Alors que les propositions d’Alstom, Bombardier et l’espagnol Caf devaient être soumises à la Région Île-de-France et la RATP en fin d’année dans le cadre de l’appel d’offre pour le RER francilien, Alstom, à la surprise générale, a saisi le tribunal judiciaire de Paris et le tribunal administratif sur un aspect mineur de l’appel d’offre fin novembre. La justice a ainsi jugé que les deux opérateurs publics devaient réviser l’appel d’offre sur un point et laisser aux candidats “de modifier leur offre sur ce seul point”. A ce jour, Alstom n’a toujours pas donné d’explication sur cette action en justice.
C’est un revers inattendu pour les deux clients majeurs d’Alstom, la Région Île-de-France et la RATP, qui souhaitaient à tout prix que l’appel d’offre soit finalisé en fin d’année 2020. Sa plainte déposée au tribunal de Paris a été partiellement entendue par la justice, dont le jugement rendu impose aux deux acteurs de l’appel d’offre de modifier le méga-contrat de 2,5 milliards d’euros sur un point précis.
Nouveaux délais pour la déposition des offres
La RATP et la Région devraient ainsi renvoyer l’appel d’offre révisé d’ici quelques semaines, repoussant l’élection du vainqueur à fin janvier 2021. Un délai supplémentaire qui va à l’encontre de la volonté des deux opérateurs publics. “Par ses recours successifs, avant même que l’attribution du marché soit connue, Alstom rend impossible le respect des délais fixés pour la passation du marché”, ont-ils déclaré, sans cacher leur mécontentement face à cette déconvenue.
Et pour cause, la rénovation du RER B, fonctionnant mal et faisant face à des soucis de régularité, est une priorité dans l’agenda des dirigeants de la région, notamment pour Valérie Pécresse. Rappelons que le RER B transporte plus d’un million de personnes par jour, et est un pilier pour la mobilité des urbains. Pourquoi s’être retourné contre ses deux plus gros clients, pour une partie du contrat représentant moins d’1% du chiffre d’affaires de l’appel d’offre ? Certains avancent qu’Alstom aurait eu vent de son échec, et aurait ainsi souhaité allonger les délais pour se remettre en selle. Pour d’autres, il s’agirait d’éviter que Bombardier ne prenne trop de valeur en acquérant ce contrat, dans le cadre de la fusion d’Alstom et Bombardier devant avoir lieu fin janvier.
Alstom n’a, pour sa part, pas souhaité commenter cette action autrement qu’en exposant sa volonté de suivre la décision de la justice et de remettre son offre lorsque le contrat aura été révisé.