Invité aux discussions lors du Paris Air Forum, congrès réunissant les constructeurs et compagnies aériennes de l’aéronautique mondiale au Musée de l’air et de l’espace du Bourget, le commissaire européen a annoncé sa volonté de réunir prochainement les grands acteurs du secteur pour avancer au sujet de l’avion du futur.
Numérique, transition écologique et conquête spatiale. La commission européenne, par l’intermédiaire du français Thierry Breton, veut s’imposer comme un acteur essentiel des sujets au cœur du développement des pays de l’Union Européenne. Le commissaire européen en charge de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace a par conséquent déclaré la création d’une « alliance européenne » qui rassemblera « les acteurs du futur écosystème de l’avion propre » prévue pour la fin de l’année 2021.
Thierry Breton veut une alliance européenne pour l'avion "zéro émission"https://t.co/6TyyRjuRyK pic.twitter.com/LP9GP4kv6F
— BFM Business (@bfmbusiness) June 22, 2021
L’Europe, tête de pont de l’aéronautique du futur
Le projet doit réunir des acteurs publics et privés pour parvenir à s’entendre sur la création d’un avion non polluant à l’horizon 2035. Cette alliance appelée « destination 2050 » vise à réduire de 50% le taux d’émission de CO2 des avions. Un cap obligatoire pour atteindre les objectifs de neutralité carbone nécessaires à la réussite de la transition écologique. Plusieurs technologies sont actuellement à l’étude -hydrogène, biocarburant, électrique- pour faire fonctionner des appareils à l’aide de carburants alternatifs. Un vol d’avion fonctionnant à 97% au biocarburant a déjà été effectué avec succès et Safran et Airbus travaillent actuellement au développement d’un A320 fonctionnant à 100% à partir d’énergies renouvelables.
Ces projets sont toutefois très coûteux, tant en termes de temps et d’énergie que de financement, et l’accélération des besoins liés à la transition écologique qui s’est faite sentir avec la pandémie de Covid-19 donne à l’Union européenne une occasion inespérée de s’y faire une place. L’aviation n’est d’ailleurs pas le centre de toutes les attentions puisqu’un programme spatial européen a également été annoncé lors de cette conférence. Étalé entre 2021 à 2027 il développera un budget de 14,88 milliards d’euros et aura pour but de moderniser les programmes phares de l’UE en matière spatial, Galileo et Copernicus, faisant progresser les capacités de surveillance et de communication des gouvernements européens.
Le bon moment pour relancer la souveraineté industrielle européenne ?
La période fait à bien des égards sentir aux pays européens la nécessité de renforcer leur souveraineté industrielle. D’abord au niveau sanitaire, puis au niveau technologique, avec la pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui touche tous les secteurs liés au numérique, l’aviation et l’automobile en tête. Cette situation devrait s’étendre au moins jusqu’en 2023 et l’Europe peut profiter de cette pénurie pour développer sa propre production de ces puces si cruciales au développement technologique.
D’autre part, les différents confinements ont aussi mis en lumière le fait que le secteur de l’aviation affichait des niveaux d’activité très importants et le retour au trafic devrait prendre un long moment, de quoi compliquer la mise en place d’un nouveau modèle économique faisant fi de l’utilisation du pétrole et autres énergies fossiles. L’Europe peut-elle alors revenir à hauteur de la Chine et des Etats-Unis au niveau de la production industrielle tout en prenant l’avantage sur les questions de transition écologique ? Un défi de taille que la commission semble prête à vouloir relever.