Matis Ringdal est Co-fondateur et Président-directeur général de Pixacare. Il est également lauréat de la toute première édition du palmarès Choiseul 100 Alsace.
Et si une simple photo pouvait raccourcir un parcours de soins ? En Alsace, c’est déjà le cas. Chaque année, 2,5 millions de personnes en France souffrent de plaies chroniques. Pourtant, leur suivi reste souvent artisanal, fragmenté et peu visible dans les priorités du système de santé. Un angle mort, mais un coût majeur : des hospitalisations évitables, une charge pour les soignants, et une perte de qualité de vie pour les patients.
Pixacare est née d’une intuition clinique simple : sécuriser et structurer l’usage des photos médicales pour mieux documenter la cicatrisation. En 2018, lors du Hacking Health Camp de Strasbourg, le Pr Frédéric Bodin, chef de service de chirurgie plastique au CHU de Strasbourg, partage son idée de solution numérique. Il y rencontre Matis Ringdal et Vincent Marceddu. Ensemble, ils conçoivent un premier prototype qui remporte plusieurs prix, et décident de fonder Pixacare l’année suivante.
Mais l’innovation ne pousse pas seule. Si Pixacare a pu voir le jour, se développer, tester ses usages et obtenir ses premières preuves cliniques, c’est aussi grâce à l’écosystème alsacien. Dès l’origine, la SATT Conectus, l’incubateur SEMIA et l’Université de Strasbourg ont soutenu le projet. L’implantation à Nextmed, cœur de l’innovation santé à Strasbourg, a permis de constituer une équipe pluridisciplinaire mêlant experts médicaux, ingénieurs et entrepreneurs : un socle essentiel pour faire émerger une solution robuste, à l’interface entre soin, technologie et recherche.
Cette alliance territoriale a été déterminante pour franchir les étapes clés : premier marquage CE, certification ISO 13485, études cliniques prometteuses (–33 % de temps de cicatrisation, deux fois moins de déplacements à l’hôpital et une réduction des couts significative) ****et deux levées de fonds, dont la dernière menée par Elaia et Bpifrance dans le cadre de France 2030.
Aujourd’hui, Pixacare est utilisée dans plus de 40 établissements de santé pour suivre 150 000 patients. Demain, elle veut devenir le leader européen du suivi de la cicatrisation assisté par IA. L’Alsace joue ici le rôle de démonstrateur : un territoire capable de faire émerger des innovations concrètes, utiles, reproductibles. Il ne s’agit pas de promouvoir une start-up, mais de montrer que les territoires qui connectent hôpital, tech et recherche sont ceux qui peuvent transformer durablement notre système de santé.
Parce que suivre une plaie, ce n’est pas juste prendre une photo. C’est rendre le soin plus fluide, plus moderne et plus efficace. C’est en Alsace que cette révolution silencieuse a commencé.
Retrouvez l’intégralité du classement Choiseul Alsace 2025 sur le site de l’Institut Choiseul.