Le FMI revoit à la hausse ses prévisions de croissance

Publié le 08 avril 2021
Kristalina Georgieva
Managing Director Kristalina Georgieva participates in an online interview with the Chamber of Commerce at the International Monetary Fund in Washington, D.C. on June 9, 2020. IMF Photo/Kim Haughton

Tirée par les Etats-Unis et la Chine, la croissance mondiale devrait accélérer selon le Fonds Monétaire International. En effet, le FMI qui prévoyait une croissance mondiale pour 2021 de 5,5 % en janvier, a revu ses prévisions à la hausse le 6 avril en tablant désormais sur 6 %. Cette croissance ne se fera pas de manière synchronisée avec “un petit groupe de pays” qui sauront surpasser leur niveau d’avant crise d’ici la fin de cette année. 

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a conseillé les gouvernements à continuer de financer et renforcer les mesures de soutien en particuliers celles qui profitent aux ménages vulnérables. Pour assurer la résilience de leurs économies, les pays devront investir dans les infrastructures, l’éducation et la santé afin de construire des villes écologiques et intelligentes. D’après le FMI, « Une meilleure attention doit être portée à la formation et à la reconversion des travailleurs, couplée à une aide financière pour les aider dans cette transition. » L’amélioration de la situation dans les pays les plus développés qui a mené à cette révision à la hausse de la croissance, s’expliquerait en effet largement par le soutien politique et les plans de relance menés pendant la pandémie (le plan de 1 900 milliards de dollars du président Joe Biden notamment).  

Le FMI exprime toutefois une inquiétude sur la divergence croissante dans la performance économique des Etats-Unis et de l’Europe. En effet, alors que la récession a été moins forte en 2020 de l’autre côté de l’Atlantique, le rebond permis par la vaccination, la sortie de la pandémie et le plan de relance massif porté par Joe Biden serait plus fort qu’en Europe. Une situation qui entraînerait un écart de richesse absolue et relative de plus en plus important entre les deux continents, ce qui pousse de nombreux économistes et acteurs politiques européens à appeler à renforcer et accélérer le plan de relance porté par l’UE, qui apparaît déjà modeste pour certains, au regard des choix opérés à Washington.

Une croissance mondiale à deux vitesses qui se traduit par un accès inégal à la vaccination 

Il est par ailleurs primordial pour l’institution de Washington, dans la poursuite de cet effort international, de soutenir les pays en voie de développement, notamment en leur rendant les vaccins plus accessibles. En particulier l’initiative Covax (Covid-19 Vaccines Global Access) du programme ACT, dirigé par l’OMS et des partenaires internationaux pour distribuer deux milliards de doses dans les pays les plus pauvres et vacciner au moins 27 % de leurs citoyens. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a toutefois exprimé sa frustration sur ce sujet : « Je dois être franc, le monde est au bord d’un échec moral catastrophique. Et le prix de cet échec sera payé par des vies et des moyens de subsistance, dans les pays les plus pauvres du monde. » Une frustration qui a pour objet l’inégalité devant l’accès au vaccin qui subsiste avec 11 pays qui concentrent à eux seuls 90 % des doses injectées (les Etats-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et Israël). La raison : les fabricants de vaccins qui recherchent une approbation réglementaire auprès des pays riches au lieu de faire vérifier leurs données par l’OMS afin d’obtenir un feu vert à l’échelle mondiale.  Les pays riches, en lien direct avec les fabricants de vaccins, contournent la file d’attente commune à tous les pays, ce qui fait grimper le prix des vaccins suite aux enchères. 

Les pays à faible revenu devront mobiliser 200 milliards de dollars supplémentaires afin de « revenir sur la voie du rattrapage des niveaux de revenus plus élevés. » Le FMI a déjà financé à hauteur de 107 milliards de dollars 85 pays et a décidé d’alléger le service de la dette pour 29 des pays membres les moins bien lotis. Une aide qui devrait être renforcée et représenterait pour l’Afrique 34 milliards de dollars de ressources en plus.