Si elle a appelé à respecter les gestes sanitaires, l’Eglise orthodoxe serbe ne les a toutefois que peu mis en pratique. Les événements religieux des dernières semaines ont alarmé les épidémiologistes du pays, au vu de l’explosion des cas en Serbie et de l’apparent manque de respect des distanciations lors des cérémonies rassemblant des milliers de personnes.
Malgré ces appels, l’ancrage profond de l’Église orthodoxe dans l’identité serbe met à mal la politique sanitaire du gouvernement qui ne peut se permettre d’interdire ces pratiques religieuses ou d’obliger un changement des pratiques. L’Église orthodoxe serbe subit pourtant deuil sur deuil depuis le début de l’épidémie. De nombreuses figures de l’Eglise – comme l’archevêque Amfilohije, à la tête de l’aile du Monténégro, et plus récemment le patriarche Irinej – sont décédées des suites de la Covid19. Celui-ci, étant décédé trois semaines après les obsèques de son bras droit du Monténégro, aurait peut-être été infecté lors de la cérémonie même.
Une église endeuillée mais campée sur ses positions
L’archevêque Amfilohije, avant de décéder de la Covid19, avait qualifié de “vaccins de Dieu” les rassemblements religieux. Malgré les alertes des autorités sanitaires et de l’exécutif, « l’Eglise orthodoxe ne peut pas changer ses canons à cause du Covid-19 », d’après Drasko Djenovic à la tête de l’ONG Centar 9. Ainsi, les 12 millions de fidèles de l’église orthodoxe serbe se rassemblent sans masque, en recevant la communion avec la même cuiller, alors même que le pays enregistre un nombre de cas records depuis quelques semaines. Une situation qui ne manque pas d’inquiéter le gouvernement serbe et une part importante des fidèles.