Dans un contexte plus que morose pour l’économie turque depuis plusieurs mois, le gendre du Président Recep Tayyip Erdogan, Berat Albayrak, a annoncé sa démission de la tête du Ministère des Finances « pour des raisons de santé » alors que la livre poursuivait sa longue chute face au dollar et à l’euro. Le Président a l’espoir que le remaniement opéré puisse inverser la tendance d’une situation économique intérieure susceptible de menacer sa suprématie au pouvoir.
La valse qui s’opère dans les hautes sphères de l’économie turque ne semble pas être sans lien avec le résultat de l’élection présidentielle américaine sonnant le départ de Donald Trump, allié privilégié du régime d’Ankara.
Une démission aux raisons multiples
Cette démission annoncée par le gendre du Président sur Instagram le 8 novembre arrive en réactions à une succession de plusieurs événements, notamment le limogeage par M. Erdogan, tard vendredi, du gouverneur de la Banque centrale de Turquie (BCT), Murat Uysal. Ce dernier entretenait d’excellentes relations avec Berat Albayrak ce qui n’est pas le cas de son successeur Naci Agbal, par qui désormais passeront directement les décisions liées à l’économie selon le blog du journaliste Fehmi Koru. D’autres pensent que ces démissions sont liées à une volonté du Président Erdogan de contenter la future administration démocrate américaine, avec laquelle la Turquie souhaite nouer des relations aussi solides que sous la présidence de Trump.
L’économie turque en mauvaise posture
Le limogeage du président de la banque centrale signifierait selon les observateurs le retour d’une certaine orthodoxie économique imposée par son remplaçant, ce dont se réjouissent les investisseurs, comme l’indique le renchérissement de la livre turque de près de 5 points par rapport au dollar et à l’euro. Cet espoir d’amélioration est bienvenu dans une économie turque exsangue après des chutes répétées de la valeur de sa monnaie depuis maintenant 2 ans et demi. Chutes que la banque centrale a tenté d’éponger à coup de dizaines de milliards de dollars, sans grand succès. L’objectif dorénavant fixé par M. Agbal est de « parvenir à maintenir la stabilité des prix » tout en assurant davantage de « transparence, responsabilité et prédictibilité ».