Adrien Aumont, le réenchanteur

Publié le 06 décembre 2023
Photo d'Adrien Aumont

Il a proprement révolutionné le monde du financement avec le concept de KissKissBankBank au titre sibyllin pour ce financement collaboratif dont il fut l’un des fondateurs, inspiré de l’américain Kickstarter. Adrien Aumont a sifflé le départ d’un autre projet disruptif, Midnight Trains. Cette fois, c’est un nom clair : il veut relancer les trains de nuit.

Adrien Aumont flirte avec les parcours atypiques. D’abord, il arrête ses études à l’âge de 14 ans. Émancipé à 16, il lance ses premières aventures entrepreneuriales dans le domaine culturel – le cinéma d’abord, puis la télévision et la publicité. C’est à partir de 2007 que sa carrière prend un tournant décisif. « Avec ma cousine et son mari, nous avons eu l’idée de créer une plate-forme pour le financement participatif », se raconte-t- il. Elle aboutit à la création, en 2009, de KissKissBankBank. Le succès de ce qui était alors l’une des premières platesformes du genre en Europe le pousse à en créer d’autres aux mécaniques financières spécifiques selon les projets. Par exemple par la dette pour les PME. En 2017, l’ensemble est racheté par le groupe La Poste qui conserve le patron aux commandes jusqu’en 2019, année où il monte Midnight Trains, un projet qu’il a pris le temps de mûrir.

Des trains de nuit romanesques

« Il arrive souvent que sa première entreprise soit un peu le fait du hasard, même si, rétrospectivement, elle apparaît “naturelle”. Mais “trouver” sa deuxième entreprise se révèle plus difficile. On veut que la suite soit à la hauteur. On veut se reconnaître dans ce que l’on fait. » En l’occurrence, A.A. cherchait une idée aboutie qui respecte plusieurs critères. Il voulait goûter au b to c, susciter un impact environnemental qui ne se réduise pas à du numérique… « Et je voulais que ce soit romanesque », ose-t-il. Le déclic : un voyage en train de nuit avec sa compagne pour éviter l’avion. Relancer les trains de nuit pour décarboner les trajets en moyen-courrier ? Pas de doute, l’idée flottait dans l’air, y compris du côté de la SNCF. « Le train de nuit est la seule alternative écologique viable à l’avion sur les distances de moyen-courrier, martèle Aumont. Et en créant un bon produit, nous convaincrons les gens de ne plus prendre l’air pour un parcours de quelques heures. » Défi d’ampleur.

Début 2020, Adrien s’associe avec Romain Payet, un ancien de KissKissBankBank, pour mener le chantier. Il faut comprendre le monde ferroviaire – un univers à part –, discuter avec tous les experts… Le confinement s’avérera la période idéale pour mener toutes ces recherches sur les défis inédits : les problématiques liées à l’infrastructure, au franchissement des frontières (« il n’existe pas d’unité européenne dans le rail », rappelle le nouveau cheminot), au rythme bien particulier de ce milieu, au matériel… « Il faut à la fois s’adapter au système et lui faire violence pour que le projet aboutisse », résume celui qui a fait son entrée dans le classement des jeunes dirigeants Choiseul 100 en 2023 : des compartiments dans lesquels « les chambres, toutes privatives, s’habitent en solo ou en duo, en famille ou entre amis. Literie moelleuse et films à la demande… » Côté cinéma – Kiss Kiss Bang Bang – et musique – le Midnigt Train de Journey – le réenchanteur s’éclate…

Ce portrait est à retrouver dans le premier numéro de Choiseul Magazine, disponible en kiosque depuis le 25 octobre 2023.