La pandémie de la COVID-19 et la guerre en Ukraine ont remis la question industrielle sur le devant de la scène. Les appels à relocaliser et réindustrialiser se sont multipliés, rompant avec plusieurs décennies de discours promouvant les bienfaits d’une société post-industrielle. Les maux et les risques associés, dont certains semblent à peine prendre conscience, ont pourtant été largement identifiés ces dernières années, notamment à travers le rapport Gallois.
Une volonté de relocaliser
Le gouvernement a traduit cela à travers une volonté de relocaliser des activités dans des secteurs jugés clés (santé, agroalimentaire, électronique, matières premières et 5G) et par une politique de soutien au système productif à travers le plan de relance et le plan de France 2030. Ce souhait se traduit également dans une volonté des consommateurs de privilégier plus les produits français, même s’il existe encore un fossé entre volonté et réalité.
A la recherche de la souveraineté perdue
Cette volonté renforcée relève en quelque sort d’un élan vital pour reconquérir une part de souveraineté que nous avons perdue avec la désindustrialisation et la vente ou la faillite de fleurons industriels français, souvent emblème de l’ambitieuse politique industrielle conduite par le tandem De Gaulle-Pompidou.
La volonté de réindustrialiser la France s’inscrit également dans un contexte géopolitique complexe où plusieurs nations affichent des ambitions claires en matière industrielle. Or, dans bien des domaines, la France a vu son indépendance se réduire, avec la vente d’entreprises comme Aldebaran, entreprise pionnière de la robotique, Tronics, spécialisée dans la fabrication de microsystèmes électromécaniques, ou la branche énergie d’Alstom.
Des ambitions à clarifier
En parallèle, elle a perdu des avantages comparatifs dans certains secteurs par manque d’investissement dans l’innovation et dans la modernisation des sites productifs, fragilisant sa capacité à exporter. La perte de ses avantages s’est faite en premier lieu au profit des autres pays européens, avant de se faire avec les pays d’Asie. Pour espérer une réindustrialisation pérenne, la France doit donc clarifier ses ambitions industrielles et se doter d’une vision claire.
Le chemin de la reconquête de la souveraineté industrielle sera long et complexe, mais depuis 2020, on observe une envie renouvelée de créer, d’inventer et de produire en France, laissant espérer l’écriture d’une nouvelle page de l’histoire de l’industrie française.
Les intertitres sont de la rédaction. Cette tribune est à retrouver dans le premier numéro de Choiseul Magazine, disponible en kiosque depuis le 25 octobre 2023.