Les Libéraux de Justin Trudeau échouent à retrouver une majorité mais remportent les élections générales au Canada

Publié le 23 septembre 2021

Le premier ministre libéral Justin Trudeau a remporté avec une courte majorité les élections fédérales qu’il a lui-même déclenché en plein été au Canada, au cœur de la quatrième vague de Covid-19. Il s’impose face au Parti conservateur et son leader, Erin O’Toole, deux ans seulement après les dernières élections.

Les résultats du vote des 27 millions de Canadiens inscrits sur les listes électorales n’ont donné qu’une très courte avance au Parti Libéral (centre-gauche) de Justin Trudeau, avec 158 sièges sur 338, soit un député de plus qu’aux élections précédentes à l’automne 2019, et l’ont mis quelques dizaines de milliers de voix derrière ses adversaires conservateurs en voix. Il va donc devoir composer avec d’autres partis, la majorité absolue s’établissant à 170 sièges. Les autres partis ont obtenu 119 sièges pour le Parti conservateur (-2), 34 pour le Bloc québécois (+2), 26 pour le Nouveau Parti démocrate (+2) et 2 pour les Verts.

Une manœuvre électorale risquée

L’intention implicite de Justin Trudeau était sans doute d’avoir un gouvernement majoritaire. Mais le message communiqué par le Premier Ministre lors de sa demande de dissolution de la Chambre des communes à la gouverneure générale du Canada, était celle de faire du scrutin un référendum sur la gestion de la pandémie de Covid-19, largement considérée comme satisfaisante. Il a indiqué à ce titre : « Une élection est nécessaire pour choisir comment mettre fin à la crise et assurer une reprise post-pandémique, vous avez votre mot à dire. » Du côté de son principal opposant, le leader conservateur Erin O’Toole, le message était concentré sur une volonté de changement et sur la réduction des dépenses publiques et des déficits grâce à une forte reprise de l’économie.

Cette campagne électorale ne s’est toutefois pas déroulée comme prévu, puisque jusqu’aux derniers jours, les sondages ne donnaient pas de victoire claire au gouvernement en place et le plaçaient pour certains au même niveau que le Parti conservateur. Des circonstances sont en effet venues brouiller la donne : la quatrième vague de Covid-19 rendant pour beaucoup de Canadiens cette campagne électorale absurde ; une hausse de l’inflation à +3,1% en juin, ainsi qu’une aggravation de la pénurie de main-d’œuvre avec un millions d’emplois manquants qui on eu pour effet de compromettre la reprise économique du pays. Des polémiques, comme sur la place du racisme dans la société québécoise ou sur les armes à feu, ont également marqué la campagne.

Justin Trudeau s’est toutefois battu jusqu’au bout, valorisant son bilan avec notamment la mise en œuvre d’une de ses promesses de campagne : la création en cinq ans d’un système de garderies à l’échelle du pays, ainsi qu’en indiquant des dépenses publiques supplémentaires pour assurer la reprise économique du Canada, pouvant s’élever jusqu’à 78 milliards de dollars.

En conclusion, ces résultats peu satisfaisants pour le premier ministre canadien, car quasi-inchangés par rapport à son second mandat, vont l’obliger à poursuivre des négociations avec le parti Bloc québécois et le Nouveau Parti démocrate lors du vote des lois. Mais elles lui permettent de rester au pouvoir à Rideau Hall (le siège du Premier Ministre canadien), et d’entamer ainsi sa sixième année à la tête du pays.