puissance du Vivant.

Ce droit actuel est incapable de penser nos attachements et interdépendances, autrement que par la propriété, l’usage ou l’exploitation que nous faisons des choses, ressources et “services écosystémiques”. Tous les êtres que nous pouvions soumettre nous les avons rangés dans la catégorie des biens, les autres nous les avons simplement ignorés.

Un droit de l’environnement en crise : quand la Terre devient un objet

Les humains ont acquis une telle force de destruction qu’en vainqueurs, ils dictent les règles. Et c’est ainsi que nous avons juridiquement inversé l’ordre du monde. Ce n’est plus la Terre qui nous protège, nous nourrit et nous grandit. Nous n’appartenons plus à la Terre, c’est l’humain qui possède chaque espace de sol émergé, choisit de protéger ou de détruire, valoriser ou façonner à son image, reléguant les ingénieurs autres qu’humains, les véritables forces du vivant, à de la main d’œuvre servile, sans voix et sans place dans notre univers juridique.

Biodiversité, environnement, paysages… Nous avons créé un monde de concepts légaux, désormais érigés en vérités universelles. Et pourtant, ces abstractions sont des spécificités occidentales, produites par une culture naturaliste, qui maintient une séparation artificielle entre l’humain et le reste des vivants.

Le droit de l’environnement est à bout de souffle. D’ailleurs il s’effondre chaque jour un peu plus. Comme les glaciers, il disparaît lentement, parfois par pans entiers comme une avalanche. Alors c’est une régression violente qui nous laisse sidéré par la violence du choc et de son onde, laissant redouter de catastrophiques répercussions sur nos territoires et nos corps.

Vers un droit au service du vivant

Mais il existe d’autres modèles juridiques, d’autres cosmopolitiques et relations au monde, plus riches et plus justes. En Équateur, la Constitution reconnaît depuis 2008, les droits fondamentaux de la Terre Mère. Chez nos voisins espagnols, une loi pionnière de 2022 a reconnu la lagune Mar Menor comme un sujet juridique “indissociablement biologique, environnemental, culturel et spirituel”, titulaire de droits intrinsèques.

Depuis 2020, l’association Wild Legal accompagne plus d’une vingtaine de territoires pionniers engagés pour les droits de la Nature en France. En apportant notre soutien aux associations, aux collectivités territoriales et même aux entreprises qui veulent être acteurs de ce changement, nous faisons progresser le débat à l’échelle nationale. Chaque année, notre programme alliant formation et procès simulé permet de faire collaborer étudiants, juristes et associations pour encourager l’évolution du droit et développer des stratégies juridiques innovantes au service du vivant.

Cette tribune s’inscrit dans le prolongement du palmarès Choiseul Futur du droit 2025, accessible dans son intégralité sur le site de Choiseul France.