L’administration Trump a désigné les rebelles Yéménites Houthistes comme des terroristes. La décision, prise à dix jours de la passation de pouvoir aux Etats-Unis, a eu pour effet d’exacerber les hostilités au Yémen. Le pays, en proie à une guerre civile depuis 2015, fait déjà face à la pire crise humanitaire du monde selon l’ONU.
Alliés stratégiques de l’Iran, les rebelles houthistes administrent près des trois-quarts du territoire yéménite. La milice zaïdiste (minorité de l’Islam chiite) s’est hissée à la tête du pouvoir politique et militaire suite aux soulèvements des Printemps Arabes. Leur autorité est toutefois contestée par les groupes sud-yéménites, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et les Frères musulmans. Une opposition qui se partage le reste de la moitié d’un pays morcelé et tourmenté par la famine.
Une décision qui fait craindre une aggravation de la crise humanitaire
Mohamed Ali al-Houthi, président du comité révolutionnaire Houthis, exprime dans un tweet son désaccord avec la diplomatie américaine. “La politique administrative de Trump est terroriste, ce qu’elle présente comme politique indique une crise de la pensée. Nous condamnons cet acte et nous nous réservons le droit de répondre à cette désignation de la part de l’administration Trump ou de la part de n’importe quelle administration du moment qu’elle est complice dans le meurtre de Yéménites”.
Pour l’administration Trump, inscrire les Houthis sur la liste noire des organisations terroristes est surtout une décision tactique. Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, a ainsi annoncé qu’il s’agissait d’affermir la « dissuasion contre les activités néfastes du régime iranien ». Il incombera donc à Joe Biden, qui souhaite un retour des Etats-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien, d’assumer les conséquences concrètes rapides de ce coup diplomatique contre Téhéran.
Le gouvernement yéménite, présidé par Abd Rabbo Mansour Hadi, a lui soutenu officiellement la décision américaine dans un communiqué où il considère que « Les Houthis méritent d’être classés comme une organisation terroriste étrangère, non seulement pour leurs actes terroristes, mais aussi pour leurs efforts permanents pour prolonger le conflit ».
Aux yeux des organisations non-gouvernementales et des institutions internationales, cette déclaration risque d’affecter l’aide que peuvent apporter les ONG à la population yéménite dont 80% dépendent pour leur survie, et ainsi aggraver encore la situation déjà terrible sur le terrain.