Les tensions s’aggravent en Birmanie entre manifestants et pouvoir après le coup d’état militaire

Publié le 02 mars 2021

Un mois après le coup d’état militaire organisé par les dirigeants de l’armée birmane, les manifestations réclamant le retour du gouvernement élu ne faiblissent pas, malgré la montée de la violence. Une situation qui ne manque pas de faire réagir les principaux acteurs des relations internationales. 

Le 1er février dernier, l’armée birmane s’emparait du pouvoir dans le pays d’Asie du sud-est de 56 millions d’habitants. Des images qui ont fait le tour du monde, notamment à cause de cette vidéo d’un cours de danse filmé sur une place de Naypyidaw, la capitale du pays, et qui a pour arrière-plan l’entrée du convoi militaire, en route pour le coup d’Etat, dans l’avenue qui mène au Parlement. Dans les minutes qui suivent la diffusion de ces images, Aung San Suu Kyi, conseillère d’Etat et cheffe du gouvernement birman ainsi que le président Win Myint sont arrêtés par l’armée. Min Aung Hlaing, commandant en chef de celle-ci, se voit conférer les pleins pouvoirs. Cet évènement fait suite à la large victoire de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) présidée par Aung San Suu Kyi, sur le Parti de l’Union (PUSD) soutenu par l’armée, lors des élections législatives de novembre 2020.

Une escalade de la violence

Après la prise de pouvoir des militaires, une vague de manifestations et de colère voit le jour au sein de la population birmane. Loin d’être stoppée par la répression des militaires, celle-ci prend de l’ampleur et s’est diffusée de la capitale vers l’ensemble du pays. Le Tatmadwan (armée birmane) emploie alors des moyens de coercition de plus en plus violents. Après avoir utilisé tout l’arsenal non létal dont elle dispose (gaz lacrymogènes, canons à eau, LBD), l’armée a passé ce que beaucoup considèrent être un point de non-retour : face à des manifestants sans armes, les balles en caoutchouc sont devenues réelles. Une première manifestante est décédée des suites d’une blessure à la tête à Naypyidaw, et deux autres personnes sont tombées samedi dernier sous les balles des militaires. Près de 700 personnes ont également été arrêtées depuis le début des manifestations, selon une association d’aide aux prisonniers politiques. 

Les manifestants n’abandonnent pour autant pas la lutte ni leurs espoirs de voir la démocratie rétablie dans le pays. Leur ferveur est même renforcée par la peur de voir resurgir les spectres d’un passé aussi douloureux que récent. L’augmentation des similitudes entre la situation actuelle et la répression de 1988 ne trompe pas. Outre l’utilisation d’armes à feu, l’armée a aussi fait libérer 20 000 prisonniers de droits communs, semant le chaos dans les rues et justifiant son intervention violente. La force du mouvement contestataire semble toutefois trouver aujourd’hui un écho dans le reste du monde. La durée du conflit, autant que sa médiatisation grandissante, poussent les grandes puissances à prendre la parole. 

Un conflit qui résonne dans les relations internationales 

Le conflit fait réagir sur chaque continent et oblige les acteurs majeurs des relations internationales à prendre position. Les Etats-Unis ont déjà fermement condamné le coup d’Etat, accompagnant leur déclaration de sanctions économiques et politiques à l’encontre du pays asiatique et de ses dirigeants autoproclamés. L’Union européenne suit le mouvement, en soutenant la déclaration des ministres des affaires étrangères du G7, appelant les militaires à “la plus grande retenue” et insistant sur le fait que “l’utilisation de balles réelles sur des populations non armées n’est pas acceptable”. Tous demandent également la libération des prisonniers politiques. Du côté de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont l’objectif est de protéger la population, on tente aussi de faire fléchir la position du Tatmadwan. “Aujourd’hui, j’appelle l’armée birmane à arrêter immédiatement la répression”, a déclaré son secrétaire général Antonio Guterres, preuve que la situation est préoccupante pour la population. 

La région la plus investie dans la résolution du conflit reste toutefois l’Asie du sud-est par l’intermédiaire de l’ASEAN, dont la Birmanie est membre. Malgré des divergences, les différents pays qui composent le groupement économique et politique tentent de trouver une solution à la crise, qui passera semble-t-il nécessairement par la tenue de nouvelles élections législatives. Encore faut-il que l’armée birmane accepte l’intervention des autres nations qu’elle accuse pour l’instant de faire preuve d’ingérences multiples. Un positionnement qu’elle pourra continuer de tenir tant que la Chine, acteur incontournable de cette partie du globe, n’aura pas fait de déclaration plus ferme vis-à-vis du coup d’Etat et de ses leaders.