Alexandre Saubot, Président de France Industrie dresse l’état de santé de l’industrie française

Publié le 22 mars 2021
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Pour Alexandre Saubot, Président de France Industrie, l’industrie française a subi un impact important en raison de la crise sanitaire qui dure depuis un an. Toutefois, les aides de l’Etat et la mobilisation des différents secteurs laissent entrevoir des perspectives rassurantes. 

Dans une interview donnée aux Echos, le Président de « France Industrie » détaille les conséquences de la crise sanitaire sur l’état de l’industrie en France. Un an après les annonces du Président de la République sur un confinement de l’Hexagone, comment le secteur a-t-il traversé la crise ?

Le premier confinement a été une véritable onde de choc pour de nombreux acteurs du secteur. Ces derniers ont néanmoins pu, avec l’appui de l’Etat, largement se relever d’un choc sans précédent. Les enseignements tirés de la crise de 2008-2009 ont offert une capacité de rebond plus importante à l’industrie française. A cette période, les flux financiers avaient été complètement gelés et de nombreux champs d’activité ont vu leurs activités mises en péril. La donne est différente avec la Covid-19 où les investisseurs privés et publics ont continué à soutenir les investissements et la production industrielle. L’aide des Etats et des banques centrales ont permis la mise en place de mesures de soutien comme le chômage partiel pour les salariés et des prêts garantis. De fait, si l’économie a été durement impactée par la crise, il n’en demeure pas moins que les conséquences sont moins importantes que suite à la crise des subprimes. 

Des secteurs inégalement impactés par la crise

Une autre différence avec la crise de 2008 réside dans l’inégale répartition de l’impact de la crise sur l’industrie française. Alors que des secteurs comme l’aéronautique, la restauration ou l’hôtellerie souffrent, d’autres pans de l’économie française résistent mieux. C’est par exemple le cas de l’automobile – dont la demande pour l’électrique croît et par conséquent fait remonter la production – le luxe ou encore la grande distribution.

Les entreprises devront être particulièrement attentives aux solutions et mesures sorties de crise envisagées par l’Etat et la réduction de ses aides qui en découlent. Pour Alexandre Saubot, les mesures devront être dégressives et adaptées aux réalités de chaque pan de l’économie. Il en va de la santé de l’industrie française, fragilisée notamment par la concurrence allemande et la pression fiscale qui repose sur elle. 

Des pertes d’emplois massives faisant augmenter la tension sociale ?

Avec 57 500 nouvelles personnes sans emploi dans l’industrie en 2020, les dispositifs de sauvetage de l’économie n’ont pas suffit à limiter la casse de l’emploi, après plusieurs années de création d’emplois dans l’industrie. Les secteurs les plus durement touchés par la crise vont malgré tout devoir mettre en place des plans sociaux importants avec des restructurations entraînant des pertes d’emplois massives dans plusieurs usines du pays.

A un an des élections présidentielles, le gouvernement joue gros sur ce sujet. Face aux effets de la crise sanitaire, les stratégies économiques fondées sur la souveraineté et des investissements puissants dans des secteurs essentiels semblent de plus en plus attractives et convainquent largement, notamment dans le domaine industriel. De l’autre côté, la pression des écologistes et pour des mesures de transition fortes confrontent le gouvernement à des dilemmes majeurs. Alors que le pays vit peut-être à son tour sa troisième vague de Covid19, la renaissance de l’industrie française va nécessiter un fort engagement des pouvoirs publics et des entrepreneurs.