Climat : financer l’adaptation de l’Afrique face aux défis du réchauffement climatique

Publié le 03 février 2025
Sol sec - désert

L’Afrique est en première ligne face aux conséquences dévastatrices du changement climatique. Pourtant, malgré des besoins urgents et croissants en financement pour renforcer sa résilience, le continent peine à mobiliser les ressources nécessaires. Alors que la communauté internationale réfléchit à des solutions innovantes, la COP29 a souligné l’importance d’une action collective et adaptée pour répondre à ces défis sans précédent.

L’Afrique, première victime des dérèglements climatiques

En novembre dernier à Bakou, la COP29 a, une nouvelle fois, mis en lumière l’ampleur du défi de l’adaptation au changement climatique. Avec l’avancée des zones désertiques dans le Sahel, la déforestation en Afrique centrale, les inondations dans sa Corne, l’Afrique est le continent qui souffre le plus des conséquences du réchauffement alors qu’il en est le moins responsable. Entre 1990 et 2020, l’Afrique a connu près de 1100 épisodes d’inondations et sécheresses ayant pour conséquences directes 45 000 morts et un coût de 14 milliards de dollars. D’ici à 2030, 120 millions d’Africains seront exposés à ces catastrophes.

Les sociétés africaines doivent donc renforcer leur résilience ce qui suppose d’investir dans des infrastructures pour améliorer les systèmes d’irrigation, forer en profondeur dans les nappes phréatiques, reconstruire des barrages ou des réseaux de transport dégradés. Les évaluations estiment les besoins en financement d’ici à 2030 à des niveaux 10 fois supérieurs aux financements disponibles.

Des financements insuffisants face à des besoins colossaux

Or, contribuant actuellement à 20% des financements, les ressources des Etats africains sont limitées même si elles pourraient être, en partie, dynamisées par un recours accru aux green bonds ou aux schémas de réduction de dette contre initiatives en faveur du climat. Aussi, hormis dans certains pays – Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Maroc, Nigeria – disposant de systèmes bancaires et places financières structurés, le secteur privé local joue un rôle réduit dans le financement des infrastructures.

En réalité, la mobilisation de l’épargne privée de l’UE, des Etats-Unis, du Canada et du Japon (qui représente seulement 2% des financements) est urgente pour financer l’adaptation de l’Afrique au réchauffement climatique. Pour ce faire, les institutions internationales et banques de développement multilatérales & nationales doivent se réinventer en intervenant moins directement et davantage en partenariat avec les investisseurs privés. Pour inciter ces derniers à investir en faveur de l’adaptation au changement climatique, elles doivent mobiliser des instruments innovants de « réduction & partage du risque » comme les mécanismes de rendement minimum, de buffer limitant les éventuelles pertes ou de renforcement des fonds propres des banques locales leur permettant d’offrir des financements attractifs pour les projets.

Laisser d’autres compétiteurs comme la Chine ou la Russie le faire selon leurs règles et à notre place, c’est perdre une opportunité unique de repenser notre relation avec l’Afrique.