Face au dérèglement climatique, nous avons besoin d’agir encore plus vite pour nous construire un avenir durable.
C’est toute l’ambition de la planification que nous menons, sous la conduite de la Première ministre, et c’est tout l’objectif des engagements que prend la France au niveau européen comme au niveau mondial. Nous travaillons sans relâche pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Bâtir la résilience de notre société
Mais ces efforts indispensables en matière d’atténuation, cruciaux, et qui portent leurs fruits, ne sauraient suffire : devant un réchauffement dont les effets sont déjà manifestes, et pour partie, inéluctables, nous avons le devoir de bâtir la résilience de notre société, de notre économie, et de nos territoires. C’est pourquoi j’ai pris l’engagement d’intégrer dans nos plans et schémas prospectifs une trajectoire réaliste pour une augmentation de +4°C en France d’ici 2100, en plus d’une trajectoire nationale conforme aux accords de Paris. Cette trajectoire de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) sera le pilier sur lequel s’appuieront tous les territoires, et tous les secteurs économiques pour anticiper les impacts du réchauffement.
Concrètement, cela signifie que chaque commune, chaque entreprise, chaque métropole devra prendre en compte cette trajectoire dans leurs projets. Une commune littorale, les projections du recul du trait de côte, une entreprise du BTP, celle d’un habitat adapté à ces températures, par exemple.
Cette démarche n’est en aucun cas une remise en question de nos engagements de l’Accord de Paris, ni un renoncement, mais bien une préparation nécessaire au futur qui se dessine déjà, face à un enjeu global, sur lequel nous n’avons qu’une prise partielle.
L’heure de la mobilisation générale
Dans ce grand chantier de l’adaptation, certains se sont déjà engagés en précurseurs, et je les en remercie, mais ce dont nous avons besoin, désormais, c’est d’une mobilisation générale. Toutes les forces vives du pays, toutes les entreprises, tous les secteurs doivent se joindre à notre effort collectif.
Car ce chantier est colossal, il nécessite des investissements importants, ce sont 60 milliards supplémentaires que nous devons mobiliser pour la transition écologique, en termes d’atténuation mais aussi en termes d’adaptation. Pour y parvenir, bien sûr, l’Etat est au rendez-vous, et dès l’année prochaine, 7 milliards d’euros supplémentaires seront engagés. Mais face au « mur » qui est devant nous, celui de la massification nécessaire à l’adaptation de l’ensemble des territoires –en matière de rénovation énergétique du bâti ou encore d’aménagement urbain notamment–, le concours du secteur privé est absolument déterminant, à la fois en termes de capitaux et d’innovations.
J’invite donc les entreprises à investir résolument dans l’adaptation. Outre l’opportunité commerciale de se doter d’un avantage compétitif sur le long terme, cela leur permettra d’assurer au mieux la résilience de leur propre modèle et, avec l’action des pouvoirs publics, de permettre de faire un levier puissant pour l’accélération de la transition écologique de la France. Assureurs, financiers, entreprises du secteur primaire, secondaire, tertiaire, chacun, à son échelle, a un rôle crucial à jouer.
Dialogue secteurs public et privé
Notre rôle, en tant que Gouvernement, est de créer le cadre propice au financement, à l’innovation et à la production, de mobiliser les capitaux publics et de répondre aux besoins de formation pour les nouvelles compétences-métiers en matière d’adaptation. Ce sont autant de chantiers que nous mettons déjà en œuvre.
Mais nous ne pouvons pas agir en silo, chacun de notre côté. Je suis convaincu que des échanges continus entre décideurs publics et secteur privé sont la clef pour s’assurer de la bonne conjugaison des investissements que nous faisons collectivement, afin qu’ils aient le maximum d’efficacité.
J’ai pu moi-même le constater à de multiples reprises, dans le cadre des Conseils nationaux de la refondation, lors des travaux préparatoires de la loi industrie verte, ou encore dans la réflexion que mène l’Institut de la Finance Durable, avec tous les acteurs concernés, sur le financement de la transition écologique.
Au service de l’adaptation de notre modèle de société et de l’ensemble des secteurs économiques, vous pouvez compter sur ma détermination à élargir et à faire vivre ce dialogue de façon renforcée, comme je sais pouvoir compter sur la capacité de notre tissu économique à se mobiliser sur cet enjeu crucial pour notre avenir.
Les intertitres sont de la rédaction. Cette tribune est à retrouver dans le premier numéro de Choiseul Magazine, disponible en kiosque depuis le 25 octobre 2023.
Crédit photo : Bogdan-Mihai Dragot