L’INSEE a publié mercredi 2 décembre son nouveau point de conjoncture intégrant les dernières données à haute fréquence mesurées sur le premier mois de reconfinement. D’après l’institut de statistique, le PIB français devrait bien reculer de 9% cette année, un choc historique, mais qui témoigne d’une prévision légèrement moins pessimiste qu’initialement envisagé, confortée par l’ampleur moins forte qu’attendu du choc au 4e trimestre.
A la clé du ralentissement économique important des dernières semaines se trouve un fort recul de la consommation, alors que la production se montre bien plus résiliente par rapport au printemps. Conséquence : le PIB en France aurait été inférieur de 12% à son niveau d’avant-crise au mois de novembre, et le serait de 8% en décembre. D’après ces données, la chute du PIB au 4e trimestre de 2020 se mesurerait à 4,5%, après un très vif rebond à l’été de près de 19%, qui permet à la France d’envisager le rebond des prochains mois à partir d’un niveau d’activité légèrement moins dégradé.
La France apparaissait également à la fin de l’été légèrement moins touchée par la violence du choc sanitaire cette année que la plupart des pays comparables, avec un PIB inférieur de 4% à son niveau d’avant-crise, contre 9% pour l’Espagne et presque 10% pour le Royaume-Uni. Un avantage comparatif toutefois largement réduit par la brutalité soudaine du ralentissement provoqué par les mesures de couvre-feu puis le reconfinement annoncé à la fin du mois d’octobre par le Président Emmanuel Macron.
Des données à haute fréquence indiquant un moindre impact qu’au printemps
Pour réaliser ces prévisions et mesurer au plus près de la réalité les effets de la crise de la Covid19 et les conséquences des mesures de restriction sanitaire sur l’économie, l’INSEE a développé une série d’indicateurs innovants s’appuyant sur les recherches Google, les indicateurs de mobilité ou la fréquentation de certains lieux ou sites internet permettant de mesurer des signaux faibles de reprise ou au contraire de ralentissement de l’activité.
Ainsi, l’INSEE a pu faire la preuve que le deuxième confinement débuté il y a quelques semaines se montre beaucoup moins brutal que celui du printemps, avec un « indicateur de temps mensuel passé chez soi » en novembre supérieur de 15% à la normale, contre 28% en avril. De plus, si le trafic des poids lourds n’a lui même pas semblé connaître de baisse dans les dernières semaines (contre un effondrement de plus de la moitié au printemps), la chute de la mobilité générale a atteint environ 35% au mois de novembre, contre des pics à plus de 80% en avril. Le reflet de mesures sanitaires moins strictes et particulièrement de la possibilité donnée aux salariés de se rendre plus facilement au travail, ainsi que du maintien de l’ouverture des écoles.
Enfin, ces données à haute fréquence apportent quelques nouvelles encourageantes pour le niveau de la reprise à l’issue du confinement et dans la période des Fêtes, avec des « requêtes des mots « cinéma » et « théâtre » qui se sont relevées sensiblement à la fin du mois de novembre » et des recherches « restaurant », « hôtel », « vol » ou « train » en croissance lente mais continue depuis le milieu du mois de novembre. Alors que les commerces « non-essentiels » ont pu rouvrir leurs portes dans les derniers jours, il fait peu de doutes que ces données et les futures publications de conjoncture de l’INSEE vont être scrutées avec une particulière attention par le gouvernement et les acteurs économiques dans les prochaines semaines pour mesurer l’ampleur de la reprise ou les risques persistants sur l’activité et l’emploi.